La conversation entre le Président camerounais et les diplomates américains en poste à Yaoundé a été rendue publique par le site Wikileaks et relayée par l’hebdomadaire Jeune Afrique dans son édition n° 2727.
Selon ce magazine international, Janet Garvey, ex-Ambassadeur des Etats-Unis aurait échangé avec Paul Biya au sujet de sa retraite. «Nous avons tant à nous dire!», aurait murmuré Paul Biya à la Diplomate américaine lors d’une cérémonie. On apprend également en lisant l’article du magazine de Béchir Ben Yahmed, et d’après les confidences faites à l’Ambassadrice par le Chef de l’Etat camerounais, que ce dernier «accorde beaucoup d’importance à la discipline». Les mêmes confidences de Paul Biya à Janet Garvey font dire que les Camerounais originaires du Grand Nord y sont plus enclins que les autres. D’après la diplomate, le Chef de l’Etat camerounais déplore l’absence de cette vertu au sein des Lions indomptables. Discipline, mais aussi loyauté sans faille de la part de ses collaborateurs. L’auteur de l’article se souvient que l’homme du 6 novembre 1982 s’était déjà lamenté auprès du précédent Ambassadeur des Usa, Niels Marquardt, dans un câble du 09 avril 2007. «Je ne demande que deux qualités aux Ministres: compétence et intégrité», rapportait alors l’Américain, qui a quitté le Cameroun en août 2007 pour Madagascar. Mais, souvent, poursuivait le Diplomate, il lui a fallu choisir entre l’une et l’autre. Il faut rappeler qu’un premier document avait été publié par Janet Garvey à la suite de ses entretiens avec les Ministres Amadou Ali et Marafa Hamidou.
Après ce rapport fait par l’Ambassadeur Janet Garvey, un autre document a été mis sur la place publique. Il s’agissait d’un rapport sur les possibles Présidents de la République, qui a été rendu public à la veille de la dernière élection présidentielle au Cameroun. C’était en fait un passage en revue de successeurs potentiels de Paul Biya, présenté par Niels Marquardt au département d’Etat américain et qui distinguait alors cinq grands groupes de personnalités: le successeur constitutionnel, les propres, compétents et bien placés, les corrompus puissants, les chevaux noirs et les leaders de l’opposition.
Candidat des Occidentaux?
Selon le rapport de Niels Marquardt, Cavaye Yeguié Djibril est un pion important au sein du Rdpc du fait qu’il appartient au grand Nord dont la population est importante. Le même rapport ajoute qu’il jouit aussi de la confiance du Président. Quant à Marafa Hamidou Yaya, le document révélait qu’il a de la personnalité, est dynamique et plein d’énergie. A la veille de l’élection présidentielle de 2011, les confidences de Niels Marquardt laissaient croire que l’ancien Minatd «entretien d’excellente relations avec les Ambassades des Etats-Unis, de France, Chine, Japon, Royaume Unis, etc. Son intelligence et son efficacité font de lui le meilleur de tous les candidats possibles à la présidentielle. Il est le seul candidat à avoir confié à l’Ambassadeur qu’il nourrit cette ambition. Il est aussi le candidat des Ambassadeurs européens au Cameroun». Dans le cas d’Amadou Ali, le rapport du Diplomate américain indiquait que depuis le début de campagne de lutte contre la corruption au Cameroun, il «jouit d’un large soutien du public. En même temps, il se fait plusieurs ennemis. Amadou Ali a une forte réputation d’homme intègre et compétent. Même s’il ne manifeste ouvertement aucun intérêt pour la Présidence de la République, sa réputation fait de lui le choix des personnes qui sont fatiguées des membres corrompus du gouvernement et sont à la recherche d’une personne de confiance». Et le document d’ajouter que «ses principales faiblesses sont: son faible niveau d’éducation et sa non connaissance de l’anglais. Il fait partie des Ministres les plus accessibles par les Ambassadeurs et on le voit souvent lors des manifestations diplomatiques. Il est membre du gouvernement depuis 1985 et a servi comme Ministre de la Défense, Secrétaire d’Etat à la Présidence et Ministre de la Justice et vice-Premier Ministre».
Aujourd’hui dans de sales draps parce qu’éclaboussé par l’affaire des 800 millions de FCFA, les Américains accusent l’ancien Ministre de la Justice, d’avoir détourné cette importante somme d’argent en faisant comprendre au Chef de l’Etat camerounais que les Américains, les Anglais, les Italiens, les Canadiens et bien d’autres ressortissants des pays du Nord avaient besoin de primes pour fournir des informations capitales sur l’argent que des hautes personnalités ont planté à l’étranger. Amadou Ali est ainsi appelé à justifier pourquoi et comment il s’est enrichi sur le dos des contribuables. En tant que gardien de la fortune publique, l’ancien Ministre de la Justice, n’était donc pas l’agneau qu’on a présenté à la face du monde, mais plutôt un loup. Ses longues années de collaboration avec Paul Biya n’ont jusque-là été qu’une partie de cirque.