L’historien camerounais, sollicité par Emmanuel Macron pour préparer l’échange que le président français entend avoir avec la société civile lors du prochain sommet Afrique-France, en juillet 2021, a expliqué au micro de Jeune Afrique, les raisons qui l’ont poussé à accepter cette mission.
Achille Mbembe a été choisi par Emmanuel Macron pour préparer l’échange « libre et sans tabou » qu’il entend avoir avec la société civile, lors du prochain sommet Afrique-France, à Montpellier comme le relevait Lebledparle.com dans un précédent article. Une mission pour laquelle l’auteur de « Brutalisme » a marqué son accord. Car, dit-il, après soixante ans, nous sommes brutalement projetés dans un autre cycle de notre histoire commune. Et élaborer des propositions fortes permettant de redéfinir ces relations ankylosées, est un projet nécessaire, raisonnable et urgent.
« Depuis 2017, le président Emmanuel Macron a constamment affiché sa volonté de redéfinir ce qu’il appelle « les fondamentaux de la relation entre l’Afrique et la France ». Il a posé un certain nombre d’actes dont chacun est libre d’apprécier la teneur. Par exemple, il a demandé à Felwine Sarr et Bénédicte Savoy un rapport sur la restitution des objets d’art africains qui a fait date. À N’Goné Fall, il a confié la conception et la réalisation de la Saison Africa2020. Il a entrouvert la digue du franc CFA, même si beaucoup estiment que c’est au prix d’un sabotage de l’eco. Sur l’éventuelle implication de la France dans le génocide desTutsi au Rwanda, il a également fait un pas, et l’on attend la publication du rapport qu’il a commandé », affirme-t-il.
« Certains diront que ce ne sont que des gestes. Ils ont peut-être raison. Sur chacune de ces questions, il reste en effet un long chemin à parcourir. Mais c’est aussi à nous de faire en sorte que ces gestes ne soient ni anodins ni sans conséquences. Pour cela, il ne faut pas se croiser les bras et attendre que la manne tombe du ciel. Maintenant, il veut mettre à profit le Nouveau Sommet Afrique-France, qui se tiendra à Montpellier les 9 et 10 juillet prochain, pour ouvrir un dossier encore plus capital. Au cours de ce sommet, il veut avoir un dialogue direct et ouvert avec les jeunes générations. Le but de ce dialogue est de questionner les fondamentaux de cette relation aux fins de la redéfinir ensemble », soutient l’intellectuel d’origine camerounaise avant d’ajouter,
« Il a donc souhaité que je l’accompagne dans cette démarche et m’a demandé si j’accepterais de préparer ce dialogue en amont en pilotant un cycle de discussions qui se déroulera dans douze pays africains et dans la diaspora autour de thèmes d’intérêt commun ».