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« Panama papers » : Mossack Fonseca abuse du nom de la Croix-Rouge pour cacher de l’argent sale

Croix rouge

L’identité de l’organisation humanitaire basée en Suisse est utilisée pour cacher de l’argent sale. C’est ce que révèlent les « Panama papers » : des centaines d’hommes d’affaires abusent de la réputation de la Croix-Rouge pour rester au-dessus de tout soupçon. « C’est un risque énorme pour le CICR », réagit son président Peter Maurer, en apprenant l’existence et l’ampleur de cette usurpation.

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Crédit: Fabrice COFFRINI / AFP

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), fondé en 1863 à Genève, se déploie dans le monde entier pour venir en aide aux victimes de conflits. Avec plus de 10 000 employés, il est en ce moment très engagé en Syrie, en Irak, en Ukraine, en Afghanistan, au Soudan du Sud ou au Nigeria. Tous les jours, ses employés risquent leur vie pour en sauver d’autres. Le simple nom du CICR et son emblème de la croix rouge sur fond blanc suffisent souvent à les protéger. Tout autour du globe, il est le symbole de neutralité, indépendance et intégrité.

« Comme ça, c’est plus simple »

Le prestataire de services offshore Mossack Fonseca en a même fait un gros business. La firme panaméenne met à disposition de ses clients deux fondations : la Brotherhood Foundation et la Faith Foundation. Ces dernières peuvent être utilisées par les clients pour détenir les actions de leurs sociétés offshore. Pourquoi ? Une telle fondation, qui n’a pas d’actionnaires, permet notamment de masquer qui se cache derrière un compte bancaire.

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Ce service a eu un franc succès. Selon les documents consultés, environ 500 sociétés utilisent une de ces deux fondations. Ces dernières ont un ayant droit économique un peu particulier : pour ne pas éveiller de soupçon, MF a simplement inscrit la Croix-Rouge dans ce rôle. Grâce à ce montage, les noms des propriétaires restent cachés, et l’aura de l’ONG les protège des regards suspicieux.

Mossack Fonseca a même préparé un certificat « généralement utilisé dans ces cas-là », explique une employée dans un e-mail en 2008. Elle précise que le document désigne « l’organisation humanitaire nommée The International Red Cross » comme bénéficiaire de la Faith Foundation. Un document du 10 mars 2011 donne carrément l’adresse : « 19 Avenue de la Paix, CH — 1202 Geneva, Switzerland ». Soit la véritable adresse du CICR.

Un autre courriel de la firme panaméenne livre benoîtement la raison véritable de tout cet embrouillamini : « Comme les banques et les instituts financiers sont aujourd’hui tenus d’obtenir des informations sur les bénéficiaires économiques finaux, il est devenu difficile pour nous de ne pas divulguer l’identité de ceux de la Faith Foundation. C’est pourquoi nous avons mis en place cette structure désignant l’International Red Cross. Comme ça, c’est plus simple. »

Le prestataire de services offshore précise qu’il n’a pas l’obligation d’informer la Croix-Rouge du rôle qu’elle joue malgré elle dans ces centaines de sociétés offshore. « Selon la législation de Panama, les bénéficiaires d’une fondation peuvent être utilisés sans le savoir, indique un employé de MF dans un e-mail interne. Cela signifie que la Croix-Rouge internationale n’a pas conscience de cet arrangement. » D’après les données des Panama Papers, ce système a été utilisé à plusieurs reprises pour cacher des avoirs recherchés par les autorités ou de l’argent soupçonné d’être le produit d’activités criminelles.

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