Dans une publication sur son mur Facebook, Olivier Atinbop, plus connu sous l’appellation Olson Bao, parle de l’Influence financière et matériel, Intimidation des élites et élus locaux pendant les périodes électorales. Pour le candidat déclaré à la prochaine élection législative dans les bamboutos indexe directement le parti au pouvoir dans cette pratique politique. « La vérité c’est que cette pratique de don électoral participe à une stratégie savamment orchestrée par le parti au pouvoir qui s’arrangent à maintenir et entretenir les populations dans des conditions de survie précaire afin de les transformer en bétail électoral la veille des élections », déclare le responsable de la communication du Mouvement Onze Millions de Citoyen en France, qui propose au passage des solutions pour sortir de cette façon de faire la politique.
Influence financière et matériel, Intimidation des élites et élus locaux pendant les périodes électorales. Pourquoi cela est possible ? Comment remédier à la chose ?
La manière avec laquelle les campagnes électorales se déroulent au Cameroun est assez particulière. Ayant moi-même vécu cette situation au Cameroun durant de la dernière campagne électorale, durant laquelle j’ai parcouru plus de 50 villes et villages du Cameroun dans la Caravane de Cabral Libii, ayant rencontré sur notre trajet d’énormes camions à l’effigie du RDPC, remplis de nourriture en direction des villages, je suis aujourd’hui en mesure de vous dire beaucoup de chose sur ce phénomène.
Comment cela est possible ? Comment cela se passe ?
Ce qui se passe est que les responsables du parti politique au pouvoir ont pris l’habitude au Cameroun d’offrir des dons en nature aux populations pour les attirer à venir assister aux meetings politiques. Et ces cadeaux sont offerts dans le but immédiat de convaincre cet électorat potentiel à voter en faveur du RDPC.
Mais alors signalons que cette pratique du « don électoral » ne date pas d’aujourd’hui. Déjà dans les années 80, les politologues avaient identifiés ce phénomène sous l’appellation de la « politique du ventre ».
En fait de quoi s’agit-il ? il s’agit ici simplement d’un rapport entre d’une part les marchands politiques et d’autres part une clientèle électorale, voire ethnique.
Cette clientèle électorale subit donc des pressions alimentaires voire des pressions de types ethniques.
Les « pressions ethniques » consistent à demander aux électeurs de voter pour leur « frère » ou pour celui qui les parraine.
Et Les « pressions alimentaires » se résument soit à offrir à manger et à boire à son électorat, soit à promettre la nomination d’un fils de la localité à un poste important dans les hautes sphères de l’État, ou alors encore à entrevoir la réalisation d’une infrastructure de développement, comme des routes, l’électricité etc.. Afin d’obtenir ses suffrages.
La « pression ethnique » utilise la stratégie de la corruption morale et la « pression alimentaire » déploie l’arme de la corruption matérielle et financière.
C’est comme cela que nous avons assisté durant la dernière élection présidentielle à la naissance du néologisme Sardinard, qui résume cette pratique popularisée par le RDPC pour corrompre matériellement et financièrement l’électoral à la veille des élections.
En analysant ce phénomène plus en profondeur, on peut se poser la question de savoir qui devrait-on blâmer ? l’électeur qui accepte de se faire corrompre avec du pain et de la sardine ou du savon, de l’huile, des pagnes ou autres produits de grande consommation ? ou alors le politicien qui corrompt avec ces dons en nature ?
La vérité c’est que cette pratique de don électoral participe à une stratégie savamment orchestrée par le parti au pouvoir qui s’arrangent à maintenir et entretenir les populations dans des conditions de survie précaire afin de les transformer en bétail électoral la veille des élections.
Après avoir organisé comme ils savent très bien le faire, l’asservissement volontaire de toutes les couches sociales à travers les mécanismes de la clochardisation et de l’inanition (action de gouverner par la faim), le RDPC donne, à chacun, l’équivalent de ce qu’il mérite : après acceptation de certaines pratiques et initiation dans certaines structures du pouvoir, les cadres vont recevoir des postes de gestion budgétaire. Le bas peuple reçoit, dans toutes les manifestations où il est convié par le RDPC, un morceau de pain et une boite de sardine à huile. Et dans ces foires d’empoigne, on voit le peuple se déchirer pour obtenir sa pitance septennale.
D’ailleurs, il faut noter que nous avons également observé ce phénomène dans les meetings des autres partis de l’opposition notamment le MRC.
Pourquoi cela se passe ainsi ? J’ai fait ma propre analyse. En fait c’est très simple. La politique c’est une histoire d’offre et de demande entre le politicien et un électeur. Quand un politicien n’a rien à offrir en termes d’idées, il se retrouve obligé de monnayer son électorat dans l’espoir de l’attirer à venir écouter son mensonge.
