Phénomène musical du moment et au cœur d’une bataille entre ses fans et ses pourfendeurs, Nyangono Du Sud livre les clés de son succès. LeBledparle.com vous propose l’Interview de l’auteur de « Ça a déjà commencé » accordée au quotidien Mutations.
Vous vivez actuellement une expérience incroyable. Comment accueillez-vous ce succès ?
J’accueille cela comme n’importe quelle personne l’accueillerait. C’est-à-dire que je suis très content de ce qui m’arrive.
Il existe pourtant des mélomanes, des artistes, des critiques musicaux qui estiment que votre musique n’est pas de bonne qualité et que vous ne devriez pas être célébré. Que leur répondez-vous ?
Je sais ce que je fais. J’ai conçu cette musique et je sais que c’est bien. Moi je ne suis pas un très grand chanteur à la base. Je le sais. Mais s’il fallait même parler du chant, je dirais que les artistes camerounais sont plutôt de grands animateurs. Parce que s’il faut réellement prendre la chanson au sens strict du terme, lorsque je vois une femme comme Whitney Houston, il y a quel artiste camerounais qui peut chanter comme elle ? Moi je chante à mon niveau et j’ai mon style qui se chante comme vous entendez et je transmets beaucoup de messages, surtout à la jeunesse.
Maintenant je dois avouer qu’il existe certaines personnes sur terre qui sont là uniquement pour critiquer. Au dernier spectacle organisé par MTN, j’ai envie de demander quel est l’artiste qui a autant mis le show que moi. Voilà. Qui vous dit que Nyangono n’a pas le niveau ? Il y a un artiste de la dimension de Tenor qui est monté sur scène pour me retrouver. C’est rare de voir ça.
Vous parlez de style. Pourquoi avoir choisi ce look (main gantée, lunettes fumées, etc.)
Dans la musique, il y a le chant, le look et le rythme. J’ai mis tout ça ensemble, je l’ai conçu. Je n’ai pas triché. J’ai fait ce dans quoi je me sens à l’aise. Pour ce qui est de mon accoutrement, j’aime bien m’habiller comme vous me voyez souvent. C’est pour être à l’aise sur la scène.
Vous dites avoir créé un style qui est le « Foup fap ». Mais c’est quoi le « Foup fap » ?
« Foup fap. C’est comme on peut dire makossa, bikutsi, reggae. C’est juste un nom que j’ai voulu donner à mon pas de danse.
Comment votre famille vit votre ascension sur le plan musical ?
Au départ, ma femme n’était pas très intéressée. Mais je suis un sportif. J’encadre et je pratique. J’ai donc l’esprit sportif. Quand un sportif a un objectif, il fait tout pour l’atteindre. Je ne cherche pas trop à savoir si ma femme et mes enfants sont d’accord ou pas avec ce que je fais. Je le fais d’abord pour mon épanouissement.
Comment vous entrez en contact avec la musique ?
Je suis une personne terrible ! (Rires). Puisque quand j’étais tout jeune, je fabriquais déjà moi-même mes instruments. Comme le Mvet et les balafons. Donc, je suis un passionné de musique. Je vous assure, j’aime beaucoup la musique. Quand j’étais tout petit, il y avait certains vieux musiciens qui venaient de temps en temps jouer de leurs instruments à côté de moi.
Il y a plus d’une trentaine d’années, certains établissements qui organisaient leurs kermesses à Ebolowa m’invitaient pour animer. A l’époque, j’avais un petit matériel avec deux baffles moyens qui jouaient de la musique où je travaillais. On me sollicitait aussi pour animer des soirées. A l’époque, je ne maîtrisais pas bien l’animation parce que j’étais encore très jeune. Mais je me battais quand-même. J’animais comme un Dj.
Parlons un peu de votre page Facebook et votre compte Twitter. Chaque post, généralement drôle, comporte systématiquement des fautes. Pourquoi ?
Moi je suis un Camerounais et je vis au Cameroun. Quand je m’exprime, vous me comprenez. N’est-ce pas ? Même si de temps en temps, à la place du féminin, je mets le masculin. Tout au long de la journée, dans le cadre de mes activités, je m’exprime toujours en faux-français pour me faire comprendre par mes collaborateurs et mes patrons qui ne sont pas des Camerounais et qui ne comprennent même pas bien français. C’est pour le travail. Mais je me fais comprendre malgré tout. Et le français n’est pas ma langue maternelle.
