Ngô-Ndé Liège est une plate forme qui réunit tous les ressortissants sans distinction aucune du département du NDÉ / Diba bô Ngùm vivant dans la ville de Liège et ses environs. Cette association, présidée par l’un des arrières petit-fils du Royaume de Bangangté,
le nommée Tâkigna Tchato, s’est fixée pour but de créer une chaine de solidarité et d’entraide entre ses membres tout en promouvant la culture, Diba bô Ngùm, qui pour tout peuple demeure le socle de l’épanouissement. C’est dans ce sens que le « Ngô-Ndé, Ngô koni » transcende les frontières géographiques et administratives et élargie son champ d’action dans l’univers DIBA Bô NGUM.
Votre Association « Ngô Ndé » est donc une promotrice de la culture africaine mais travaille beaucoup plus dans l’univers Diba bô Ngùm. Pourquoi « Diba bô Ngùm »? Pouvez-vous être plus explicite?
Vous savez le département du NDÉ sur le plan administratif et dans une stratégie purement géopolitique, compte treize (13) royaumes tandis que sur le plan culturel on en compte au moins une vingtaine. Je m’explique: prenons le cas du royaume BANGOU qui, sur le plan administratif se trouve dans le département des hauts-plateaux alors que la langue qui y est parlée est identique à celle qu’on retrouve dans le NDÉ et notamment chez les BALENGOU ,BATCHINGOU ,BAMENA et j’en passe bref ceux-là qu’on appelle encore les NGUM Prenons aussi le cas du royaume BATOUFAM dans le département du KOUNG-KHI c’est un royaume qui rejoint le clan des DIBA dans le NDÉ constitué de BANGANGTE, BANGOULAP, BAHOUOC, BAKONG pour ne citer que ceux-là. Sans oublier Bawouoc dans le département de la Mezam, Nord-Ouest.Voilà pourquoi nous au « NGô NDÉ Liège » tenons à transcender toutes ces barrières là pour retrouver ce peuple originel afin de mieux réfléchir sur l’avenir de nos royaumes et par là de notre pays.Et je tiens à rappeler ici que notre combat ne consiste pas à aller dans les archives administratives du Cameroun changer le Ndé en « DIBA BO NGUM », mais plutôt que les frères prennent conscience de ce coups historique que nous avons reçu et voir dans qu’elle mesure remettre la pendule à l’heure.
Dans le cadre de votre Association nommée « NGô NDÉ Liège », quels sont vos objectifs?
Je me souviens l’avoir dit d’entrée de jeu: solidarité, entraide, promouvoir la culture sont nos champs de bataille. Chaque peuple a une histoire et une culture. Alors que la mondialisation tend à tout emporter, il est urgent pour les peuples de valoriser leurs cultures respectives, de créer des plates-formes d’échange culturel. Ceci ne concerne pas seulement le NDE, mais l’Afrique tout entière. Il y a eut tellement de migrations chez nous au point ou il est possible pour nous de faire un bloc pour répondre à la mondialisation.
Pensez-vous sincèrement que la culture Diba bô Ngùm fera le poids face à l’invasion de la mondialisation?
Sans hésiter, je vous réponds par l’affirmatif, il suffit d’une conscience collective. Ne dit-on pas que la culture est la seule chose qui reste à un peuple lorsqu’il a tout perdu? Aujourd’hui, nous sommes face à une situation où notre instinct de survie devrait passer à l’action, mais nous continuons à baisser la tête et nous laisser charançonné.
Pour la toute première fois, Liège et ses environs vont vibrer au rythme d’une soirée culturelle des ressortissants africains en général et si je peux me permettre l’expression « Diba bô Ngùm » en particulier. Qu’est-ce qui vous a motivé à penser plutôt à une soirée culturelle et non à une soirée mondaine comme nous avons coutume ici en Europe?
Cette initiative cadre avec notre combat, et il s’agit là d’un pas de la résistance culturelle dont j’ai parlé tantôt. Notre responsable culturel a coutume de dire que la culture est une arme redoutable contre l’invasion. Nous, ressortissants Africains devrons multiplier des soirées culturelles qui ont pour vocation de présenter aux autres un mode de vie différent, et ceci est un soutien de poids au tourisme dans notre pays et continent. Vous convenez avec moi que les médias occidentaux présentent tout de nous, sauf ce que nous sommes réellement, et c’est à nous de répondre à cela de quelques façons que ce soit.
