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Richard Makon : « L’alternance politique constitue l’une des conditions nécessaires à la démocratie »

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Dans une tribune publiée sur la toile le mardi 18 août 2020, l’analyste politique Richard Makon parle de l’alternance. Selon le juriste, l’alternance est une condition nécessaire pour une réelle démocratie.


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Richard Makon – capture photo

« Etymologiquement, alternance vient du latin alternus, qui signifie alternatif, et qui renvoie à l’idée de ‘‘l’un après l’autre’’, successif, terme venant lui-même de alter, qui veut dire ‘‘autre’’. L’alternance est donc l’action d’alterner, de se succéder dans le temps de manière régulière. Raison pour laquelle l’alternance politique correspond à la situation d’un régime politique où des courants, des tendances ou des partis politiques différents se succèdent au pouvoir. C’est le cas lorsque la majorité politique est renversée par l’opposition, dans le respect des règles constitutionnelles, à la faveur d’une élection législative ou présidentielle, par exemple. Il ne fait aucun doute aujourd’hui que la possibilité qu’il y ait une alternance politique dans un système et régime politiques donnés constitue l’une des conditions nécessaires à la démocratie », écrit-il.

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique.

INSAISISSABLE ALTERNANCE

C’est comme un refrain qui revient après chaque couplet de la sinistre symphonie que joue notre orchestre politique national depuis plusieurs décennies maintenant : Alternance, Alternance, Alternance !!! Ce cynique refrain, cacophonique à souhait, rappelle un air bien connu sous nos cieux, joué à son temps par l’une des plus belles voix de l’histoire culturelle de notre pays, au moment où, vaste leurre, semblait s’allumer, comme une sibylline promesse, les lampes de notre démocratie : liberté, liberté, liberté !!!

Mais plus de trois (03) décennies après cette ode à la liberté, jamais le peuple camerounais n’a été aussi captif, privé non seulement de la jouissance d’une véritable liberté, embastillé dans une immense prison sans murs ni toit, confiné dans un espace public plus rétrécis que jamais, un champ de liberté plus réduit que jamais, avec des droits de l’homme violés à souhait, des perspectives d’avenir plus obscurcies que jamais.

Pour approfondir :   [Tribune] : Christelle Nadia Fotso : « Il vaut mieux Shakiro que Njitap »

Comme dans un concours de chant, dans un kermès de bidonville, pris d’assaut par des saltimbanques de la plèbe, des chanteurs mal inspirés, guidés par un orchestre mal rodé, fredonnent des airs aux gammes opposées.  Les uns, confinés dans une gamme haute, les cordes vocales persiflantes, fredonnent un chant de ralliement pour l’alternance, les autres, vautrés dans une gamme basse, les voix rouillées, murmurent une incantation pour la perpétuation de l’ordre gouvernant. Jamais paradoxes, contradictions  et oppositions ne s’étaient autant exprimés.

Le Cameroun est à la croisée des chemins, et si l’on peut, tous et chacun, prédire laquelle des parties de l’orchestre l’emportera, bien malin celui qui peut en fixer le moment.

Mais si le débat de l’alternance se pose et s’impose au fil des jours comme point central de la discussion sur l’avenir politique de notre pays, les angles d’approche du débat diffèrent aussi d’un camp à l’autre, laissant percevoir d’importantes divergences sur la nature, le rôle, la place, fonction, l’utilité, l’usage de cette alternance querellée.

Etymologiquement, alternance vient du latin alternus, qui signifie alternatif, et qui renvoie à l’idée de ‘‘l’un après l’autre’’, successif, terme venant lui-même de alter, qui veut dire ‘‘autre’’. L’alternance est donc l’action d’alterner, de se succéder dans le temps de manière régulière. Raison pour laquelle l’alternance politique correspond à la situation d’un régime politique où des courants, des tendances ou des partis politiques différents se succèdent au pouvoir. C’est le cas lorsque la majorité politique est renversée par l’opposition, dans le respect des règles constitutionnelles, à la faveur d’une élection législative ou présidentielle, par exemple. Il ne fait aucun doute aujourd’hui que la possibilité qu’il y ait une alternance politique dans un système et régime politiques donnés constitue l’une des conditions nécessaires à la démocratie.

Pour approfondir :   Dieudonné Essomba : « dans un pays fédéral ou dans un pays unitaire, on regroupe toujours les gens qui se ressemblent »

Elle témoigne en effet de l’existence de libertés politiques et d’un régime pluraliste où le parti au pouvoir accepte de se retirer en cas de défaite électorale. L’alternance a pour conséquence de renforcer la légitimité de la Constitution et l’adhésion des citoyens au régime politique. L’alternance politique peut avoir une portée restreinte s’il n’existe pas de différences significatives entre les programmes de la majorité et de l’opposition. L’alternance consiste alors uniquement en un changement d’équipes dirigeantes.

Mais dans une société bloquée, dans laquelle les institutions en charge des processus politiques semblent paralysées, les règles juridiques viciées, les mécanismes d’ouverture et de changement verrouillés, par quelle visage et sous quelle forme se présentera cette alternance ?

Chronique précédemment publiée à « Mutations »

NB : Richard Makon est Juriste et  Enseignant/Chercheur, à Université de Douala. Il est aussi Ecrivain et Expert en question de développement.

 


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