Le Cameroun s’est engagé dans une politique ayant pour objectif de faire en sorte que le pays devienne un Etat émergent à l’horizon 2035. Dans sa vision de l’émergence, le gouvernement camerounais a élaboré un document dit stratégique pour la croissance et l’emploi.
Ce document intègre un ensemble d’objectifs intermédiaires qui sont :
la réduction de la pauvreté
l’atteinte du stade de pays à revenus intermédiaires
l’atteinte du stade de nouveau pays industrialisé
la consolidation du processus démocratique et de l’unité nationale dans le respect dela diversité qui caractérise le pays.
L’ambition du Cameroun est au plan industriel de faire passer son économie de la phase primaire à la phase secondaire. À l’émergence qui est le stade final de cette vision, l’économie camerounaise sera intégrée à l’économie mondiale aussi bien d’un point de vue commercial que financier. Mais une question se pose : le gouvernement camerounais actuel a-t-il véritablement intégré la politique des grandes réalisations du chef de l’état son excellence PaulBiya ? Oudisons plutôt le gouvernement camerounais actuel peut-il nous conduire à l’émergence si chère au président PaulBiya ?
Les observateurs avertis de la scène politique nationale relèvent qu’en 31 années de règne le président Biya a formé en tout 33 gouvernements. Les cabinets sont revus et corrigés tous les 16 mois à peu près. Cette moyenne a été régulièrement rompue aux premières heures du Renouveau notamment entre 1982 et 1990 où il y a eu 14 mouvements ministériels. En 1983 il y a eu trois gouvernements contre deux en 1984. Période qui coïncide avec les soubresauts de la transition alimentés par la tentative de l’ex-président Ahidjo de reprendre en main le pouvoir qu’il entendait contrôler à travers l’UNC. Le clou de cette instabilité et de cette tension politique étant le putsch manqué d’avril 1984.D’ailleurs il y eu un remaniement deux mois avant le coup d’état et un autre quatre mois après. A en juger par les intervalles qui séparent les différents gouvernements formés par le président Biya il est difficile de cerner avec précision les rapports que le président entretien avec son peuple. Après un mouvement politique considérable, les Camerounais scrutent le ciel dans l’attente d’une hypothétique décision de faire ou de défaire tel ou tel ministre.
Le 08 décembre 2004, Un remaniement ministériel fait partir HamadjodaAdjoudi du ministère de l’Elevage des pêches et des industries animales. Le baron âgé de 67 ans cette année-là est remplacé par AboubakarySarki. HamadjodaAdjoudji battait ainsi le record de longévité (20 ans) dans un département ministériel, car il y était nommé le 7 juillet 1984. Le record de longévité au gouvernement est détenu par l’actuel vice Premier ministre délégué à la Présidence chargé des Relations avec les Assemblées Amadou Ali. Depuis 1983 où il fut nommé délégué général au Tourisme le natif de Kolofata dans l’Extrême Nord n’a plus jamais quitté le gouvernement.
Né en 1940, Amadou Ali a été tour à tour secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie Nationale (1985 à 1996) secrétaire général de la présidence de la République avec rang et prérogatives de ministre cumulativement avec ses fonctions de secrétaire d’Etat à la Défense (1996 à 1997) avant de rejoindre le ministère de la Justice en 2001. A côté de lui Bello BoubaMaïgari actuel ministre d’Etat chargé du Tourisme et des Loisirs. Celui-ci a été le Premier ministre de Paul Biya le 06 novembre 1982. Il sera éjecté de ce poste le 18 juin 1983 et ne rejoindra le gouvernement que le 17 décembre 1997 comme ministre d’Etat ministre du Développement industriel et commercial.
Et depuis le 08 décembre 2004 le président national de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) occupe son poste actuel. Par contre le ministre qui a le record de la plus courte durée au gouvernement est Théodore Lando. Il a été nommé au ministère de la Jeunesse et des sports le 09 avril 1992. Il sera débarqué de ce département ministériel sept mois plus tard remplacé le 27 novembre 1992 par Bernard Massoua II. Le plus jeune des ministres de tous les gouvernements de l’ère Biya est MohamadouLabarang. Né en 1956 à Ngaoundéré il est nommé secrétaire général adjoint à la présidence de la République le 18 juin 1983. Il a alors 27 ans.
Le Gouvernement camerounais est pléthorique. Ça,il faut le dire. Je doute même si le chef de l’état reconnais de face ou de nom ses ministres. Si oui peut être ceux qui sont là depuis des décennies. Avec une pléthore de ministre qui n’apporte pas des résultats escomptés,atteindrons-nous l’émergence 2035 ? Cette question ne se poserait pas si tous ces ministres étaient rompus à la tâche et décidés d’accompagner le chef de l’état dans sa politique desgrandes réalisations.Depuis le remaniement ministériel du 09 décembre 2011 le Cameroun compte en effet un gouvernement constitué de 62 membres dont un Premier ministre des vice-Premiers ministres des ministres d’Etat des ministres des ministres sans portefeuille des ministres chargés de mission des ministres délégués et les secrétaires d’Etat. Avec un tel effectif le Cameroun devance le Nigeria avec une équipe gouvernementale composée de 39 ministres le Gabon(30) Maroc (39) le Mali (34) le Sénégal (33) et la Côte d’Ivoire (29).n’est-ce pas trop ? Pourquoi un tel gouvernement pléthorique et pour quels résultats ?combien de conseil de Cabinet se tient par trimestre ou par année ?
Avec 62 ministres sans conseil de cabinet permanent, des ministères dont les missions et les feuilles de route se chevauchent, il manque de visibilité de l’action gouvernemental et croyez-moi le Cameroun s’éloigne du délai du document stratégique pour la croissance et l’emploi et par conséquent repousse pour un peu plus loin son émergence. Le gouvernement camerounais a besoin d’efficacité et je pense que cette efficacité passera par une restructuration du gouvernement. Comme début de cette restructuration, je propose a son excellence Paul Biya ce qui suit :
une fusion des ministères dont les missions se chevauchent
la réduction du train de vie des ministres
la simple suppression de certains ministères.
Voici une liste des ministères qui peuvent fusionner :
Le ministère de l’économie avec celui des Finances
Le ministère de l’emploi avec celui du travail
Le ministère de l’enseignement supérieur avec celui de la recherche scientifique
Le ministère du commerce avec celui des petites et moyennes entreprises
Le ministère de la communication avec celui des postes et télécommunication
Le ministère de l’environnement avec celui des forêts et de la faune
Le ministère des travaux publics avec celui du cadastre
Le ministère des affaires sociales avec celui de la femme et de la famille
Le ministère de la jeunesse avec celui des sports
la suppression du ministère des marchés publics
NB : ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
KEMAYOU NJEKOUA Franck, étudiant à l’Université de Dschang (Cameroun) – LeBledParle.com