Le président de la République a créé par décret le 14 décembre dernier, la Société nationale des mines (SONAMINES). Une structure qui selon l’avocat Christian Bomo Ntimbane, n’est ni plus ni moins qu’un nouveau mensonge du régime Biya.
« Tout de go, la création de cette société publique n’aura aucun effet sur l’exploitation minière au Cameroun. D’ailleurs, les missions de la SOCAMINE ont toujours été celles du ministère des mines précisément de sa direction des mines », lâche le membre de la Société civile dans une analyse publiée le 15 décembre sur Facebook. Lebledparle.com vous propose ci-dessous, l’intégralité de son texte.
Les camerounais ont appris hier la création d’une entreprise publique supposée gérer les mines du Cameroun : SONAMINES
Comme d’habitude les hagiographes du régime RDPC sont montés tout de suite au créneau pour chanter au décollage de l’exploitation minière au Cameroun.
Tout de go, la création de cette société publique n’aura aucun effet sur l’exploitation minière au Cameroun. D’ailleurs, les missions de la SOCAMINE ont toujours été celles du ministère des mines précisément de sa direction des mines.
En fait, le régime a déshabillé Pierre pour habiller Paul. Le problème de l’exploitation minière au Cameroun est d’ordre politique et non cet ensemble de textes. Le code minier existant. Le Cameroun est un risque politique pour les investisseurs miniers.
En effet, l’exploitation minière de grande envergure, pas celle artisanale mécanisée en cours, faite par quelques débrouillards asiatiques et fortement soupçonnés d’être les prête-noms des pontes et familles du régime à l’Est Cameroun, nécessite de moyens colossaux.
Prenons le cas de la mine de fer de Mbalam, c’est près de 9 milliards de dollars d’investissement soit l’équivalent du budget du Cameroun.Pour la bauxite du mini martap c’est près de 130 millions de dollars à mi-parcours. Il apparaît dès lors que tout investisseur sérieux qui voudrait s’engager dans de tels projets soit sûr et certain de l’exécution à bonne fin du projet au risque de subir une énorme perte financière.
Or, il se trouve que le Cameroun est classé tant par les institutions de Bretton woods, que par les agences de notation comme un pays incertain et à fort risques politique.
Face au caractère belligène de la confiscation du jeu démocratique, le flou autour de l’alternance au sommet de l »Etat, pouvant aboutir à des remous sociaux paralysant, voire une guerre civile, aucun investisseur minier de premier ordre ne s’aventurerait actuellement dans l’exploitation minière au Cameroun.
Surtout que ces investisseurs miniers ont eu la mauvaise expérience dans de nombreux pays africains politiquement confisqués par des dictatures, les obligeant à recourir à des armées parallèles pour sécuriser leurs investissements, augmentant ainsi les coûts d’exploitation.
C’est le cas de l’armée chinoise qui accompagne les investisseurs chinois en Centrafrique et bien d’autres cas en RDC. Vous comprenez donc pourquoi Arcelormittal qui est un des leaders mondiaux dans l’exploitation de fer, à peine était arrivé pour des négociations relativement au fer de Mbalam, il y a quelques années, était répartie sans suite.
Ainsi, tous ces fameux investisseurs étrangers qui s’agitent actuellement autour des mines de fer, de bauxite, cobalt…au Cameroun et qui signent des contrats de concession à grande pompe, ne sont en réalité que des spéculateurs miniers appelés Junior mining. Ils viennent au Cameroun pour avoir des permis ou des licences qui sont dans la comptabilité des entreprises, des actifs incorporels.
En effet, ces juniors mining, après signature des documents avec leurs complices du gouvernement et de la présidence, vont afficher sur leur site et dans leur comptabilité qu’ils ont des actifs miniers au Cameroun, constituant ainsi leur embellie et crédibilité sur les places financières mondiales autrement appelées bourses.
Elles peuvent donc dès lors lever des fonds, spéculer sans les exploiter, avec les résultats escomptés de l’exploitation future des mines du Cameroun. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’excitation des junior mining qui n’ont pas de surface financière à même de supporter des lourds investissements miniers comme l’australien Sundance ressources pour le fer de Mbalam et récemment encore Canyon ressources pour la bauxite de Mini martap.
C’est aussi le cas de la junior mining américaine Geovic Mining qui était partie du Cameroun en 2014 après avoir fait un montage qui leur a permis de bénéficier d’un financement du Fmi avec l’aide d’un ancien ministre des finances du Cameroun. Notre compatriote alors à la Banque mondiale Célestin Nyambal en a parlé et personne ne l’a volontairement écouté.
Geovic a creusé des grands trous, des galeries profondes de plus de 100 mètres à travers les forêts de l’Est qui mettent en danger, parfois des morts, sous prétexte de faire des recherches. De l’enfumage.
Sur l’annonce Boursière de Geovic mining Corp sur les places boursières de Toronto, et à l’OTC bulletin board, il est indiqué qu’il a des droits exclusifs sur l’exploitation minière du cobalt, nickel et manganèse sur 1250 km2 à l’Est du Cameroun.
Imaginons ce que cette société pompe comme fric sur les places boursières avec une telle annonce, sans le moindre début d’exploitation minière au Cameroun.
En 2019 le PDG de cette curieuse entreprise qui avait fait semblant d’abandonner ce projet est revenu et a été reçu par Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence. Il ne manquera pas de faire une autre pompeuse annonce d’investissement de 400 millions de dollars.
La SONAMINES apparaît dès lors comme une autre « maquette » cette fois-ci juridique, comme celles qu’on présente régulièrement aux Camerounais et dont les réalisations effectives sont des vues de l’esprit. L’exploitation des mines du Cameroun, source de richesse et profitable au peuple camerounais ne se fera qu’avec l’avènement d’une démocratie véritable qui garantirait les alternances apaisées à la tête de l’Etat.
La transparence électorale avec l’adoption d’un système électoral accepté de tous donc consensuel, permettront l’exploitation de nos mines, et de ce fait devra donc être le combat de tous les camerounais qui aspire au bien-être.
Paul Biya et son régime le savent très bien. S’ils veulent véritablement lancer l’exploitation minière qu’ils acceptent d’adopter un système électoral consensuel. Et les vrais investisseurs de ce domaine viendront.
Ils ne le feront jamais, car ce n’est pas de leur intérêt. Ils sont bien conscients qu’il faudrait au moins 15 ans pour que le premier minerai soit extrait des mines camerounaises. Or à ce moment, ils ne seront plus là. De l’égoïsme pur et simple.