Les islamistes qui contrôlent la ville de Tombouctou dans le Nord du Mali ont commencé jeudi à arrêter les femmes qui ne portent pas le voile et ont ordonné que toute femme rencontrée dans la rue tard le soir soit « conduite en prison », ont rapporté à
l’AFP différents habitants.
« Les islamistes sillonnent aujourd’hui (jeudi) le marché de la ville et arrêtent les filles qui ne portent pas le voile », a déclaré un habitant du quartier de Djinguerey Ber, El Mehdi Cissé, joint par téléphone depuis Bamako.
« Toute fille ou femme rencontrée dans la rue à partir de 23HOO sera conduite en prison et paiera une contravention », a ajouté El Mehdi Cissé, citant une des directives édictées par les islamistes d’Ansar Dine.
« Depuis hier soir, ils rendent visite à des imams pour leur dire que, désormais, toutes les filles doivent s’habiller décemment », a confirmé un habitant du quartier Bellah Farandi, Boubacar Yattara.
Les imams ont également été informés de la création d’une « prison pour femmes » et des différents montants d’amendes que les « contrevenants à la loi islamique » doivent payer, a précisé un religieux d’une des mosquées de la ville.
Dans la foulée du putsch militaire du 22 mars à Bamako, le nord du Mali est entièrement tombé sous le contrôle des groupes islamistes Ansar Dine (Défense de l’islam) et Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Amnesty International a dénoncé jeudi la multiplication des violences et châtiments corporels infligés par les islamistes dans le Nord du Mali, « au nom de leur interprétation de la charia »: exécution par lapidation d’un couple non marié, amputations de présumés voleurs, à la suite de « parodies de procès », flagellations de buveurs d’alcool ou de fumeurs.
Les islamistes d’Ansar Dine ont également démoli la majorité des mausolées des saints musulmans de la cité de Tombouctou, qui était aux XVe et XVIe siècles une capitale intellectuelle et spirituelle, haut lieu de la diffusion de la culture islamique en Afrique.
*Le Titre est de la rédaction