Mathias Owona Nguini, politologue et chercheur à la fondation Paul Ango ELA dans un poste sur son mur Facebook cette après-midi du 9 février 2019, analyse la situation sociopolitique du Cameroun et propose les pistes de sortie du tribalisme qui tend à s’installer au Cameroun.
Ci-après, l’analyse d’Owona Nguini sur les rivalités tribales en gestation dans notre pays
On ne peut pas gérer une société plurale dans le sens de la sérénité collective comme la formation sociale camerounaise, si l’on n’intègre pas de manière explicite et réflexive la nécessité d’une domestication transversale de(s) différents niveaux de tension (inter)communautaire.
Pour pouvoir assurer la gestion adéquate autant qu’adaptée des relations intercommunautaires dans une société plurale comme le Cameroun, il importe de faire la lumière sur les conflits qui peuvent intervenir dans le cours souverain et sociétal de ce pays. C’est en procédant de la sorte que l’on peut mettre en évidence l’orientation, la direction et l’évolution des frictions et tensions identitaires/communautaires qui existent nécessairement dans un pays abritant différentes communautés configurées en autant de sous-cultures plus ou moins conformes au consensus social.
Il n’est pas étonnant qu’il y ait des conflits intercommunautaires dans des sociétés plurales lesquelles sont typiquement des sociétés pluricommunautaires et multicommunautaires. Cela ne saurait alors étonner ni légitimer de vraies controverses. Dans cette optique, il s’agit de ne pas sous-estimer ou surestimer les clivages sociaux qui se forment sur la base des affects et percepts identitaires/communautaires.
Il est question donc de ne pas procéder à une sur- dramatisation de ce type de clivages. Pour ce faire, une pédagogie sociale et culturelle est nécessaire pour faire comprendre que les conflits intercommunautaires sont d’abord l’effet des conditions et configurations de contact et/ou de cohabitation entre groupes communautaires. Dès que cela est compris, on peut aborder les différents niveaux de tension inter- commun au taire sans les appréhender dans la logique du tabou.
Il convient effectivement d’avoir la capacité de maintenir une position réflexive dans l’examen des frictions et des tensions intercommunautaires. Cela permet alors d’observer les contextes institutionnels et organisationnels dans lesquels lesdites frictions et tensions intercommunautaires se forment et se développent. Une telle démarche permet de comprendre que les conflits intercommunautaires n’ont pas le même niveau d’intensité et de gravité et qu’ils appellent des solutions différenciées. Il convient alors de bien définir les techniques et technologies de gestion et de régulation de ces clivages. Dans cette optique, il est question de prendre explicitement en charge ces clivages dans le souci de les atténuer ou de les diminuer voire de les supprimer. Pour ce faire, il est important de savoir et pouvoir identifier ou classifier les niveaux de conflictualité communautaire.