Communicateur, manager, entrepreneur culturel …, Taphis Offishal fait partie de la catégorie des ces « hommes de l’ombre », ces personnes qui participent à l’éclosion des talents et à leur vulgarisation.
En un an, il a su imposer sa compilation « Vibrations Urbaines » née en octobre 2013, comme l’une des principales compilations dédiées à la musique urbaine locale. Avec 4 volumes déjà édités, disponibles en support physique et digital, 80 titres et plus d’une centaine d’artistes participants, des millions d’auditeurs et des milliers de téléchargements à travers le monde, cette compile bénéfice depuis quelques semaines d’une application mobile, une première au Cameroun. Lebledparle.com est allé à la rencontre de ce passionné de musique, il nous parle ici de ce projet musical et de son regard sur l’évolution de la musique urbaine camerounaise.
Lebledparle.com : Bonjour Taphis et merci de recevoir la rédaction de le Lebledparle.com
Taphis : Bonjour. C’est moi qui vous remercie pour votre invitation à cet échange.
Lebledparle.com : C’est en octobre 2013 que vous lancez « Vibrations Urbaines » avec plus d’une vingtaine d’artistes présents dans le 1er volume. Lebledparle.com faisait d’ailleurs parti des partenaires médias de ce 1er volume. Quelles ont été vos motivations dès le départ?
Taphis : Mes motivations étaient nobles et mes ambitions grandes. Étant conscient de cette place de choix que je bénéficie dans le mouvement urbain camerounais, il était question pour moi d’apporter ma petite pierre pour participer activement et sur plusieurs fronts à son édifice. Le Hip Hop Camerounais est une grande et belle famille et chacun y met du sien au quotidien pour qu’il puisse avoir un statut meilleur, un standing encore plus grand et une visibilité toujours plus grande. Après analyse, je me suis rendu compte que ce genre de projets sérieux, réguliers et surtout de bonnes qualités manquaient cruellement dans un secteur de création artistique aussi actif.
Lebledparle.com : En quoi « Vibrations Urbaines » est elle différente des autres compiles que l’on connait ? On va citer « Mboa Urban tape » ou encore « Kurbain Tape » … ?
Taphis : La série de compilations « Vibrations Urbaines » est en tout point unique en son genre. Chaque volume de cette compilation est un parfum du Cameroun tout entier. Mon équipe et moi faisons l’effort pour que ce projet soit le plus représentatif possible des véritables talents Camerounais établis sur l’ensemble du territoire et dans la diaspora. Nous sommes sensibles aux nouvelles tendances urbaines et rigoureux dans la sélection. Par ailleurs pour ceux qui ont déjà écouté la compilation, ils vous diront que ce n’est pas uniquement du hip hop au sens strict et traditionnel du terme mais digne de représenter véritablement la musique urbaine locale. Cette scène ayant des spécificités qui lui sont propres. « Vibrations Urbaines » regroupe 70% d’artistes en herbe et pour la plupart inconnus du grand public et 30% d’artistes jouissant d’une bonne visibilité. C’est un carrefour où le talent a pignon sur piste !
Lebledparle.com : Comment se fait le choix des artistes?
Taphis : Dans le processus de sélection nous avons des animateurs radios et tv, des événementiels, des ingénieurs de sons et même des simples mélomanes qui assistent aux séances d’écoute. C’est un travail effectué en toute impartialité pour proposer ce que le Cameroun a de meilleur chaque 3 mois. Chaque volume contient 20 pistes de pur orgasme auditif pour un auditoire exigeant. Pour participer, chaque artiste envoi 1 à 2 titres en format mp3 par e mail à l’adresse : taphisonline@gmail.com et durant la session d’écoute, chaque titre passe à l’analyse critique de son auditoire. La sélection s’effectue en fonction l’orientation qu’on veut insuffler à chaque volume et nous sommes extrêmement rigoureux sur la qualité de la musique, la performance de l’interprète et le contenu du texte proposé.
Lebledparle.com : Quel est la plus-value pour un artiste en étant présent dans une compilation de façon générale?
