Au cours de son passage ce dimanche 10 mars 2019 à l’émission l’Arène diffusée sur les antennes de la chaine de télévision privée camerounaise Canal 2 international, la journaliste et militante de l’Union des populations du Cameroun, Henriette Ekwe a fait certaines déclarations qui ne font pas l’unanimité au sein de l’opinion publique nationale.
Dans une missive qu’il a intitulée, « Mes réponses rapides à Henriette Ekwe », Boris Berthold, revient sur cette sortie médiatique d’Henriette Ekwe pour apporter des précisions à ce qu »il a qualifié « d’absurdités ».
Lebledparle.com vous livre l’intégralité de la lettre de Boris Berthold
Mes réponses rapides à Henriette Ekwe.
J’étais en train de bosser sur toute autre chose lorsque j’ai été frappé par ce que je vais qualifier d’absurdités venant de la bouche d’une actrice jugée très crédible dans les luttes pour les libertés au Cameroun. C’est justement parce que je ne doute pas de votre crédibilité que je prends soin de vous faire ces clarifications sommaires. Maurice Kamto n’est certainement pas un homme parfait, mais apprenez à donner à CÉSAR, ce qui est à CÉSAR.
1— Maurice Kamto n’a pas d’expérience politique
Chère Henriette Ekwe, venant de la bouche d’un militant du RDPC ça passe. Venant d’un étudiant en premier cycle à l’université ça passe. Mais venant d’une vieille militante de l’opposition ça ne passe pas. Vous voulez certainement faire référence aux années 1990 pour parler de mobilisation. Mais vous faites volontairement abstraction du fait que dans les années 1990, Maurice Kamto fait également partie des penseurs de l’opposition. Maurice Kamto est également l’un des architectes des mobilisations. John Fru Ndi était certes le leader comme on en a besoin dans toutes les organisations, mais il y a autour des leaders des idéologues, des stratèges, des activistes. Et tout le monde joue sa partition à son niveau. C’est ce qu’on appelle l’organisation. Donc en termes d’expérience, Maurice Kamto a une expérience politique. Tout se passe comme si dans cette obscurité politique et intellectuelle, des acteurs travaillent au quotidien à l’effacement de la mémoire.
2- Maurice Mamto ne mobilise pas les foules à cause de son manque d’expérience
Chère Henriette Ekwe, vous qui avez de l’expérience, pourquoi vous ne mobilisez pas alors ? Pourquoi Fru Ndi et Ndam Njoya qui ont de l’expérience ne mobilisent pas ? Il faut arrêter le populisme. Les foules mobilisées par Maurice Kamto pendant la campagne électorale et après les élections présidentielles montrent qu’il mobilise. Une analyse minutieuse de ses meetings pendant toute la campagne présidentielle vous aurez permis de comprendre que c’est l’homme politique qui mobilise le plus.
La question n’est pas celle de la capacité de Kamto à mobiliser, mais celle des Camerounais à s’indigner. Et la réponse à cette question est très simple. 36 ans de dictature de Biya a créé un contexte de peur, de zombification, d’aliénation qui rendent encore les Camerounais inaptes à des mobilisations massives. Mais, le travail de Maurice Kamto notamment à travers les différentes mobilisations et la structuration de son parti vise justement à politiser une société dépolitisée. Ne méprisez pas ceux qui font où vous avez échoué. D’ailleurs où étiez-vous en 2011 lorsque Kah Walla voulait être la première femme présidente ? En 2018 vous direz que vous étiez malade. Mais la vérité c’est qu’historiquement il n’y a pas un seul évènement pouvant nous permettre de juger votre capacité de mobilisation. Apprenez à respecter le travail des autres dans ce pays.
3— Maurice Kamto était au gouvernement lors des émeutes de 2008
Il y a quelque chose de fascinant dans cette rhétorique populiste. Ceux qui la tiennent donnent l’impression que les hommes qui gouvernent sont des extra-terrestres. Même Fru Ndi était même de l’UNC qui tout comme le RDPC peut être accusé de nombreux crimes. Mais est-ce pour cela que Fru Ndi n’a pas incarné l’espoir de libération en 1990 ? Quand Biya arrive au pouvoir en 1982, les Camerounais n’ont-ils pas été enthousiasmés alors qu’il était le Premier ministre de Adhidjo. Macky Sall au Sénégal, Ouattara en Côte-d’Ivoire les cas sont légions. Appartenir à un gouvernement ne saurait être un facteur pour tuer toute ambition. Car un ministre n’est rien d’autre qu’un serviteur. Il exécute. En plus, Maurice Kamto était ministre délégué auprès du ministre de la Justice qui n’était rien d’autre qu’Amadou Ali. Quel pouvoir avait-il en 2008 ? Vous faites semblant d’ignorer que Maurice Kamto est entré au gouvernement principalement pour suivre le processus de rétrocession complet de la péninsule de Bakassi. Lui qui est l’un des architectes de la victoire du Cameroun face au Nigéria.
4— Les lois liberticides et Maurice Kamto
Encore des affabulations de sous-quartier. Maurice Kamto n’est plus au gouvernement lorsque la loi antiterroriste est adoptée en 2014. Lorsque vous échouez déjà à ce niveau. Tout le reste n’illustre que la mauvaise foi. Pour votre gouverne, les lois peuvent ne pas être mauvaises dans leur élaboration. Mais ce sont les usages politiques à des fins hégémoniques qui les rendent mauvaises.
Au final, je comprends qu’aujourd’hui insulter Kamto construit une certaine crédibilité chez un certain nombre d’acteurs politiques. Mais, le drame c’est lorsque des figures crédibles tombent dans ce jeu macabre d’autoflagellation des forces du changement. C’est tout simplement regrettable. C’est vrai qu’après votre accident en Guinée Équatoriale, Paul Biya vous a aidé, mais cela ne justifie rien d’ici.
BORIS BERTOLT
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