Souffrez que ce ne soit que maintenant que j’émette mon avis sur un sujet qui a fait les choux gras de l’actualité très récemment au Seminarland.
La question des personnes à la culture anglo-saxonne (je trouve le terme anglophone péjoratif et ségrégationniste). Je tiens à présent à dire un mot puisque les tensions se sont apaisées; de peur d’être considéré comme un incitateur à la révolte. Y a-t-il vraiment un problème anglophone au Cameroun? Petit rappel historique.
Peu avant les indépendances, le Cameroun est divisé en deux: le Cameroun Oriental administré par les Français et le Cameroun Occidental dirigé par les Anglais. Le premier obtient son indépendance en 1960. Sous l’impulsion de la Grande-Bretagne, le second acquiert son autonomie le 1er octobre 1961 en se ralliant au Cameroun Oriental; non sans avoir perdu une frange importante de sa population qui, après plébiscite, a décidé de regagner le Nigéria voisin. L’histoire souligne qu’au terme des négociations à Foumban, les 2 leaders (Ahidjo et Foncha) n’étaient pas tombés d’accord sur leur vision de la fédération. Foncha acceptait la fédération tout en pensant à la confédération où Buéa jouerait véritablement le rôle de capitale d’un Cameroun occidental suffisamment autonome. Ahmadou Ahidjo, lui, acceptait la fédération tout en considérant qu’elle n’était qu’une étape vers un État unitaire où Yaoundé deviendrait la seule et véritable capitale du Cameroun. Tout part peut-être de là… Ahidjo est finalement désigné Président et Foncha vice-président. Sans que les inquiétudes légitimes des 2 parties ne soient levées; même après la réunification de 1972…
Revenons en 2016. Il n’y a plus de vice-président mais un PM dont la marge de manœuvre est connue. Ce qui donne probablement l’impression à mes frères « british » d’être lésés. En dehors de cette revendication, que réclamez-vous d’autres?
Vous prétendez être marginalisés au niveau de la pratique de la langue; que les textes officiels ne sont pas tous traduits, que les cours se dispensent en grande majorité dans les universités en français. Vous semblez oublier que tous les ministères disposent d’une cellule de traduction et que si leur travail n’est pas bien exécuté (admettons-le) c’est à eux que vous devez vous en prendre; pas à tout un régime. Vous semblez également oublier que l’enseignant dispense le cours dans sa langue première parce qu’il s’y sent à l’aise. Je me souviens avoir reçu des cours en faculté en anglais, chers amis. En outre, je vois mal un enseignant d’expression anglaise transmettre son savoir en français dans les régions où vos populations sont majoritaires; sous prétexte qu’il y ait un étudiant francophone dans la salle. Un cas de plus en plus fréquent, d’ailleurs. Vos enseignants sont allés jusqu’à battre le pavé pendant des jours. Ont-ils seulement le droit de se plaindre, ceux-là? La copie corrigée au GCE A Level vaut 500F pour un enseignant de ce système. Vous savez combien cette même copie coûte chez les francophones? Allez un peu vous renseigner.
Donc, qu’on me dise aujourd’hui qu’il y a un prétendu problème anglophone, cela me répugne. Ça m’horripile. Vous devez comprendre que si le français parait plus usité que l’anglais, c’est tout simplement parce qu’il y a un nombre important d’individus qui la parlent (8 régions sur 10). Vous avez accepté délibérément de faire corps avec nous. Alors, soyons uns et indivisibles et loin de nous toute tentative de sécession (c’est bien vers cette destination que vous risquez de conduire le pays si vous ne mettez pas un terme définitif à vos revendications.
Cordialement.