Des Magistrats de la Cour suprême sont mécontents et précisent que l’arrestation de leur collègue ne respecte pas les dispositions de l’article 629 du code de procédure pénale.
Paul AyahAbine, Avocat général, près de la Cour suprême, a été arrêté le samedi 21 janvier 2017, à son domicile de Yaoundé et conduit au secrétariat d’Etat à la défense (SED), où il est encore détenu jusqu’à ce jour. Il serait reproché au président duPeople action party (PAP), d’être un des dignitaires du SouthernCameroon national council (SCNC), interdite d’activité le 17 janvier 2017, par un arrêté du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation (MINATD).
Dans l’édition du jeudi 27 janvier 2017, du quotidien Emergence de Magnus Biaga, certains collègues Magistrats de Paul AyahAbine affichent leurs mécontentements et parlent de violation de l’article 629 du code de procédure pénale. « lorsqu’un magistrat de l’ordre judiciaire est susceptible d’être inculpé d’une infraction, le Procureur général compétent présente une requête au président de la Cour suprême qui désigne un magistrat chargé d’instruire l’affaire et trois autres d’un grade au moins égal à celui du mis en cause, en vue du jugement éventuel de l’affaire en premier ressort. » un conseiller de la Cour suprême lance : « je suis abasourdi. Cette arrestation s’est faite en violant l’article 629 du code de procédure pénale », peut-on lire.
En 2014, l’ancien militant et député du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), de la Maynu, région du Sud-ouest (2002-2011), a été nommé Avocat général près de la Cour suprême. « Avant cette nomination des informations persistantes le déclaraient bientôt à la tête du SCNC », indique Mutations quotidien privé de la rue de l’aéroport dans son édition du vendredi 20 janvier 2017.« On l’a arrêté parce qu’il a exprimé ses opinions. Mais quand on le nommait à la Cour suprême, on savait qui il était, quelles étaient ses idées politiques, qu’il n’a d’ailleurs jamais cachées », déclare un magistrat. « Pourquoi faire semblant aujourd’hui d’être surpris par son combat politique ? », s’interroge le même magistrat. Bien plus certains laudateurs, au discours sous fond d’ « atalakou » voyaient en cette nomination, la volonté et la manifestation du régime en place de respecter la liberté d’expression et d’opinion des acteurs sociopolitiques.
Paul AyahAbine a été un frondeur, au sein de son ancien parti politique. En 2006, il a fait partie des députés qui ont demandé une commission d’enquête pour corruption contre le regretté Augustin Frédéric Kodock, alors ministre de l’agriculture et du développement rural. En 2008, il s’oppose à la révision constitutionnelle qui permettait au président Paul Biya de se présenter dorénavant aux élections présidentielles.