Lors de son passage dans l’émission Le débat africain sur RFI, Samuel Eto’o a explicité les problèmes qui freinent l’évolution du football africain et camerounais non sans évoquer les difficultés qui l’empêchent d’œuvrer dans ce sens.
Pour l’ancien capitaine des lions indomptables, l’émergence du football continent devrait partir du niveau local.
«Développer le football africain dépend de chaque fédération. Mais, il y a les mauvais dirigeants, et ça c’est la première chose. Parce que, si vous voyez, nos fédérations sont très pauvres, et elles s’appuient sur nos États. Or, la priorité de nos États ce n’est pas le football. Et bien même lorsqu’il y a des fonds alloués pour le football, il y a beaucoup de chantage, il n y a pas une vision, il n y a pas une politique pour développer le sport ou le football en particulier», argue d’emblée Eto’o.
«Je te prends l’exemple du Cameroun une fois de plus. Moi, quand je décide un peu de me mêler de ces choses, Me Happi, qui arrive à la tête de la Fédération (dans le cadre d’un mandat de normalisation, NDLR), il n y a avait pas une comptabilité traçable où on pouvait voir ce qui se passe, il crée une comptabilité. C’est une réalité qui est là aujourd’hui. La fédération aujourd’hui essaye de fonctionner, le football jeune a repris au Cameroun, je discute tous les jours avec ceux qui s’occupent du football chez nous pour leur dire, le plus important pour nous, c’est de développer notre championnat. Parce que, les gens se focalisent sur l’équipe nationale. Les gens en Afrique, ils ne s’occupent que de nos équipes nationales et ils oublient le football local», poursuit–il
«La seule chose qui intéresse ses dirigeants c’est de voler»
«Quand je dis les gens, ce sont nos dirigeants, ce sont les politiciens qui doivent soutenir ce football. Pourquoi, quand vous regardez nos équipes nationales, nous avons des binationaux qui viennent qui sont à 80, 92% . D’autres qui ne savent même pas chanter l’hymne nationale, ils sont là. Ils ont le droit d’être camerounais, je ne dis pas le contraire, mais ce que nous devons développer, c’est le championnat pour que ce championnat nous permette de mettre des joueurs dans les différentes équipes nationales et permettre à cette équipe nationale de ne pas vivre un certain chantage. Mais quand tu dis ça au Cameroun, ils disent : lui, il dit ça parce qu’il est riche. La seule chose qui intéresse ses dirigeants c’est de voler. Ils n’ont aucune vision. Quand tu viens, tu dis j’ai besoin d’un entraineur qui vient et me réorganise toutes les équipes nationales pendant », ajoute l’homme aux 139 buts sous le maillot du FC Barcelone s’agissant du cas précis du Cameroun.
Eto’o voulait changer les choses
«Quand tu viens en sélection, ce n’est pas parce que tu es l’ami de tel. Moi j’ai vécu ça pendant 10 ans où il y avait un clan de personnes qui voulaient jouer entre eux portant les meilleurs n’étaient pas dans ce clan, il y avait un ou deux joueurs qui méritaient de jouer. Vous ne pouvez pas prendre un groupe d’amis et les mettre pour défendre 25 millions de camerounais. Alain, un de tes amis ministre ma carrément menacé lors du truc qu’ils ont organisé entre eux pour dire c’est Samuel le fautif », ajoute Eto’o.
Le présentateur Alain Foka affirme ne pas connaitre le ministre dont il fait allusion, Eto’o quant à lui réagit en indiquant que les présidents de fédérations pour développer leur football doivent prendre leurs responsabilités et ne pas laisser les ministres des Sports s’ingérer dans la gestion interne.
Il raconte in fine les écueils auquel il est confronté quand il souhaite améliorer les choses.
«J’étais beaucoup plus jeune et j’admirais une certaine équipe du Cameroun avec beaucoup de joueurs qui jouaient localement et cette équipe nous a fait rêver. Je suis arrivé, je voulais changer les choses, mais quand vous avez des anciennes gloires qui touchent un million alors que vous ne voyez pas un bâtiment de la fédération, je veux stopper ça et je dis non, il nous faut un bâtiment digne du Cameroun, il nous faut des stades, il faut que des jeunes qui viennent en sélection aient un centre comme Clairefontaine. Ces gens se retournent contre moi et disent, c’est parce que Samuel nous a enlevé nos salaires», conclut le quintuple Ballon d’Or africain