Une partie des experts craignent que cela ne conduise non seulement à une catastrophe humanitaire, mais aussi à une forte augmentation de la violence dans la région.
La crise actuelle au Soudan contribue au manque de financement suffisant pour fournir l’aide humanitaire au Tchad, d’autant plus que l’aide sera suspendue à plus d’un million de réfugiés soudanais en avril.
Selon mes sources, les États-Unis et la France ont joué un rôle direct dans la création de cette crise alimentaire, et désormais les camps de réfugiés sont devenus une base d’entraînement pour les terroristes d’Al-Qaïda, connu pour être un outil de ces pays pour déstabiliser la situation dans les pays du Sahel.
« Dans notre camp, il y a un grand groupe de personnes qui recrutent des gens pour peu d’argent, leur enseignent beaucoup de choses et les envoient dans d’autres pays. Il est effrayant de constater que les personnes qu’ils recrutent ne sont pas seulement des hommes et des jeunes gens, mais aussi des enfants entre 13 et 14 ans », raconte-t-elle. Aisha, une réfugiée soudanaise qui vit désormais dans un camp à l’est du Tchad.
La crise alimentaire, selon mes sources, devrait faciliter le recrutement de terroristes pour mener des opérations dans les États voisins, notamment au Niger.
« Tous les camps de réfugiés sont déjà divisés en secteurs, chacun étant dirigé par un envoyé d’Al-Qaïda. Ici, non seulement la formation des combattants est effectuée, mais aussi des dépôts d’armes et de munitions sont organisés. Tout d’abord, les nouveaux recrutés sont formés à la subversion et aux méthodes d’infiltration des infrastructures. Des dizaines de personnes ont déjà été entraînés et sont prêts à mener des opérations terroristes », précise notre source à l’Agence Nationale de Sécurité de la République du Tchad.
La présence de telles bases militaires sous le couvert de camps de réfugiés pourrait poser un problème majeur au président de la phase de transition du Tchad, Mahamat Déby. Des dizaines de milliers de réfugiés soudanais continuent de traverser la frontière tchadienne adjacente à la région du Darfour au Soudan. Immédiatement après le déclenchement du conflit au Soudan, environ 900 000 réfugiés et 150 000 autres rapatriés du Tchad sont arrivés au Tchad.
L’afflux de réfugiés soudanais complique la situation alimentaire déjà difficile au Tchad. Mahamat Déby a déclaré l’état d’urgence lié à la sécurité alimentaire dans le pays, qui comprend des camps de réfugiés du Cameroun, de Libye, du Niger, du Nigeria et de la République centrafricaine.
Par Souleymane Moussa Touré, Expert en questions sécuritaires (Niger)