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Succès musical : Le paradoxe Nyangono du Sud

Nyangono du Sud

Alors que sa musique était jusqu’ici décriée et moquée, l’artiste bénéficie désormais d’un assentiment populaire depuis la sortie de sa dernière chanson.


Nyangono du Sud
Nyangono du Sud – capture photo

Le beat est entraînant. Le « mix » porte la signature d’un dénommé Arrangemento. Le pas de danse déconcertant vient d’une autre planète. Le danseur fait bouger ses bras à l’image d’un canard qui agite ses ailes à la verticale avec des gestes secs, sans pour autant s’envoler. Les jambes suivent le rythme, mais avec un peu plus d’élégance et moins d’agitation. Le look, atypique, met dans une harmonie loufoque une main gantée, des lunettes fumées, une veste ou un pantalon portant la signature de Batman et un crâne chauve traversé par une crête basse.

Vient ensuite la voix dont le timbre ferait se retourner Tom Yom’s dans sa tombe. Nyangono du Sud chante faux. A tel point que ça en devient une qualité pour lui. Le texte dit – au lieu d’être chanté – alterne, sans transition, des paroles tantôt obscènes tantôt très éducatives. Il agrémente cette envolée lyrique qui ne respecte aucune norme connue jusqu’ici par des cris devenus épiques. « Wayaaaye ! Wayayouille ! », lance-t-il avec vigueur. Et aux sceptiques qui tardent à rejoindre le mouvement, le chanteur rappelle que « Ça a déjà commencé ».

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Face à ce spectacle, des mélomanes font valoir leur ouïe musicale fine. Laquelle les oblige à crier au scandale. Quelques-uns déplorent la « pitrerie » dans laquelle verse l’artiste. Certains musicologues en viennent à perdre leur latin devant cette espèce d’oiseau aux allures d’hirondelle, mais qui chante comme un corbeau.

Les ondes négatives sont donc chargées, mais la vague déferlante Nyangono du Sud est beaucoup trop puissante. Elle détruit d’une simple frappe les murailles en béton armé de la logique qui gouverne l’art musical. Le père du « Foup fap » connaît un franc succès populaire depuis que son dernier titre est sur le marché. Sollicité de toute part, il vogue de plateau de télévision en plateau de télévision, multiplie les interviews et enchaîne les spectacles.

Des compagnies de téléphonie mobile se positionnent déjà à l’effet de profiter des retombées d’une telle popularité. Le nom de Nyangono du Sud est en effet à lui tout seul un motif de buzz sur les réseaux sociaux. Lequel est accentué par ses publications teintées de fautes de grammaire et d’orthographe, et surtout d’humour sur Facebook et Twitter.

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De plus, des internautes n’hésitent pas à publier des vidéos d’eux en train de se trémousser au rythme du « Foup fap ». Cerise sur le gâteau, plusieurs artistes, hommes et femmes de culture semblent avoir adoubé celui qui se fait appeler « Le lion du Sud ». Tenor, Blanche Bailly, Mani Bella, Moustik Karismatik ou encore Ruby comédienne, tous ont clairement affiché leur soutien à Nyangono du Sud, que certains refusent pourtant encore pour l’instant d’appeler « Artiste ». Du reste, l’on assiste à un face à face entre les fans de l’artiste et ses pourfendeurs. La bataille a déjà commencé.

*In Mutations n°4805 du 01 mars 2019, extrait dossier Nyangono du Sud.


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