Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac pense qu’il n’envisage pas suivre les sentiers de l’Afrique de l’Ouest, même s’il a reçu des directives des chefs d’État de la sous-région Cemac d’engager des réflexions allant dans ce sens.
Le récent sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernements de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), tenu à Yaoundé en novembre 2019, avait donné le ton de la nouvelle orientation monétaire envisagée par les dirigeants. Le communiqué final de ce sommet révélait « la volonté des Chefs d’État et de gouvernements de disposer d’une monnaie commune, stable et forte ». Dans le même ordre d’idées, les chefs d’État et de gouvernements avaient conséquemment chargé la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), sous la supervision de l’Union monétaire d’Afrique centrale (Umac), de proposer dans les délais raisonnables un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune.
L’annonce de l’abandon du FCFA par 8 États de l’UEMOA (Union monétaire et économique d’Afrique de l’Ouest) a provoqué une secousse en zone Cemac. Bien que parfaitement informé de l’évolution de la situation monétaire en Afrique de l’Ouest, « les dirigeants d’Afrique centrale envisagent désormais accélérer le processus de réformes engagées dans la sous-région », apprend lebledparle.com du journal EcoMatin.
En visite de travail à Douala, le 18 décembre 2019, le gouverneur de la Beac s’est prononcé sur le sujet, interrogé par le journal d’Émile Fidieck. A la question de savoir quelle était la position de la Beac sur la dynamique de sortie du FCFA engagée par l’Afrique de l’ouest, Abbas Mahamat Tolli répond : « la Cedeao est dans une vision d’extension de sa zone. Nous n’avons pas les mêmes réalités économiques et financières. L’Afrique centrale n’est pas dans une dynamique d’extension. La Cemac discutera de l’évolution de son cadre monétaire le moment venu. Nous n’allons pas par mimétisme suivre l’Afrique de l’Ouest ».
Avec l’accélération du processus de sortie du FCFA par les États d’Afrique de l’ouest, la zone Cemac est quasiment dans l’obligation de suivre le train de la réforme monétaire. De sources informelles, des tractations de haut niveau sont en cours entre la Cemac et la France sur la question. Elles annoncent d’ailleurs l’arrivée imminente d’une importante délégation française au Cameroun, locomotive de l’Afrique centrale. Délégation conduite par Jean Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Le plénipotentiaire français viendrait préparer la visite d’Emmanuel Macron, dans la perspective d’une importante annonce calquée sur celle du 21 décembre 2019 à Abidjan.