Etes-vous sous contrat avec une maison de production ?
Je m’autoproduis. Je travaille aussi avec une petite équipe qui me conseille pour ma communication et pour la gestion des spectacles.
On vous a vu réclamer une nomination avec insistance au Canal d’Or. Pourquoi ?
Au départ, j’avais voulu être parmi les nominés pour être plus populaire et être plus connu dans le monde musical. Mais maintenant que j’ai fait un album que les gens ont aimé, sans aucune promotion, je peux vous dire que je n’ai plus trop soif de ce Canal d’Or. Je suis en train de connaître un vrai succès alors que même un seul clip je n’ai pas encore fait. C’est en rentrant d’un spectacle un jour que je me suis arrêté pour faire ce qui est diffusé actuellement (rires). Je ne vous fais pas marcher, je suis très sérieux !
Lors de la finale du Concours Miss Cameroun 2017, vous avez presté devant la première dame. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?
C’est depuis ce jour que mon étoile a commencé à briller. Dès que j’ai fini ma prestation, mon cœur était dans une joie immense et c’est à partir de là que mon succès a commencé. Au début, les gens ont commencé à me critiquer, disant que mes danseuses ne savent pas danser, etc. Mais c’est juste parce qu’ils ne comprenaient même pas bien le rythme et le pas de danse que j’avais prévu ce jour-là. Parce qu’il y a une danseuse qui s’est retournée et a dansé de dos. Les spectateurs n’ont pas compris que c’était un pas recommandé par moi-même (rires).
Vos danseuses participent également à votre succès. Comment fait-on pour devenir la danseuse de Nyangono ?
Je ne fais plus de casting. Je fonctionne avec ces danseuses depuis très longtemps. Nous nous sommes connus il y a de cela plus d’une dizaine d’années. Et nous avons toujours eu à prester ensemble.
Nyangono du Sud, il se dit que plutôt que de vous faire payer pour offrir une prestation, c’est plutôt vous qui payez pour chanter. Est-ce que c’est vrai ?
(Rires). Je fais la musique par passion. Mais je voudrais aussi gagner un peu d’argent en faisant ma musique. Cela dit, j’ai déjà eu à faire des spectacles où on ne me paye pas comme cela se devrait. Sauf que parfois on preste juste pour faire son autopromotion. Si je n’avais pas chanté à plusieurs reprises devant un public, on ne m’aurait jamais connu. Si j’avais commencé à revendiquer de l’argent avant de prester, le public ne m’aurait jamais connu. Donc, il y a eu des fois où on ne m’a pas payé suffisamment. Mais on nous donne quand même ce qu’il faut pour payer le taxi et rentrer.
On constate qu’il y a beaucoup de jeunes artistes (Tenor, Blanche Bailly, Mani Bella, etc.) qui vous apportent leur soutien sur les réseaux sociaux…
Je tiens d’abord à remercier cet enfant qui s’appelle Tenor. Je dis aussi merci à Moustik Karismatik et tous ceux qui m’apportent ce soutien de près ou de loin. Je n’ai pas de relation directe avec eux, mais ils m’ont seulement aimé comme ça, à cause de ce que je fais. Et ils m’ont aussi donné un coup de main qui me propulse beaucoup aujourd’hui. Ce soutien n’a pas commencé maintenant en réalité. Je suis soutenu depuis longtemps par diverses personnes.
Comment réussissez-vous à allier la vie de commerçant à celle de star ?
Je me suis toujours organisé. Je fais chaque chose en son temps. Dans la journée, j’ai mon travail quotidien. Et je travaille sur les spectacles et les albums en nocturne.
Vous ne dormez pas ?
Je dors quand même. Pas beaucoup, mais je dors. Je me couche généralement à 02h du matin, quasiment tous les jours, et je me lève vers 05hpour faire du sport.
Vous êtes un grand sportif…
Oui. Je participe d’ailleurs aux compétitions, comme l’ascension du Mont-Cameroun. Je fais beaucoup de courses de fond. Je suis également le président de la ligue régionale d’athlétisme du Sud. Je voulais également signaler que j’ai cinq téléfilms à mon actif. Ce sont des courts-métrages et j’y joue aussi. Mais faute de promotion et d’argent, ces productions ne sont pas très connues.
L’album sera officiellement disponible quand ?
Je vais bientôt organiser une soirée pour présenter cet album.