Mais à contrario quand un politicien a des idées, qui contribuent réellement à amélioration des conditions de vie des populations, ce sont ces derniers qui vont même vouloir contribuer financièrement pour écouter le politicien et le soutenir dans ces actions.
J’ai pris le temps d’observer ce phénomène lors de la dernière campagne électorale. Des milliers de citoyens qui ont décidé de contribuer financièrement à la campagne de Cabral Libii, souvenez-vous du meeting de la cité Cicam et d’autres meeting de OMC au Cameroun, des citoyens, par milliers, qui contribuaient en cash durant les meetings, parce qu’ils étaient satisfaits de l’offre politique qui leur avait été proposé par Cabral Libii. Nous avons ainsi fait toute la campagne sans distribuer le moindre don, même pas les t-shirts, même pas de gadgets. Rien de tout cela, pourtant très nombreux étaient les populations qui se rendaient à nos meetings.
Vous avez pu suivre les slogans qui ont étés lancés bénévolement par le peuple durant les campagnes à Kribi à Douala à Bertoua etc….
– Cabral On ne veut pas le choko, on veut le changement,
– Leur argent, on s’en fou, leur pain/sardine on s’en fou…
– On ne veut pas les t-shirts, on veut voir Cabral !
Oui c’est ça, quand tu es satisfait d’un produit, ici en occurrence de l’offre politique, tu es prêt à payer pour l’avoir, tu es prêt à payer pour écouter le politicien qui fait cette offre. Mais quand un produit est de mauvaise qualité, le vendeur sera prêt à te corrompre pour que tu l’achètes. C’est là que nous devons désormais devenir très vigilent.
Alors quelles solutions pour sortir de ce désastre ?
1- Les politiciens doivent améliorer leur offre politique.
Une offre politique riche et dense qui contribue réellement à l’amélioration des conditions des vies des populations sera de facto plébiscité et il ne sera plus nécessaire de corrompre qui que ce soit avec de la sardine.
2- La politique de proximité et la formation à la citoyenneté
C’est aussi le rôle des partis politique de descendre sur le terrain, d’aller à la rencontre des citoyens, notamment dans l’arrière-pays pour expliquer les biens fondés du changement. C’est un travail difficile, qui prend du temps, mais qui porte ces fruits. Il faudra aussi améliorer l’accès à l’information et assurer le maillage territorial pour chaque parti politique.
3- Adopter l’approche progressive par l’offrande et la réalisation des projets d’utilité publiques en lieu et place de l’offrande des produits de grande consommation
Si un candidat, politicien souhaite offrir un présent aux populations, il est souhaitable que ce présent soit une œuvre d’utilité publique ou un produit d’investissement (forage, électricité, anglais, semence etc…). Nous devons bannir l’offrande des produits de grande consommation (pains/sardine, huile, savon, pagne etc.). Cela contribue à l’infantilisation de nos populations.
4- Lutte contre la corruption
D’où provient l’argent utilisé pour acheter la sardine ?
Tous les Etats qui luttent contre ce phénomène corruption s’accordent sur la nécessité de conduire une action préventive et d’y associer la société civile. Chaque organisation, y compris les partis politique, peut en effet agir, à son niveau, afin de prévenir et de détecter les manquements à la probité. Toute entreprise, toute administration ou toute association désireuse de prévenir efficacement la corruption, doit concevoir un dispositif anticorruption interne auditable par les représentants du peuple. Il faudra mettre en œuvre un dispositif d’alerte interne et protéger les lanceurs d’alerte, Former les personnels et les responsables dans tous les partis politique. Aussi il devient nécessaire de revoir l’article 276 du 19 avril 2012 portant sur le financement des partis politiques.
5- Le changement de mentalité des Camerounais
Pour à nouveau donner confiance aux Camerounais et les inciter à participer à la vie politique de leurs pays, des actions doivent être menées aussi bien en dehors du processus électoral que pendant les élections et autant auprès des citoyens qu’au sein des institutions : améliorer l’éducation et la sensibilisation à la démocratie, par l’intermédiaire des médias et de l’école, assurer l’autonomie des institutions responsables des élections, limiter les pouvoirs des chefs d’État, renforcer les conditions d’éligibilité aux élections, simplifier et fiabiliser la procédure d’inscription des électeurs et confier le suivi des élections à des structures crédibles.
Que vaut une boite de sardine par rapport à une souffrance d’une vie ?
Olson Bao
Candidat aux prochaines élections législatives dans le Bamboutos