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« Le refus de l’aide de la France par le Maroc, pourtant endeuillé est un cinglant revers dans l’histoire de la coopération et de la diplomatie humanitaire.
C’est un peu comme si quelqu’un que vous croyez vulnérable ou en détresse; peut-être même que vous regardez du haut de vos moyens, ou avec lequel vous croyiez encore être en harmonie vous interdisait d’aller pleurer ses morts ou de venir l’assister dans les moments de douleur et de malheur. Et qu’au même moment, il accepte les gestes de solidarité et des messages de condoléances d’amis moins classés que vous sur l’échelle de prestige.
C’est donc un rejet symboliquement plus violent que les manifestations contre sa présence militaire au Niger, au Mali et au Burkina Faso. L’illustration la plus parfaite du « Je t’aime … moi non plus » du titre phare de de Jane Birkin et Serge Gainsbourg.
Même si on pourrait expliquer cette attitude narquoise du royaume chérifien par le refroidissement des relations avec l’Élysée du Président Macron qui ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ou par une volonté de rupture avec le paternalisme colonial selon une analyse de Solina Prak et Béatrice Hibou (2023), il faut dire que cette résistance idéologique est surtout un signal fort sur le fait que l’Afrique imposera désormais le respect à la face du monde et ne s’accomodera plus des regards condescendants qui font d’elle la figure du mendiant et de l’éternel assisté sur la scène internationale. Et mieux, qu’elle saura désormais discerner les dons philanthropiques des aides liées qui sont parfois un prétexte à l’ingérence et à des conditionnalités économiques et politiques ».
Siméon Roland Ekodo Mveng, politologue