Vendredi dernier, une bibliothèque s’est brûlée au Cameroun. A 85 ans environ, Benoit Mvondo Assam s’est éteint comme il a vécu. C’est-à-dire, dans la discrétion, la simplicité, l’humilité et la dignité.
Décédé le vendredi 21 septembre 2012 aux alentours de 23 heures sur un lit de l’hôpital général de Yaoundé, où il fut réadmis le même jour peu après 19 heures. Son corps s’y trouve gardé en ce moment, en attendant que la terre de Mvomeka’a (son village natal) où il sera enseveli dans les jours qui viennent, l’accueille.
Bien qu’il fût l’aîné d’un certain Paul Biya, non moins président de la République du Cameroun, et bien qu’il fût le chef de la grande famille Mvondo Assam, jamais il n’a utilisé sa position pour jouir de quelque privilège indu que ce soit. L’opinion nationale ne lui connait ni «affaires» ni «bien mal acquis», ni «trafic d’influence». J’en connais qui a sa place, se prendrait pour un président bis. Feu Benoît Mvondo Assam n’était pas fait de cette eau la.
Homme simple, les biens matériels n’exerçaient sur lui aucun attrait majeur. Le pouvoir temporel, encore moins. Il savait rester a sa place, et apprécier son rôle de gardien de la morale ancestrale, à Mvomeka’a où il résidait. A l’image de nos aïeux, l’amour et le respect de sa communauté ont été la raison de son existence. Que ne gagnerons-nous pas a nous inspirer de son style de vie!
Pour mémoire: le 4 juillet 2011, le regretté Benoît Mvondo Assam a été victime d’un terrible accident de voiture alors qu’il roulait sur l’axe Yaoundé- Mvomeka’a. Admis d’urgence à l’hôpital général de Yaoundé qui a pu stabiliser la situation, le diagnostic faisait état apprend-on d’un traumatisme du crâne et de la moelle épinière. Son cadet de président sera plusieurs fois aperçu à son chevet, peu avant la décision de son évacuation en France, à bord d’un avion médicalisé.
Après plus d’un mois sous soins intensifs à l’hôpital américain de Paris, le patriarche est affecté dans un Centre de rééducation au Nord de la France. Paul Biya et son épouse, une fois de plus, ont été à son chevet. Et notamment lors de leur dernier séjour privé européen. Le temps suit son cours normal, lorsque soudain et avec une rare insistance, Benoit Mvondo Assam manifeste le désir de rentrer au pays. Son entourage, qui n’y comprend que dalle, s’en étonne nerveusement. Mais, seul l’octogénaire mesure l’exacte signification de sa volonté. Maintenant, les humbles vivants que nous sommes en connaissons le fin mot: en bon patriarche africain, il savait certainement sa dernière heure venue et jugeait, dès lors, superfétatoire la médecine des Blancs face à la volonté du Seigneur tout puissant. Ses proches, paniqués, mettront un moment à accéder à son desideratum de retour. Un signe qui démontre que feu papa Benoit appartient à la lignée des patriarches que la mort ne surprend pas hors de son terroir: il décède le vendredi 21 septembre 2012, jour de son arrivée au Cameroun, terre de ses ancêtres et théâtre de ses joies et ses peines.
Affligé, le couple présidentiel a été samedi dernier s’incliner devant la dépouille de cet homme dont la vie est aussi instructive qu’un livre. Paul et Chantal Biya revenaient de ce pas d’une visite de réconfort dans le septentrion, où les eaux se sont déchaînées et ont noyé sous leurs flots des vies humaines et de nombreux biens. Il faut dire que le Cameroun n’a pas l’apanage de ces catastrophes naturelles qui endeuillent les familles à travers le monde. Un clic sur la toile suffit à s’en rendre compte, si besoin est. A l’occasion de cette tragédie nationale, l’on a vu, une fois de plus, le cœur du chef de l’Etat qu’accompagnait son épouse, rythme au diapason de son peuple sinistre.
Dure épreuve pour Biya bi Mvondo dont l’affliction prend une tournure à la fois nationale et familiale, depuis la disparition de son exemplaire aînée le journal La Météo adresse ses condoléances les plus attristées à la famille Mvondo Assam.
Dieudonné Mveng