À travers une publication sur les réseaux sociaux le 19 novembre 2020, le président du mouvement politique AGIR/ACT s’est exprimé sur la violence faite sur les Avocats au TPI de Bonanjo à Douala le 10 novembre 2020.
Retour sur les faits
Tout est parti d’une audience qui visait la remise en liberté de deux hommes en robe noire, placés sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Douala le 5 novembre 2020. En l’occurrence Me Wanto Augustin et Me Messouck Jounno Annie Christelle, poursuivis pour «outrage à magistrat», «tentative de corruption» et «escroquerie».
A l’occasion de l’audience du 10 novembre 2020, leurs collègues se sont mobilisés en grand nombre afin de leur apporter du soutien. Des sources parlent d’environ 500 avocats présents au TPI de Bonanjo. «Après des débats houleux entre les avocats et le parquet, le juge en charge du dossier a mis le dossier en délibéré sur la demande de mise en liberté pour l’audience du 25 Novembre 2020. Cela a véritablement irrité les avocats qui s’attendaient à une décision sur le siège ou tout au plus à un délibéré à bref délai», raconte un avocat qui a vécu la scène.
Très courroucés, les avocats ont élevé la voix, les esprits se sont échauffés et le juge a suspendu l’audience. C’est alors que les forces de l’ordre ont débarqué dans la salle d’audience, chargeant sans retenue les hommes en robe noire.
« Saluer et encourager les avocats de la jeune génération qui osent résister »
L’économiste fait l’autopsie de l’Etat de droit qui ne marche pas et salut le courage des jeunes Avocats. Il pense qu’il faut protéger l’état de droit et le barreau, rempart de cet état de droit. « La qualité de l’institution judiciaire est le premier marqueur de celle d’un État. Le dévoiement de celle-là est prémonitoire de l’effondrement de celui-ci. Les avocats étaient aux avant-postes d’observation de la dérive du régime Biya. Vers la personnification du pouvoir, sans contre-pouvoirs, mue par deux gangrènes : la corruption et l’impunité, d’une part, et le tribalisme, d’autre part. Évolution dangereuse aux antipodes de la performance économique, d’une société démocratique, de droit et de justice. Les évènements récents de Douala n’en sont qu’une manifestation, la force prévalant sur le droit. Les élites multiformes n’avaient que deux choix: s’y compromettre ou résister. Qu’avons-nous choisi de faire ? Qu’a fait le barreau, vigile et dernier rempart du droit ? Il faut saluer et encourager les avocats de la jeune génération qui osent résister, afin que leurs rangs grossissent. Car l’héritage institutionnel de Biya sera lourdement préjudiciable au développement de ce pays », écrit l’allié de Maurice Kamto.
Pour rappel, L’ordre des avocats a pris un certain nombre de résolutions après les violences policières sur ses membres le 10 novembre dernier. Le conseil de l’ordre condamne fermement l’intrusion inadmissible et intolérable des forces de police dans leur sanctuaire qu’est la salle d’audience. Le conseil de l’ordre exige que les auteurs intellectuels et opérationnels de cette barbarie soient sanctionnés. Le conseil de l’ordre décide de l’ouverture d’une enquête déontologique contre Me Messouck Jounko Annie Christelle et Me Wanto Augustin, les avocats accusés d’escroquerie, complicité de tentative de corruption et outrage à magistrat.