in ,

Présidentielle 2025 – Candidature de Kamto : « Un cas intéressant », selon Edouard Bokagne

Pour l’universitaire, c’est Maurice Kamto lui-même qui l’a voulu ainsi. « Personne ne débattrait d’une hypothèse de son élimination s’il n’avait précédemment boycotté. Personne non plus ne peut prétendre qu’il n’ait pas boycotté et que ce boycott ne fût pas sans conséquence eu égard aux conditions », affirme l’historien.

Edouard Bokagne
Edouard Bokagne - DR

Lire Ci-dessous sa sortie :

LA PROCHAINE CANDIDATURE DE MAURICE KAMTO

Par Pr Édouard Bokagne

Les candidatures, c’est le principe, sont soumises à des conditions qui doivent être scrutées par l’organisme en charge du monitoring des élections. Tout le monde y passera ; enfin, tous les candidats déclarés. Certains les satisferont. D’autres, non. Leurs candidatures seront rejetées.

Ces personnes, si elles veulent poursuivre leur compétition, devront se pourvoir au contentieux pré-électoral qui les conduira au Conseil Constitutionnel. Elles exciperont les arguments qui contrerront ceux précédemment cités. Ce sera un procès qu’on peut ou non perdre ; donc qu’on peut (ou non) gagner.

Kamto, là-dedans, est un cas intéressant. C’est lui-même qui s’est ainsi institué. Personne ne débattrait d’une hypothèse de son élimination s’il n’avait précédemment boycotté. Personne non plus ne peut prétendre qu’il n’ait pas boycotté et que ce boycott ne fût pas sans conséquence eu égard aux conditions. Donc…

Il y a Kamto le candidat. Il y a le parti qui l’investira. Jusqu’ici, depuis que se déroulent des élections, les candidats ont toujours été investis par des partis politiques. (C’est du reste le rôle que leur assigne la constitution). Il existe effectivement une disposition qui permette de s’en passer. Personne ne l’a jamais empruntée jusqu’à maintenant.

Rien n’empêche à Kamto de la tester. Il peut – s’il le veut – s’atteler à réunir trente signatures par région. Il suffit de cibler ceux qui peuvent les lui donner. Les contacter. Les amener à signer. Et à le proclamer. Parce que ces engagements doivent être authentifiés. Sinon, ça peut être risqué. Les gens ayant signé peuvent se dédire. Se rétracter.

Se dédire est comme on dit par-ici : changer de bouche. Kamto sait mieux que n’importe qui que les bouches peuvent changer. De grand matin, tel peut dire : tant que la guerre au Noso n’est pas réglée ou que le code électoral n’est pas modifié, je ne participerai pas aux élections et devenir candidat dans la soirée. Il peut même faire ça et jurer ne pas s’être dédit.

Il peut même se mettre à vous montrer ses élus après avoir boycotté des élections. Se dédire n’est pas difficile. Il faut juste que le coq ait chanté. Les cocoricos sont un indice que du temps a passé. Le dit du premier chant du coq réveille son propriétaire. Les dits d’après, c’est pour les moutons. Il y en a un certain nombre au MRC. Je ne sais où on les a trouvés.

Trois cents signatures impossibles à falsifier et à dénaturer. On peut toujours essayer. Qui sait : des Michèle Ndoki ou Armand Noutack II seront contents de signer. Tout le monde sait le grand amour qu’ils ont pour ce parti. S’il advient – on triche tant de nos jours – que leurs signatures soient refusées, (et là toujours, il faut une raison), il faut trouver des signataires plus motivés à signer.

Cherchons bien : trois cents signataires dotés de qualités ne doivent pas être impossible à trouver : soucieux d’aider cet homme-là dont les trolls ont passé le temps à les injurier. Je suis toujours épaté de la vitesse avec laquelle Kamto perd ses alliés. Ils finissent toujours par s’insulter. J’ai entendu dire qu’il y a un temps où lui et Biya étaient alliés. J’ai l’impression que, maintenant, ce ne sont plus les douceurs d’échangées.

Si l’on n’a pas trois cent signatures, il faut un parti politique doté d’élus. Expliquez-moi comment ce pourrait être le MRC. J’ai du mal à parler bamiléké. Supposons que l’un de ces élus soit Wafo. (Aucun doute que Wafo soit élu. Mais du MRC) ? Parce qu’il faut que le nom de Wafo – et sa qualité d’élu – ressortent dans le dossier du candidat qui sera remis à Elecam.

Que je vous dise comment ces choses-là vont se passer. Les élus ne sont pas un stock de vrac qu’on transporte dans un sac. Ce sont des gens habilités ; dotés d’un statut. Ils sont élus. (Ça veut dire qu’ils l’ont été). Si vous et moi savons qui est élu, a fortiori le moniteur des élections le saura. Qui connaît mieux les élus que celui qui contrôle les élections ? Qui dit si ce n’est celui qui gouverne la compétition ?

Il y a presque trois cents partis politiques au pays. Seul un certain nombre est doté d’élus. Et faut-il insister : on est élu à une élection. On ne l’est pas à une démission. Ou pour avoir boycotté. L’élection fabrique l’élu à partir de sa participation. La démission d’une formation ne déchoît pas de cette qualité ; puisqu’elle vous conserve votre qualité de mandaté.

Mais elle ne transfère pas votre mandat à une nouvelle formation qui n’aurait pas été enregistrée. Si vous êtes élu, vous le serez. Mais compté comme celui de la formation où vous étiez voté. Et vous le serez d’autant plus que cela le sera par celui qui gouverne les élections et qui tient fichier de ces informations. Donc, il suffit que Kamto soit investi par l’UDC ou le RDPC pour s’emparer de leurs élus.

Et elle peut vous surprendre, celle-là. Vous ne savez pas où un politicien peut passer.

Kamto peut finir candidat du RDPC. Dites-moi alors ses chances d’échouer ! S’il gagne avec le RDPC, rien ne l’empêche d’être proclamé au MRC.

Si un Bamiléké peut devenir Bulu, pourquoi un Bulu ne deviendrait pas Bamiléké ? C’est presque déjà le deuxième chant du coq : celui des moutons.

Ne perdons pas le Nord !


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revue Mbala

La revue de presse camerounaise du mardi 21 janvier 2025

Sans titre 105

Maroua : Voici les raisons de la visite de Samuel Eto’o