Au moment où l’intégrité territoriale du Cameroun est menacée de toutes parts, les forces de sécurité, grâce aux efforts conjugués des services de renseignement et de la police viennent de mettre la main sur l’une des menaces les plus lourdes qui pesaient sur la sécurité du pays et du régime en place: un certain Patrice Nganang.
Ce dangereux personnage est, selon le Code Pénal, coupable «d’outrage» au président de la république. C’est très grave…Notre président victime d’outrage. «Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie!»…
L’outrage, disons-le, est lourd. D’autant plus qu’il a pour victime le gardien des institutions, le chef de l’État.
Mais il y a un outrage plus fort: c’est celui dont sont victimes plus de vingt millions de camerounais, de la part de cet homme qui est leur chef depuis bientôt quarante ans. Dans une république, tant d’années au pouvoir, c’est déjà un outrage. Mais le plus grave, ce sont les incuries notoires qui concernent nos vies quotidiennes et dont la dernière, c’est l’absence du basique vaccin Bcg dans notre pays.
Au delà de l’outrage, il y a l’insulte à l’intelligence des Camerounais, cette ambition que nous voyons tous poindre, cette envie, dès l’année prochaine, de se faire élire pour un énième mandat. Ah oui, sept ans encore! Les camerounais vont en reprendre pour sept ans…Avec ce système, qui pour se maintenir, garde le pays et ses hommes les pieds dans les sables mouvants des ‘immobilismes à la camerounaise.
Sous les yeux de tous, un pays se meurt. Et menace d’imploser. Et ses dirigeants, tels les passagers de Première du Titanic, continuent à commander du Champagne au bar, alors que les cales du navire sont déjà envahies.
On accuse aussi la belle prise de nos services de sécurité, «d’immigration illegale»: selon toute vraisemblance, on aurait découvert sur ce dangereux personnage, deux passeports. C’est la révélation crue d’incongruité et de la vaste hypocrisie camerounaise au sujet de la question de la double nationalité.
Ces petits arrangements, s’ils sont regardés de près concerneront tellement de hauts responsables du Système, et même parmi les plus insoupçonnés. Entre ceux qui veulent se faciliter tout simplement la vie et les rats qui s’apprêtent à quitter le navire, il y a du beau monde qui tombe sous le coup d’une loi aussi anachronique que contre productive. Mais ce contournement généralisé est révélateur d’une réalité de la vie camerounaise: l’hypocrisie généralisée, sur la question du «Chef» et de la modalité par laquelle il devra -fatalement- céder un jour le pouvoir suprême.
Revenons à Patrice Nganang: il paraît qu’on cherche à lui infliger une punition exemplaire. Pourquoi ne pas lui « mettre une balle entre les deux yeux»?