Paul Chouta, son ami d’enfance touché par son décès, lui a rendu un hommage à travers un texte publié sur sa page. Il indexe la route. « C’est douloureux de voir un jeune brillant, talentueux et plein d’avenir s’en aller aussi brutalement à la fleur de l’âge. Cabrel Nanjip, si Nganou Djoumessi et le régime en place avaient déjà achevé l’autoroute Douala-Yaoundé ce que tu n’es certainement pas parti prématurément comme des milliers de Camerounais qui laissent leur vie sur cet axe », écrit-il, comme l’a noté Lebledparle.com.
𝐂𝐀𝐁𝐑𝐄𝐋 𝐍𝐀𝐍𝐉𝐈𝐏 𝐂𝐄 𝐍’𝐄𝐒𝐓 𝐏𝐀𝐒 𝐂𝐄 𝐐𝐔𝐄 𝐓𝐔 𝐌’𝐀𝐕𝐀𝐈𝐒 𝐃𝐈𝐓
Mort qui es-tu ?
J’ai appris avec douleur le décès de mon frère Cabrel Nanjip des suites d’un grave accident survenu tôt ce jeudi sur l’axe Douala-Yaoundé plus précisément entre Pouma et Edéa ce matin.
C’est un jeudi noir à Bangangté en ce moment. La consternation et la désolation s’abattent dans le chef-lieu du département aux trois lettres (NDE), son village natal.
Cabrel Nanjip, plusieurs jeunes de notre génération et moi avions tous passé notre enfance à Bangangté où nous avons laissé nos marques.
Je me souviens, déjà au lycée classique de Bangangté, Cabrel était passionné par le showbiz. Lorsque je me faisais appeler Douk Saga en reprenant les chansons du vrai feu Douk Saga, Cabrel Nanjip quant à lui reprenait celles des Youle de la Cote d’ivoire. Après l’obtention de son baccalauréat, il s’en va à l’université de Douala où il décide de faire la comédie à travers laquelle il s’est hissé au firmament. Dans ses débuts, il ne manquait sans cesse de me solliciter pour faire la promotion de ses œuvres à travers mes pages Facebook -ce que j’acceptais avec plaisir.
Pendant nos échanges et discussions, je voyais en lui un jeune déterminé à réussir par le travail et rien que le travail, car ayant été formé par sa maman « Tata Claire » qui vendait les beignets pour financer les études de ses enfants. Plusieurs fois nous nous rencontrions pour épiloguer sur nos projets. Après notre entrevue à l’Opium de Bonamoussadi à Douala en présence de Essome, le gérant de ce Snack qui nous avait fait l’honneur de nous offrir une bouteille de vin, Cabrel Nanjip et moi on se revoit pour la dernière fois à Bangangté, au complexe Eugénie en 2021. À l’aurore de 2022, il me contacte via WhatsApp pour solliciter mon avis sur son titre « C’est Grave Ici » qu’il était en train de préparer. Bien évidemment c’était un bon nectar et je le lui ai fait savoir. Après mon enlèvement en mars 2022 où j’ai été laissé pour mort, Cabrel me laisse le message suivant : < 𝐹𝑟𝑒́𝑟𝑜. 𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑐𝑒 𝑛’𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑒𝑛𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒́ 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑒 𝑛’𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑚𝑜𝑟𝑡. 𝐿𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝐵𝑎𝑛𝑔𝑎𝑛𝑔𝑡𝑒́ 𝑣𝑒𝑖𝑙𝑙𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖. 𝑇𝑢 𝑎𝑠 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑚𝑜𝑛 𝑠𝑜𝑢𝑡𝑖𝑒𝑛. 𝐿𝑒̀𝑣𝑒 𝑡𝑜𝑖 𝑒𝑡 𝑑𝑒́𝑚𝑎𝑟𝑟𝑒 𝑡𝑜𝑛 𝑇𝐺𝑉 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑖𝑛𝑓𝑜𝑟𝑚𝑒𝑟 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑡𝑢 𝑠𝑎𝑖𝑠 𝑙𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒. 𝑁’𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒 𝑝𝑎𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑚𝑏𝑎𝑠𝑠𝑎𝑑𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑢 𝑣𝑖𝑙𝑙𝑎𝑔𝑒 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑑𝑒𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑦 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟𝑛𝑒𝑟 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑛𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑔𝑖𝑏𝑒𝑐𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑝𝑙𝑒𝑖𝑛𝑒 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑣𝑖𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑜𝑛 𝑠’𝑒𝑠𝑡 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑖𝑠. 𝑃𝑟𝑜𝑚𝑝𝑡 𝑟𝑒́𝑡𝑎𝑏𝑙𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑁𝑧𝑜𝑢𝑝 𝑁𝑧𝑢𝑖!>>
Un jour il, me chuchote qu’il se battra pour rendre sa maman « Tata Claire » que tout le monde connait à Bangangté, heureuse.
Issu d’une famille modeste comme la mienne, Cabrel Nanjip n’avais qu’elle seul rêve : Se battre et réussir pour faire la fierté de sa famille et des siens. Il savait qu’il fallait mouiller le maillot contre vents et marées pour tirer son épingle du jeu dans un pays où aucun pronostic ne nous était favorable.
Dans un environnement où il faut être l’enfant de quelqu’un ou connaître quelqu’un pour être quelqu’un, Cabrel s’est fabriqué pour être quelqu’un. C’est un modèle!
C’est douloureux de voir un jeune brillant, talentueux et plein d’avenir s’en aller aussi brutalement à la fleur de l’âge.
Cabrel Nanjip, si Nganou Djoumessi et le régime en place avaient déjà achevé l’autoroute Douala-Yaoundé ce que tu n’es certainement pas parti prématurément comme des milliers de Camerounais qui laissent leur vie sur cet axe.
À ta mère « Tata Claire », à tes frères Oscar et autres, recevez toute ma compassion émue.
𝑽𝒂 𝒆𝒕 𝒓𝒆𝒑𝒐𝒔𝒆 𝒆𝒏 𝒑𝒂𝒊𝒙 𝒄𝒓𝒆́𝒂𝒕𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒖 𝑵𝒚𝒂𝒎𝒕𝒐𝒏
Paul Chouta