Cher Samuel, nul besoin ici de démontrer toute l’admiration que je te porte. Cette capacité à renaître en dépit des difficultés, cette volonté de réussir, cette envie de s’affirmer autant d’éléments qui ont fait de toi non seulement l’une des fiertés de tout un continent mais également un symbole du dépassement de la condition d’opprimé.
Mais Samuel, il est de mon devoir de te dire qu’aujourd’hui tu es plus un sujet de divertissement, d’assujettissement et de brutalisation des consciences qu’un espoir, un modèle ou une valeur. Tu es utilisé par le pouvoir pour distraire le peuple camerounais de ses préoccupations les plus élémentaires. A savoir: le respect de la vie, l’accès à l’eau, l’électricité, aux services de premières nécessités.
Tu peux avoir l’illusion de penser que les dernières images qui circulent sur la toile font de toi un héros. Non Samuel. Tu minimises les capacités d’un pouvoir patrimonial tel que celui de Yaoundé à instrumentaliser des sujets dans le but de divertir les masses.
Remarque bien. Après plusieurs mois, ils ont attendu l’affaire Monique pour rendre un verdict en ta faveur après avoir orchestré ton lynchage médiatique y compris sur les réseaux sociaux. Et toi et moi nous le savons. Quelques jours après et dans une situation de tension c’est MTN qui t’érige en marque. Tu ignores peut-être les liens qu’il y a entre le capital et les pouvoirs politiques mais retiens qu’ils sont très profonds.
Je ne suis pas un fanatique désincarné. Je ne suis pas un suiveur abruti. Je ne suis pas un objet je travaille en permanence pour être sujet. Et le processus d’auto subjectivation est très complexe et nécessite beaucoup de distance. Il est déplorable de voir la distance que tu as par rapport aux problèmes de tes compatriotes. L’argent ne vaut pas la conscience. Les dons ne remplacent l’éveil.
Tu restes systématiquement silencieux sur toutes les crises qui traversent la société camerounaise, mais tu éprouves un plaisir inouïe à parler de racisme. Je vais te dire tu ne seras jamais respecté ailleurs si tu n’arrives pas à participer à la transformation du chez toi. Il existe une relation dialectique entre pauvreté et racisme.
Samuel il est peut-être temps pour toi d’apprendre également à dire la vérité comme Richard Bona s’est récemment engagé c’est comme cela que tu auras définitivement participé à changer la condition de tes compatriotes.
Fraternellement.
© Boris BERTOLT