Votre chargé culturel, assis à côté de vous peut-il se présenter aux lecteurs et lectrices de camer.be. Ensuite préciser ce qu’il fait de particulier au sein de votre association?
Je suis Tadieunga Yogué, originaire de la chefferie Balengou.J’ai été entre autre: -de 2008 à 2010, président de l’association des élèves et étudiants ndé du littoral (ASSEENDEL),-de 2009 à 2010, secrétaire général du Kum nsti’ medumba en vue de l’organisation du festival des arts et de la culture medumba 2010,-Je suis actuellement le responsable du centre culturel, linguistique et touristique Diba bô Ngum qui travaille en étroite collaboration avec le Comité de Langue pour l’Etude et la Production des Œuvres Bamiléké Medumba (CEPOM), qui est un démembrement du PAAC (génie créateur de la sœur Lydie Seuleu « Tcho’sâ »), et qui travaille dans la création des projets en vue d’améliorer le niveau de vie de nos populations locales.-J’assume aussi le rôle du responsable culturel et conseillé du président du « Ngô Ndé Liège ».
Pourquoi parlez-vous les langues Diba bô ngùm pendant vos assises?
Nous n’utilisons pas les langues Diba bô Ngum pour nous exprimer, ce sont les langues Diba bô Ngum qui se servent de nous (rire), nous ne pouvons rien y faire.Ecouter, j’ai entendu le président dire tantôt que la culture est la seule chose qui reste à un peuple lorsqu’il a tout perdu. Je préfère le dire autrement: « On ne peut pas se libérer de la culture, mais il me semble qu’on peut se libérer par la culture ».On ne peut ne pas communiquer, et chaque peuple a un moyen originel pour le faire. Le notre c’est nos langues, nous ne pouvons aller nul part si nous attendons que d’autres nous passent la parole. Je le redis une fois de plus: « LA culture est une arme redoutable à l’invasion et la langue est l’âme d’une culture… ».Une décolonisation intellectuelle et spirituelle est urgente en Afrique, et passe par le retour à notre originalité.
Tâkigna Tchato, avez-vous un appel à l’endroit de notre jeunesse qui est sous l’emprise du mimetisme?
Le socle même de cette emprise c’est l’instruction, les enseignements qu’ils reçoivent dans les écoles et autres milieux où nous n’avons pas main mise (Internet, Télévision et bien d’autres). Nous n’avons pas le contrôle sur les supports d’enseignements et de formations que reçoivent nos jeunes. Ils sont donc des victimes d’un système qui les tient depuis la base. C’est pas toujours évident de lancer un appel à l’endroit des victimes, cependant, je me permets de leur dire de rester fidèle à leur identité originelle, d’y croire quelque soit ce qu’ils sont devenus. Et une fois de plus, je me permets de citer notre responsable culturel qui dit souvent: » la question n’est pas celle de savoir ce qu’on a fait de nous, mais qu’est-ce que nous faisons de ce qu’on a fait de nous…? »
Et pour ceux qui ont la chance d’avoir les parents, grands-parents ou arrières grands-parents à leur coté, de les écouter, ils sont pour la plus part du temps témoin des faits historiques, qui ne figurent pas toujours dans les livres; et quand bien même ils y sont, c’est avec quelques modifications et imaginations. Un vieillard est un répertoire des faits historiques.
Qu’avez-vous prévu pour la soirée du samedi 06 Octobre 2012 à Liège?
Étant donné que c’est la toute première soirée culturelle, nous devons commencer par le commencement (rire).
Nous allons dire à nos amis Belges, Français, Congolais, Ivoiriens et bien d’autres qui nous sommes, d’où nous venons.
Nous leur montrerons comment on chante et danse chez nous, qu’est-ce qu’on trouve chez nous, à quoi ca peut servir, et ensemble, nous allons partager l’art culinaire de chez nous. Au menu il y aura entre autres, KOKI, KONDRE, TAK AUX LEGUMES, TARO SAUCE JAUNE, BANANE MALAXE pour ne citer que ceux-la.
Vous faîtes saliver et rêver nos lecteurs et lectrices, Monsieur le président Tâkigna Tchato. Alors pour la dernière question, dites-nous, cette soirée du samedi 06 octobre prendra -t-elle définitivement fin le dimanche 07 octobre 2012?
Ceci n’est que le début d’une action que nous voulons étendre à l’échelle continentale de tel en sorte que tous les Africains de la diaspora soient capable de s’asseoir autour d’une table constituée de projets pour le vieux continent.