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Patrice Nganang : « C’est très grave quand les victimes anglophones désavouent Maurice Kamto »

Ngananga Kamto

L’écrivain Patrice Nganang fait un commentaire de la lettre écrite par Sisiku Ayuk Tabe, depuis la prison centrale de Kondengui.

Ngananga Kamto
Patrice Nganag (c) Droits réservés

Sur sa page Facebook, Patrice Nganang soutint que « Sisiku Ayuk Tabe ne peut pas écrire une lettre comme celle venue de Kondengui parce que sa parole est présidentielle – Kamto en sait quelque chose lui qui se dit élu, et par pur calcul politicien il a prononcé son nom plusieurs fois depuis Montreal ».

Pour lui, « Le désaveu est donc venu de Wilfried Tassang, celui qui était déjà au cœur du Consortium lors du lancement de la crise anglophone ».

 Lebledparle.com vous propose l’intégralité de Patrice Nganang.

 

Sisiku Ayuk Tabe ne peut pas écrire une lettre comme celle venue de Kondengui parce que sa parole est présidentielle – Kamto en sait quelque chose lui qui se dit élu, et par pur calcul politicien il a prononcé son nom plusieurs fois depuis Montreal.

Après avoir lu uniquement le nom des prisonniers du MRC (sinon Francophones), à Paris, alors que les Mancho Bibixy, Terrence Penn, Conrad Tsi sont en prison pour avoir marché en novembre 2016. Oui, 2016.

Le désaveu est donc venu de Wilfried Tassang, celui qui était déjà au cœur du Consortium lors du lancement de la crise anglophone, en novembre 2016, à Buea, qui tenait la branche des écoles, des enseignants donc, et sur la responsabilité de qui repose le boycott des écoles qui fonctionne encore – boycott qui a tout lancé en fait, en embrasant le terrain comme les avocats derrière Agbor Balla étaient incapables de le faire.

Le désaveu de Maurice Kamto par Tassang est donc épique et fondamental, car c’est lui qui avec Agbor Balla, tenait les rênes de la crise anglophone de 2016 à 2017, avant son exil, et sa prise en charge de la bataille anglophone, par le SCACUF, avant évidement que Ayuk Tabe ne soit adoubé comme président à sa place. Sa plume est politiquement lourde, parce que celle de la longue bataille anglophone – il fut arrêté au Nigeria avec Ayuk Tabe.

Le plus important cependant est que, c’est la victime ici qui parle, la victime autant que le politicien – pour désavouer Maurice Kamto qui avait déjà, de sa propre initiative, chassé les Anglophones venus le rencontrer à Toronto. En même temps, Tassang révèle qu’a Kondengui, c’est sous l’initiative de Kamto que Sisiku Ayuk Tabe et lui, étaient venus rencontrer Kamto – formellement donc.

Tentative de manipulation des Anglophones par Kamto qui ne croit pas que la bataille anglophone soit légitime, et les résultats sont là, devant nous tous. Si cependant ce désaveu qui vient de Kondengui est profond, il balaie aussi le boycott aux élections que Maurice Kamto utilise comme arme politique – car après tout, ce sont les Anglophones qui perdent leurs vies, qui ont perdu leurs vies, à cause du boycott aux élections, alors que les militants du MRC ne marchent même plus depuis le… 26 janvier 2019.

Victimes, les Anglophones sont donc le seul, je dis bien le seul squelette politique de la bataille qui se passe dans notre pays. C’est une manière de dire que, moralement et politiquement, les Anglophones sont en train de retirer à Maurice Kamto ce qui lui aurait été la seule réponse dans ses discussions internationales sur la question camerounaise.

Car la guerre au NOSO, est bel et bien la seule chose qui fasse que l’on parle vraiment du Cameroun à l’international, comme étant un problème. Il est important de dire ces choses, parce que la politique n’est pas un jeu d’enfants.

Les nouvelles qui me parviennent me disent que les Etats-Unis se retrouvent isolés en Occident devant des pays comme l’Angleterre et l’Allemagne qui ont décidé par réalisme, de donner au gouvernement camerounais une chance: le Grand Dialogue National, les élections qui ont eu lieu, en pleine période de guerre, sans être sanglantes comme on croyait, ou comme on voit dans d’autres pays, font que les pays occidentaux se disent que la crise anglophone est en train d’être gérée, tout en reconnaissant que c’est elle, la crise anglophone donc, le problème qui se pose dans notre pays aujourd’hui.

La question est celle de savoir qui a la légitimité pour parler de la crise anglophone – celle donc qui fait que les Occidentaux puissent peser de leur balance sur le pouvoir camerounais, ou au mieux le pousser vers la porte. Qui a la légitimité pour parler de la crise anglophone ?

Le mot de Wilfried Tassang est clair : Kamto n’a aucune légitimité pour parler au nom des Anglophones devant les Occidentaux. Qu’en est-il du boycott : a-t-il plus de légitimité d’en parler que, disons par exemple, Ayaba Cho dont les soldats de l’ADF ont investi le terrain au NOSO, rendant les élections effectivement impossibles ? Que Field Marshall ? La réponse est évidente ici. C’est non.

Je pense que Maurice Kamto sous-estime le sang des Camerounais – depuis février 2008, et il était alors vice-ministre de la justice. Je pense en fait qu’il n’a pas de respect pour la vie des Camerounais – et donc, pour la justice à rendre aux victimes. C’est une question de caractère – bahat. Ça commence à lui revenir à la figure, et c’est une bonne chose – hybris.

La question la plus urgente de notre pays c’est en effet la Justice, la justice et la justice. Maurice Kamto n’a jamais eu le courage de prononcer le mot ‘génocide’ en se référant au Cameroun, depuis sa sortie de prison. Nulle personne ne peut le remarquer plus clairement que la victime – Anglophone -, et surtout trouver extraordinaire qu’il, que Kamto donc, essaye d’établir une distinction entre les bons et les mauvais Anglophones – comme le gouvernement de Biya.

Entre donc, les bons Anglophones – Chris Fomunyoh, Éric Chinje -, avec qui il peut discuter, et les mauvais Anglophones – Samuel Sako Ikome, etc. -, avec qui il ne discuterait jamais, bien que tous habitent dans le même voisinage aux USA et se parlent peut-être. Etablir une distinction entre Anglophones est cruels, est méchant, je l’ai toujours dit, car même les Anglophones modérés, ont des parents, des villages, détruits.

Le bon cœur ne connait pas de limite, la justice non plus. L’avocat ne demande pas si le criminel a commis un crime avant de le défendre- il fait son travail. La faute de Maurice Kamto devant les Anglophones n’est pas seulement humaine, elle est morale et surtout elle est politique. Qui n’a pas de réponse à la guerre au NOSO aujourd’hui, qui en plus est désavoué par les victimes, n’a plus de place dans la scène publique. Vous avez bien lu : it is over.


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