L’émission dominicale « Club d’Élites » sur Vision 4, a consacré son édition à la célébration du quarantième anniversaire du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Le thème central de l’émission, « 40 ans du RDPC : le parti peut-il se réinventer ? », a suscité un débat sur la longévité de ce parti politique, qui a accédé au pouvoir le 24 mars 1985, alors que son fondateur, Paul Biya, occupait déjà la présidence de la République depuis novembre 1982, soit depuis trois ans.
« Un militantisme centré sur la louange de Paul Biya »
Dès sa création, l’adhésion au RDPC s’est souvent apparentée à une stratégie de gestion du pouvoir plutôt qu’à une démarche d’accession, contrairement aux pratiques habituelles des partis politiques. Cette approche a entraîné une course aux adhésions, parfois au détriment des principes du parti, tels que la rigueur dans la gestion et la moralisation des comportements. Quarante ans plus tard, le sociologue Claude Abe observe que « les militants se sont emparés des institutions et de l’État, qu’ils manipulent à souhait ». Il dénonce un militantisme centré sur la louange de Paul Biya et un parti marqué par la bureaucratie et l’influence des anciens fonctionnaires.
Claude Abe soutient que le RDPC n’a jamais fonctionné comme un parti politique traditionnel, mais plutôt comme une administration où « les nominations se font en fonction de la proximité avec le parti ». Il en conclut que les faits observés tendent à confirmer que « le RDPC est un parti-État ».
Un point de vue que le politologue Aboya Manasse, vice-recteur de l’université de Yaoundé I et militant du RDPC, a réprouvé. Il a présenté le RDPC comme un parti en constante évolution, respectueux de la séparation des pouvoirs et engagé dans la démocratisation de la société camerounaise. Tout en contestant l’idée que le RDPC soit un parti-État, il a souligné que Paul Biya, figure de proue du parti, se prépare à briguer un nouveau mandat.