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[Point de vue] Owona Nguini, l’Iscariot local

Wilfried Ekanga, analyste socio-politique parle de Mathias Eric Owona Nguini, spécialiste de sciences politiques. Il pense qu’il est un traitre. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

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Les vices du vice-recteur

Je l’ai déjà dit une fois ici : en 2011, mon mot de passe Facebook était « matthiaseric ». La première fois que j’avais écouté cet homme sur YouTube, je m’étais trouvé baba d’admiration devant la pertinence que respiraient ses dires. Non pas spécialement parce qu’il critiquait le régime, mais parce qu’il dénonçait le vice, le faux et l’opprobre dans leur globalité. Il s’insurgeait notamment contre « la captation du pouvoir » par un gourmet politique nostalgique de l’ère des pharaons, et il faisait remarquer que le Cameroun continuait de pratiquer le parti unique « dans un pluralisme truqué ». C’est-à-dire que le monarque en place se servait de l’opposition pour créer une illusion de démocratie, tout en privant en réalité celle-ci de toute possibilité factuelle de challenge.

C’était alors un analyste politique, un vrai : celui qui vous martèle que le viol est un viol, et donc un acte condamnable, et qui ne cherche pas à vous expliquer que « la fille portait un chandail transparent », et qu’elle est par conséquent responsable de sa mésaventure.

Recteur verso

Et puis un jour, sur la route de Damas, Eric de Tarse rencontra le Chantalisme et acquit enfin l’illumination : il comprit que le régime Biya n’était finalement pas si ignoble que ça, et que les véritables ennemis du Cameroun, c’étaient ces gens qui se plaignaient de l’oppression que leur faisait subir l’homme du 6 novembre. Il réalisa que les méchants, ce n’étaient pas ceux qui tabassent (et parfois tuent) des citoyens dont la seule arme est la parole ou la plume, mais plutôt ceux qui, parce qu’on les a tabassés alors qu’ils n’utilisaient que leur parole et leur plume, ont fini par se résigner et par se radicaliser, convaincus qu’aucun dialogue potable n’est possible sous un tel système.

Il y a deux différences fondamentales entre Judas Iscariote et Owona Nguini : la première, c’est que la victime de Judas a vu venir la trahison (allant même jusqu’à la prédire et à l’annoncer au concerné), alors que les victimes de Nguini n’y ont vu que du feu ! Selon la désormais célèbre « stratégie du boulanger », l’homme du Colloque nous a habilement roulés dans la farine, en nous faisant croire pendant des lustres qu’il était prêt à endurer avec nous toutes les bricoles qui attendent ceux qui combattent les dictatures. Mais c’était manifestement trop espérer de quelqu’un qui, devant les années qui passaient, voyait sa vie défiler sans éclat, et désespérait de ne pas jouir du statut socioprofessionnel que mériterait sa grande intelligence.

La seconde différence entre l’Iscariot hébreu et le nôtre, c’est que le premier a regretté sa faute quelques heures seulement après l’avoir commise, allant même jusqu’à rembourser les 30 pièces d’argent versées par les Pharisiens ; Nguini par contre, ne regrette assurément pas d’être passé de maraudeur à vice-recteur. L’ascension sociale tant espérée est enfin là, et il est hors de question de rembourser les 30 pièces d’ar… gile qu’il a reçues. Pourquoi devait-il continuer à boire l’eau rougeâtre laissée par Atangana Kouna, alors que le Petrus coulait à flots à côté ? Thomas Sankara qui pensait qu’ « il vaut mieux de l’eau potable pour tous que du champagne pour quelques-uns », n’était qu’un imbécile qui ne savait pas ce qu’il disait. S’il avait au moins goûté le Petrus une fois dans sa vie, il aurait compris !

Pour approfondir :   Après la thèse sur les silences de Paul Biya, un autre étudiant soutient une thèse sur les vœux présidentiels

Des misères et des morales

Voilà pourquoi, sur des dossiers cruciaux comme la crise anglophone qui macule de sang notre pays depuis 7 ans déjà, Owona Nguini est l’un des pires analystes qui occupent aujourd’hui l’espace médiatique camerounais. Il est littérairement dangereux pour tout le monde, petits et grands, de l’écouter sur la question. C’est comme laisser un fou vous donner des cours de psychanalyse. Évoquant les séparatistes, Mathias Eric explique notamment que « qui sème le vent récolte la tempête », oubliant alors que c’est précisément en semant la barbarie policière gratuite face à des corporations pacifiques que Biya a récolté l’horrible guerre actuelle (et que tous les Camerounais subissent, sauf lui !). L’Iscariot vicieux confond ainsi la cause et l’effet, tel un mineur sénile à 16 ans !

