Le feuilleton relatif à la gestion des fonds destinés à la riposte contre le coronavirus au Cameroun est loin de connaitre sa chute. Paul Biya à travers le ministre d’État, Secrétaire général à la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh vient d’instruire le secrétaire général des services du Premier ministre de demander aux structures ayant bénéficié des fonds Covid-19, « de faire le point à date de l’usage de ces fonds ».
« D’ordre de monsieur le président de la République, j’ai l’honneur de vous demander d’instruire les structures ayant bénéficié des fonds Covid, dans le cadre de la riposte contre la pandémie, de faire le point à date de ces fonds, accompagné de justificatifs y relatifs. Vous voulez bien rendre compte dans les meilleurs délais, de l’exécution de cette instruction, pour haute information du chef de l’Etat », peut-on lire dans la correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh.
Depuis le mois d’aout 2020, les soupçons de malversations des fonds alloués à la riposte contre le coronavirus agitent l’opinion et cette dernière exige depuis lors, des comptes. En cette période le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute avait commandé une enquête sur la gestion de ces fonds.
René Sadi s’était lavé les mains…
René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication, avait réagi promptement à ces accusations pour défendre son image.
Cité par un journaliste dans l’affaire de détournements de fonds dédiés à la lutte contre le Covid-19, le porte-parole du gouvernement s’était fendu d’une mise au point rendue publique le 4 août 2020, pour clarifier la situation. Un document de quatre pages au style soigné et aux mots policés, dans lequel l’intéressé rejetait en bloc, les accusations proférées contre lui, tout en levant un voile sur le sort réservé à ces fonds qui s’élèvent à plusieurs milliards de francs CFA.
« Le ministère de la Communication n’a reçu aucun autre financement que les 100 millions de francs CFA [152 000 euros – NDLR] octroyés par le Premier ministre à la fin du mois de mars, (…) ce qui se situe très loin des 8 milliards de francs CFA allégués par ce journaliste », indiquait la note signée du secrétaire général dudit département ministériel Félix Zogo.
Le ministre de la Santé, la cible principale ?
Les révélations de Jean-Michel Nintcheu ont attiré l’attention des citoyens sur la gestion de ces fonds au sein du ministère en charge de la Santé au Cameroun. Ces derniers à leur tour, se sont mis à questionner l’usage fait des dons en nature d’entreprises, notamment celui du stock de 4 000 sacs de riz dédié aux couches défavorisées.
Au centre de toutes les attentions, le ministre de la Santé publique joue depuis la carte de la transparence. Manaouda Malachie s’est tout d’abord déchargé de la gestion des dons en nature en indiquant qu’ils ont été dispatchés « aux dix gouverneurs de région, avec toutes les décharges nécessaires ». Il a par la suite rendu publique le bilan des contributions au fonds de solidarité lancé par Paul Biya, ainsi qu’un état des dépenses.