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Péninsule de Bakassi : Les prémices d’un nouveau conflit Cameroun-Nigéria

bakasii kamer

Mardi 18 août 2020, lors de sa visite effectuée dans l’État fédéral du Cross River, limitrophe au Cameroun, le leader du Peoples Democratic Party (PDP) et ancien ministre de l’aviation, Fani-Kayode a appelé le président nigérian, Muhammadu Buhari, à reprendre la péninsule camerounaise de Bakassi, dénonçant « l’exécution incomplète » de l’accord de Greentree.

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Bakassi (c) Droits réservés

Fani-Kayode soutient que le Cameroun ne s’est pas toujours acquitté de la contrepartie financière prévue dans le cadre dudit accord. « Les compensations nécessaires n’ont pas été versées. Il a été convenu que 500 millions de nairas seront versés par mois, en contrepartie de quoi les puits de pétrole vont au Cameroun », a-t-il informé en présence du gouverneur du Cross Rivers, Ben Ayade.

Pour lui, « la décision de la Cour était qu’ils (le Cameroun) pouvaient prendre la péninsule de Bakassi, mais une fois que cela aurait été fait, il fallait que cela soit ratifié par le corps législatif nigérian et qu’il y ait un référendum, un plébiscite pour que le peuple de Bakassi accepte cela. Malheureusement, on n’a pas eu la possibilité d’organiser un référendum, la question n’a jamais été soumise à l’Assemblée nationale et par conséquent, à mon avis, je soutiens fermement que ce territoire qui a été cédé au Cameroun était illégal et appartient donc toujours au Nigeria ». Une position qui semble avoir trouvé un écho favorable à l’endroit du gouverneur du Cross River pour qui : « L’ancien ministre, même s’il n’est pas un Cross Riverian, a une connaissance approfondie des douleurs et des souffrances des habitants de l’État de Cross River ».

Rappelons que Bakassi est l’extension de la péninsule de Calabar dans le golfe de Guinée. Ce territoire de 1 000 km2 situé à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun a fait l’objet d’un sérieux contentieux entre les deux pays.

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Précédemment administré par le Nigeria, un jugement de la Cour internationale de justice de La Haye, rendu le 10 octobre 2002, attribue la souveraineté du territoire au Cameroun. Il se base sur le traité signé en 1913 entre les deux puissances coloniales de l’époque dans la région, la Grande-Bretagne, qui occupait le Nigeria et l’Allemagne qui occupait le Cameroun.

L’accord ordonne à l’armée nigériane de se retirer de la péninsule avant le 14 août 2008. Le 12 juin 2006, le Nigeria a accepté de rendre au Cameroun la province de Bakassi. Le retrait s’est déroulé sans heurts à la date prévue. Les deux pays, par l’intermédiaire de leur ministre de la Justice, ont paraphé le jeudi 14 août 2008 l’accord de rétrocession à Calabar, capitale de l’État nigérian de Cross River, dont dépendait Bakassi.

L’accord prévoit que les 30 000 à 40 000 habitants de la péninsule, principalement des familles de pêcheurs nigérians, ont le choix entre un transfert au Nigeria ou un maintien sur place, avec ou sans l’adoption de la nationalité camerounaise.

Ce conflit frontalier avait failli provoquer une guerre entre les deux pays en 1994, le Nigeria et le Cameroun se disputant cette zone marécageuse aux confins du delta du Niger, déterminante pour délimiter la frontière maritime dans des eaux poissonneuses au sous-sol riche en pétrole.

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Mais la région reste soumise aux actions de groupes de rebelles nigérians hostiles à la rétrocession. L’action de ces groupes semble liée au trafic sur le pétrole mais aussi sans doute sur le trafic d’armes de la région.

Le 12 novembre 2007, vingt-et-un militaire camerounais ont été tués dans la crique d’Isangel, non loin du Rio del Rey à Bakassi. L’enquête semble mener à la galaxie politico-mafieuse qui gravite autour du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND). Cet acte répondrait à l’arrestation de sept individus se réclamant de ce mouvement, quelques jours plus tôt. La sanglante opération pourrait donc avoir été montée pour obtenir leur libération.

Le 22 novembre 2007, le Sénat nigérian avait déclaré cette cession illégale et le 31 juillet 2008, saisi par des habitants de péninsule, un juge de la Haute Cour fédérale nigériane d’Abuja avait statué en faveur d’un gel du transfert de souveraineté. Mais les autorités nigérianes sont passés outre ces décisions et ont rétrocédé Bakassi le 14 août 2008.


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