Bien qu’originaire du département concerné, Pr Aba’a Oyono a daigné analyser les faits qui sont déroulés à Sangmélima avec froideur. « Vous faites bien de relever que je suis ressortissant du Dja et Lobo et c’est avec autorité professorale que je vais déverser ma bile. Je ne suis pas élite parce que je ne suis pas avec eux. Je suis un libre penseur », dit-il en entame.
Pour lui, il est absolument déplorable que le département où le Chef de l’Etat est originaire soit régulièrement le théâtre du même type d’évènements. « C’est très honteux qu’à deux reprises, les mêmes événements se déroulent dans la ville natale du chef de l’Etat. Ce n’est pas une bonne image que nous véhiculons », a-t-il ajouté.
L’Etat à la barre
Le spécialiste du droit public souligne dans la suite de son propos que l’Etat est responsable en amont de ces évènements. Les populations qui se laissent entraîner dans ce type de batailles sont selon lui au chômage et « désœuvrés ».
« L’État a failli à son obligation de trouver du travail à ces jeunes. Voilà pourquoi ils éclatent. Et nous sommes dans un pays où on biaise beaucoup avec la vérité. Nous passons notre temps à gérer les conséquences alors qu’il faut voir la source du mal. Et c’est extrêmement dangereux », explique-t-il avant de s’en prendre à l’élite du Sud. « En 17 ans de pouvoir, le président de la République a donné au Dja et Lobo, je ne parle pas du Sud, le secteur de l’Économie et le cordon de la bourse. Recensez les ressortissants du Dja et Lobo qui ont été ministre des Finances, ministre des Finances et du Budget ou alors ministre des Finances et de l’Économie. Quel est le développement économique qu’on retrouve chez nous ? Pourquoi les jeunes ne trouvent pas d’emplois. C’est autant de frustrations qui font en sorte que quand un jeune est désœuvré, il éclate », argumente Jean Calvin Aba’a Oyono.