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« President Paul Biya, mendiant de la paix, éclaireur de notre temps » – Par Marie-Claire Nnana

Le directeur de publication de Cameroon-tribune, revient sur la participation du Chef de l’Etat à la commémoration des 80 ans du Débarquement de Provence, le 15 aout dernier en France.

Nnana Tribune

Le président Paul BIYA, aux côtés d’autres dirigeants de pays africains, a participé le 15 aout dernier à la commémoration des 80 ans du Débarquement de Provence à Boulouris-Saint-Raphaël, en France, sur invitation de Emmanuel Macron. Au nom de ses pairs africains, Paul Biya a prononcé l’un des deux discours de cette célébration.

Invité à prononcer un discours, l’un des deux de cette célébration, le Chef de l’Etat a tout d’abord planté les de décors de l’histoire et du présent de cette célébration. « Nous nous retrouvons en Provence vous le savez, pour convoquer le souvenir d’une guerre du passé, et pour rendre hommage aux héros de notre histoire. Seulement, la guerre que l’on pensait à jamais éloignée, frappe de nouveau aux portes de l’Europe. Elle est désormais plus proche de nous.  Des hommes se battent à nouveau à quelques heures d’ici. C’est dire que les Organisations Internationales et le système mis en place aux lendemains des deux guerres mondiales et davantage de la deuxième guerre mondiale, reste et demeure perfectible », a-t-il soutenu.

Alors que la géopolitique et la géostratégie mondiales actuelles rendent inévitables l’éclatement d’une ou d’autres guerres; Paul Biya prêche la paix.

« Face à cela, le Cameroun pour ce qui le concerne a de tout temps fait recours au dialogue, aux solutions concertées, il a fait de la résolution pacifique des différends, la clé de sa démarche pour faire échec à la guerre et résoudre les conflits. En définitive, je veux ici saluer l’organisation de cette Commémoration qui constitue une excellente occasion d’encouragement de la solidarité entre les nations pour construire la paix et faire face ensemble aux grands problèmes de notre temps. », va-t-il souligner plus loin.

Dans son édition de ce lundi 19, Cameroon-tribune a publié un éditorial dans lequel le DP, Marie-Claire Nnana analyse cette récente sortie du président de la République.

Voici l’analyse de Marie-Claire Nnana :

 President Paul Biya, mendiant de la paix, éclaireur de notre temps

Dans un contexte où les présidents africains, frontalement ou insidieusement, revendiquent la souveraineté économique et le libre choix de leurs partenaires stratégiques, épaulés de surcroît par une société civile offensive, mobile, organisée et très audible, il était opportun, voire judicieux pour le président français de célébrer de manière fort spéciale, le 80e anniversaire du Débarquement en Provence le 15 août dernier, de rendre un hommage appuyé à « l’Armée d’Afrique », connue sous le nom de « tirailleurs sénégalais », et d’assumer ce qu’il appelle « la part d’Afrique en France ».

En choisissant par ailleurs de convier son homologue camerounais, Paul Biya, à cet événement historique, comme porte-voix de ses pairs africains, le président français fait un double pari : d’une part, frapper les imaginaires français, souvent indifférents ou sceptiques, mais davantage encore les Africains, par cet acte solennel de reconnaissance, longtemps attendu par les anciens combattants, leurs héritiers et les opinions publiques du continent.

D’autre part, la parole de Paul Biya, du haut de son expérience, de sa stature de sage, de sa réserve, de sa différence même, lisible dans son jeu diplomatique tout en finesse, de son amour de l’Afrique – assimilable au panafricanisme des pères fondateurs – cette parole, dis-je, déclamée à Paris, ne laisse personne indifférent sur le continent : Pourquoi nous parle-t-il de Paris ? Que nous dit-il de nous, de la France, du passé et de l’avenir ? Ces interrogations et bien d’autres foisonnent encore dans les esprits, les cercles de réflexion, et les médias. Remettant au goût du jour, la relation France-Afrique.

