Dans une publication sur son mur Facebook, ce dimanche 31 mars 2019, l’analyste politique parle de la morale publique qui est de plus en plus bafouée au Cameroun. Le doctorant en science politique montre que l’Etat est pris en otage, mais souligne que cet Etat ne peut pas tomber au gré des intérêts égoïstes. Ci-dessous, l’intégralité de cette chronique politique.
DE LA MORALE PUBLIQUE EN GROS.
Les services civique et militaire obligatoires, les coutumes, les religions traditionnelles et les récits biographiques des héros et figures emblématiques du passé inculquaient au citoyen le sens de l’intérêt national, l’éthique du Bien public, le dépassement de soi et les valeurs patriotiques du sacrifice suprême pour l’État. En ces temps mémorables de notre enfance, la seule évocation de noms tels que Samory Touré, Lumumba, Kankan Moussa, El Hadj Omar Tall, Minelik II, Chaka Zulu, Martin Paul Samba, Um Nyobé, Rey Bouba, déclenchaient en chacun de nous une chimie de frissons chauvinistes et une éthique de la responsabilité nationale et panafricaine. Aujourd’hui, des fonctionnaires indélicats de la fortune publique, des politiciens aventureux et leurs coteries partisanes, de mêmes que des journalistes à gages et intellectuels organiques sans vergogne se binent pas mal de la continuité de l’État et des générations futures. À peine s’ils ne veulent pas construire leur faux charisme sur la désolation de ceux qui pleurent par l’exploitation d’un peuple rendu vulnérable par le rachitisme économique et le recul éducationnel. Sans aucune respectabilité révérencielle pour les emblèmes et les sceaux de l’État, des quidams brûlent le drapeau, sont prêts à comploter contre la nation, pendant que des critiques invétérées sabordent journellement la noblesse du pays à l’international et dans les réseaux sociaux. Des prophètes du malheur souhaitent le chaos à l’État en attisant des querelles et en entretenant des antagonismes de frustration entre riches et pauvres ou entre groupes communautaires. Au nom de la visibilité sociale, de l’affirmation de soi et de la satisfaction de bas instincts épidermiques ou tribalistes on peut avec légèreté jeter en pâture l’édifice national. Chacun veut, tel un mercenaire des légions coloniales, et à l’aune de la conquête ou de la consolidation du pouvoir truander les ressources potentielles, vandaliser les institutions, vampiriser et terroriser les populations et pourquoi pas privatiser l’État en Afrique dans la mesure du possible. Le comble est que parfois, c’est ceux qui ont le plus fait du mal à l’État ou trahi la cause commune qui sont adulés, craints ou crédités de meilleurs profiles pour la gestion des hautes charges administratives par des médias caporalisés et une opinion manipulée. Il faudrait que chacun, en âme et conscience, et en tenant d’ailleurs pour inéluctable les changements sociaux, le tribunal de l’histoire et le développement concurrentiel des pays industrialisés ou émergents travaille à la conservation des acquis et à la quête de la sécurité, de la paix et de la réalisation de tous. On ne supplie d’ailleurs personne à cet effet. La république ne se négocie pas. L’État ne mourra pas. On ne saurait vouloir le prendre en otage qui que l’on soit ; opposant, groupe politique dirigeant, clan familial, hommes d’affaires et réseaux mafieux. L’État est sacré, incessible et transcendantal. Que l’histoire des autres nous enseigne ; et que le petit souffle de vie, le petit carnet d’adresses, le petit compte bancaire, les petites vues et likes sur internet, la petite ceinture militaire, les petits gris-gris, les vacillants pistons extérieurs et les flagorneries de griots ne trompent personne. Tous les hommes sont mortels or Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel.