La crise anglophone continue d’alimenter les débats dans le landerneau socio-politique camerounais. Un projet de loi portant sur la décentralisation est cours d’examination au parlement camerounais.
Dans ce projet de loi, figure le statut spécial des régions du NOSO. A la lumière des textes du 3e dimanche de l’Avent, année liturgique « A », le Prêtre Ludovic Lado fait l’éloge de la résistance des anglophones. Le Jésuite souhaite que les autres camerounais copient l’exemple anglophone en matière de résistance.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique.
CHRONIQUE DOMINICALE 15-12-2019
PRENEZ PATIENCE, TENEZ FERME !
Cher compatriote anglophone, « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Évangile). Les anglophones du Cameroun ont finalement arraché un statut spécial, à force de patience dans la résistance. Il est coutume de dire, et Kérosène l’a chanté récemment, que le second nom de Dieu c’est le temps. Et face à l’épreuve du temps, il faut s’armer de patience. Celui qui est patient sème dans les larmes mais, comme le dit le psalmiste, récolte en chantant. La Parole de Dieu nous y invite : « Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. » (deuxième lecture). L’image du cultivateur est géniale, justement parce que sa patience n’a de sens que parce qu’il a travaillé. Un paresseux patient n’aura rien. Il attend en vain ! Un francophone qui n’a pas résisté n’aura rien. Il n’aura pas de statut spécial.
Oui, au commencement il n’y avait pas de problème anglophone, le Cameroun était un et indivisible mais…après des milliers de morts… voilà un statut spécial pour les anglophones. Les anglophones ont pris patience et le Léviathan s’est plié ! Ce n’est certes pas encore la libération totale mais « ceux qu’a libéré le Seigneur, ils entrent (à Bamenda et à Buea) avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plaine s’enfuient » (première lecture). Oui, réjouissez-vous en ce dimanche à Buea et ses environs ! Réjouissez-vous à Bamenda et ses environs ! Car vous avez mené le bon combat et votre libération est proche.
Comme Jean Baptiste dans l’évangile de ce dimanche, vos fils et filles ont fait et font la prison. Mais votre esprit de résistance n’a pas été brisé. « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » (Première lecture). Depuis plus de trois ans, villes mortes tous les lundis ! Vos villages ont été brûlés ! Vos femmes et enfants ont connu la précarité des forêts et des camps de réfugiés ! Vous avez eu faim et soif. Mais « Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchainés ».
Oui, le sucre anglophone a refusé de fondre dans l’eau francophone. « Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. » (Évangile). Oui, l’anglophone au Cameroun incarne aujourd’hui la figure du prophète. Qu’êtes-vous donc allé voir à Bamenda ? Qu’êtes-vous donc allé voir à Buea ? Des hommes portants des gilets pare-balles pour sillonner les villes et les villages ? Non, ceux qui portent de tels vêtements appartiennent au BIR ! Alors qu’êtes-vous allé voir ? Des prophètes ! Des hommes et des femmes qui respectent héroïquement tous les lundis les villes mortes pour dire non à la servitude francophone.
Que l’esprit de résistance anglophone embrase tout le Cameroun. Les anglophones ont préparé le chemin, celui de la libération. Mais les francophones sauront-ils l’emprunter ? S’ils le font : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et cris de joie ! » (Première lecture). Cher compatriote anglophone, « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Évangile). Bien sûr que tu es celui qui doit venir pour libérer le francophone de ses prisons de la francophonie en Macronie.
Bon dimanche et à dimanche 5 janvier 2020 !
Ludovic Lado, Jésuite !