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Chaque fois que j’ai soutenu cette thèse, il y’a surtout des africains qui apportent la contradiction en balançant des noms et des titres que Thomas Nkono n’aurait pas eu. Mais pour mieux saisir la portée de cette idée que je porte avec conviction, il faut rentrer totalement dans le contexte de cette époque. Une précision importante et pas du tout négligeable. Dans l’histoire du football mondial, seuls trous gardiens de buts ont pu décrocher le Bellon d’Or à l’échelle continentale: le russe Lev Yachine, le marocain Badou Zaki et le Camerounais Thomas Nkono, le seul au monde à l’avoir eu à deux reprises (1979 et 1982). Pourquoi évoquer le Ballon d’or, parce que c’est une distinction qui est plus attribuée aux joueurs qui font plus des coups d’éclat que d’autres , c’est-à-dire retiennent l’attention de tous et font gagner leurs équipes. C’est pourquoi les joueurs offensifs écrasent ces distinctions. Les défenseurs se comptent au bout des doigts et quand on l’attribue à un gardien de but, à deux reprises en plus, dans un continent qui à ce moment précis pullule d’attaquants de très haut vol, il faut se lever et se mettre au garde-à-vous !
Aujourd’hui et un peu plus avant, voir les Jacques Songo’o, Idriss Carlos Kameni et autres évoluer dans un championnat espagnol, peut être banal. Mais en 1982, c’était un exploit! Parce que le racisme était le pain quotidien. Dans les pays comme la France ou l’Angleterre c’était moins rude et encore! Mais voir un club de premier rang comme l’Espagnol de Barcelone confier ses cages à un gardien africain, veut dire que sa performance avait réussi à mettre tous les préjugés entre parenthèses.
Maintenant, allons sur le palmarès de Lev Yachine qui aurait permis à la Fifa de le désigner meilleur gardien du siècle dernier. Il a gagné avec l‘URSS, le Championnat d’Europe en 1960 et Vice-Champion en 1964. Thomas Nkono est champion d’Afrique en 1984 et finaliste en 1986. Yachine n’a gagné aucune Coupe d’Europe avec son historique club Dynamo Moscou. Thomas Nkono a gagné Trois Coupes d’Afrique avec le Canon de Yaoundé, dont deux coupes des clubs champions et une coupe des Vainqueurs de coupe. Et je vous fait grâce des titres de champions et d’autres trophées avec le Canon. Thomas Nkono n’est pas le seul africain qui a joué dans un club européen. Combien à qui on a « abandonné » un poste d’entraîneur dans un club sans songer à le remplacer ? À ce niveau, la reconnaissance ne suffit plus. Il faut de la compétence. Arrêtez les complexes véhiculés par la puissance médiatique étrangère. Thomas Nkono est le meilleur gardien de but de l’histoire du football mondial ! C’est par là que commence la vraie décolonisation.
Martin Camus MIMB