Or, ne vous y trompez pas : si les séparatistes sont devenus de tels bouchers, c’est parce que les hommes de Yaoundé les ont transformés en bouchers, à l’époque où ils étaient encore végétariens ! Ça s’appelle la Genèse ; la Cause Initiale.

Et celui qui ne la comprend pas n’a pas besoin de poursuivre son analyse ; il est d’office hors-sujet !

Par ailleurs, Nguini n’a aucune solution pratique de cessation du conflit : il ne comprend rien à la logique de transposition, cette méthode qui vous permet de vous incruster dans la tête de l’adversaire, afin de saisir ce qu’il pense et de comprendre comment lui vous perçoit, dans l’optique de déceler l’élément clé qui l’a radicalisé, et donc forcément, de trouver la mesure qui le déradicalisera. Dans une guerre civile, le but d’un gouvernement réfléchi n’est pas de tuer le maximum de citoyens qui ne pensent pas comme lui ; ça, c’est le délire des hommes mentalement stériles, aux Idées atrophiées et dépourvues de toute réalité, tels qu’Owona Nguini. Ils ne sont même plus capables de se souvenir qu’en 2016, ils avaient annoncé mater la « petite rébellion » en à peine quelques semaines. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, ils continuent de se persuader que plus on tuera des séparatistes, plus on se rapprochera de la fin de la crise.

Pour approfondir :   Eric Mathias Owona Nguini : « Si la Fecafoot dit qu’on joue à Garoua et que l’ONIES dit qu’on ne joue pas à Garoua, ils vont jouer où ? »

Mais quelle misère morale. Quelle tristesse.

EN BREF :

Vous constaterez en outre que notre va-t-en-guerre national ne se rend jamais dans la zone du conflit. Et puisqu’on parle ici de fous et de psychanalyse, je lui ai diagnostiqué deux névroses principales : la première, c’est qu’il annonce la défaite du camp rebelle et la victoire de l’armée avec une insolite certitude, qui fait presque croire que c’est lui qui tient l’arme des soldats, ou tout du moins, qu’il se bat au front à leurs côtés. Or en réalité, son périmètre annuel se limite à l’itinéraire triangulaire entre son domicile, son lieu de travail et le plateau télé du dimanche ; il n’accepterait jamais une affectation dans ces zones qu’ils disent pourtant « sous contrôle », et où de jeunes commis de l’État continuent de périr, à l’instar d’Ojong Priestley, jeune maire de Mamfe (34 ans), qui y a trouvé la mort dans une embuscade en mai 2022. Un drôle de paradoxe, mais qui ne surprend plus, quand on connaît l’inconduite du personnage.

Et pour finir, lui et ses acolytes persistent à croire que parce qu’un soldat a fait le serment du sacrifice suprême pour la patrie, cela signifie qu’il doit foncer tête baissée dans la mort, alors même que la guerre aurait pu être évitée. Tant de familles ont perdu leurs enfants, maris et pères, dans un conflit absurde qu’on aurait résolu en quelques heures avec un minimum d’humilité. Après Israël et l’Ukraine, le Cameroun a sans doute le ratio de morts inutiles le plus élevé du monde ! Et il est d’autant plus incongru de constater qu’à distance, nous ressentons mieux le désastre de ces deux faux camps qui s’étripent, tandis que ceux qui sont censés être « sur place » ont domestiqué et apprivoisé l’odeur du sang. Des Camerounais continuent donc de tuer d’autres Camerounais, parce que la guerre est défendue tous les week-ends par des « penseurs » inutiles comme Mathias Eric, dont on se rappellera davantage le vice que le rectorat.

Et je ne parle même pas encore de son tribalisme compulsif.

Ekanga Ekanga Claude Wilfried

(Sur ma page « Wilfried Ekanga », vous trouverez trois articles (Hygiène de l’Assassin, actes 1, 2 et 3, publiés cette semaine comme proposition de solution à la crise anglophone. L’histoire retiendra que nous avons essayé, et qu’on a fait face au Gang de Malfrats le plus perfide du millénaire.

En attendant, Judas lui-même est en pleine procédure d’inscription à l’université du vice… recteur)

 


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