Certes il ne fait aucun doute qu’au niveau politique, la reconnaissance affichée à Paris de l’apport de l’Afrique à la libération de la France occupée n’est pas une feinte. Cette reconnaissance doit néanmoins conduire à l’étape de la réhabilitation historique, globale et individuelle de ces soldats qui ont traversé les océans pour aller combattre pour une « patrie » qu’ils ne connaissaient même pas. Leur acte d’humanité appelle un traitement plus humain et plus juste des droits qui sont les leurs.

Ce n’est pas autre chose que le président camerounais a défendu : le devoir de fraternité, en rappelant que sans eux, et sans tous les autres appelés d’ici et d’ailleurs, il n’y aurait pas eu de victoire alliée digne de ce nom. Cette prise de position n’empêchera pas les arguties de ceux qui continuent à entretenir l’idée d’une Afrique entièrement à part, foyer d’une pauvreté incurable, qui n’aurait pas le droit de siéger aux côtés des « grandes nations » comme alliée d’une belle victoire sur le nazisme. Un grand média français a d’ailleurs titré : « Célébration tronquée ».

Le mérite de Paul Biya, c’est de proposer la seule lecture acceptable, crédible et juste : des frères d’armes en 1944 sont par la force des choses des frères tout court en 2024, appelés à réfléchir solidairement à la manière de construire la paix, en tirant les leçons d’une guerre du passé. Pourtant, cette fraternité et cette solidarité ne sont envisageables que si les frères d’armes d’hier se reconnaissent en vérité un droit égal à la dignité ; si du haut de sa culture, de sa religion, ou de sa civilisation, l’un ne regarde pas l’autre avec condescendance et mépris. On s’en souvient, c’est la conscience erronée que certaines races étaient supérieures et devaient « civiliser » les autres qui a accouché du colonialisme. Le fameux « fardeau de l’homme blanc ».

En définitive, que faut-il retenir ?

La première leçon magistrale du président camerounais est celle-ci : le respect mutuel, un droit égal à la dignité, et la prise en compte des intérêts des autres peuples créent les conditions de la paix.

Seconde leçon : Puisque la guerre n’est plus une simple menace ni une éventualité, mais qu’elle tonne déjà si près de nous, le monde a clairement le choix : faire la guerre directement, ou par procuration, ou alors faire la paix, s’asseoir à la table des discussions afin de préparer et de construire cette paix. Dialoguer, se concerter, chercher le compromis, c’est en tout cas le choix du Cameroun. Un choix que Paul Biya propose à notre monde en ébullition, au nom de toute l’Afrique.

On l’aura compris : ce qui s’est passé dans le sud de la France, le 15 août dernier, devant un parterre de soldats, de hautes personnalités françaises et africaines, a une portée autrement plus symbolique. « Ce lieu de douleur nous interpelle sur les douleurs du monde » affirme le président de la République. Tandis que son homologue français souhaite voir « se conjuguer au présent » la belle solidarité humaine qui a transcendé les différences afin de venir à bout de l’armée nazie.

Un éditorialiste français écrivait à ce propos dans un hebdomadaire d’informations : « Le nouveau, l’essentiel, c’est que le règne désormais mondial de l’économie de marché, suspecté de ne servir que les riches, se trouve chéri par les pauvres. Ce tournant change tout. Il durcit la concurrence. Le Tiers-Monde, devenu “le Tiers-Etat” du globe, se donne les moyens de faire vaciller peu à peu “l’ancien régime”. Le nôtre ».

De quoi nourrir le pessimisme de celles des nations qui travaillent corps et âme pour atteindre les rives de la prospérité et en jouir dans la paix ! Puisque leur développement même est appréhendé par certains comme une menace, on peut penser qu’elles pourraient subir des guerres en guise de représailles, afin de les affaiblir ou les soumettre… Et c’est déjà le cas, on s’en doute.

On peut, on doit convenir qu’une telle vision du monde est catastrophique. Il est vain d’aborder notre cosmos et notre avenir commun, avec un tel pessimisme et un tel esprit de clanisme. Ce que propose Paul Biya, c’est que la responsabilité de la paix et de la prospérité globales soit partagée, et qu’ensemble, les nations refondent le multilatéralisme, seul gage d’équilibre et d’équité.

Par Marie-Claire NNANA


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