Taphis : C’est une interface de plus où dans un projet compétitif et de haute facture, l’artiste propose son projet. Les canaux de diffusions d’une compilation peuvent être plus grands ce qui expose l’artiste à un public plus large. Grâce à ce type de projet, c’est un coup de pouce non négligeable dans la promotion de jeunes talentueux. C’est une tribune où on présente son savoir-faire. Beaucoup de jeunes artistes se font découvrir par des compilations et parfois ont la chance de trouver des producteurs ou des mécènes qui financent leurs carrières.
Lebledparle.com : Plus d’un an après le lancement de votre compilation vous venez de passer à une autre phase de ce beau projet. Il s’agit de la mise sur pied d’une application mobile éponyme, la 1ere application dédiée à la musique au Cameroun. De quoi s’agit-il ?
Taphis : La compilation « Vibrations Urbaines » bénéficie désormais d’une application gratuite disponible sur PLAY STORE. Ceci permet à tous ceux qui ont un téléphone portable sous Android de l’avoir directement dans leur portable en moins d’une minute et d’écouter directement les chansons qui s’y trouvent. L’application est disponible dans tous les pays du monde et c’est un tremplin pour une exposition mondiale du savoir faire local à l’échelle internationale.
Lebledparle.com : « Vibrations Urbaines » c’est déjà 4 volumes sur le marché. Quel bilan faites-vous de ce parcours ?
Taphis : Le parcours est assez satisfaisant même comme nous sommes conscients que beaucoup reste à faire. Les artistes sont de plus en plus nombreux à souhaiter apparaître dans ces compilations mais ne sont pas forcément présents dans les efforts de promotion et c’est vraiment dommage. Ils oublient que la compilation est un supplément à leurs efforts de communication autour de leurs projets et ne saurait s’y substituer. Nous sommes néanmoins fiers qu’à travers ce projet, beaucoup ont découvert et apprécié des artistes camerounais.
Lebledparle.com : Vous êtes très connu et très actif dans les milieux urbains au Cameroun. Juste l’évocation de votre nom peut susciter beaucoup de témoignages et de commentaires chez les artistes et autres acteurs du milieu. Pourquoi avoir choisi ce couloir et pas un autre?
Taphis : Le philosophe Friedrich Hegel a dit «Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion». Je partage sa pensée et je peux ajouter qu’il faut s’armer de patience. Je suis passionné par la culture depuis tout petit et nous sommes intimement liés depuis 2001. J’ai été athlète, joueur d’une équipe de Baseball appelée Yaoundé Tigers Baseball Club. Avec cette équipe j’ai été 3 fois champion du Cameroun et 3 fois vainqueur de Coupe du Cameroun puis Secrétaire Général Adjoint au sein de la fédération nationale. Pendant au moins 7 ans de ma vie j’étais partagé entre les études, le sport et la musique. Après je me suis rendu compte que je ne pouvais pas accomplir correctement ce que j’avais à faire en étant dispersé. J’ai du tout arrêté pour finir avec mes études tout en gardant un œil délicat à mes deux passions. Puis après j’ai su joindre mes passions à mes activités professionnelles. Armé de patience et de passion, j’ai choisi de joindre l’utile à l’agréable. C’est ainsi que le couloir que j’ai choisi est une voie mixte entre le sport et la culture tout ceci forgé avec le temps grâce à une passion inébranlable.
Lebledparle.com : Taphis est t-il un communicateur, un manageur, un entrepreneur culturel?
Taphis : A la base je suis diplômé de l’enseignement supérieur en Communication des organisations et en Relations Publiques. La licence professionnelle dont je suis titulaire me donne l’aptitude intellectuelle d’opérer dans le secteur de l’événementiel et des métiers de la communication. Je suis devenu manager et directeur artistique par passion pour la musique et la culture. Grâce à des formations auxiliaires on me retrouve dans l’organisation de nombreux événements, dans le marketing digital et même dans le journalisme.
Lebledparle.com : Quelques noms d’artistes que vous avez encadrés et qui, aujourd’hui ont une place importante dans la musique urbaine ?
Taphis : Ils sont certes nombreux mais je pourrais citer entre autres : Djibril Angel, Locko, Numerica, Prosby, Tity P, Georges Breezy, Michael Kiessou, Dareal, Teddy Doherty, Ivee, Jem’m, Philjohn… Ils sont aujourd’hui des faiseurs de tendance et sont des idoles pour de nombreux jeunes au Cameroun et dans toute l’Afrique. Nous entretenons d’excellents rapports au quotidien et malgré le fait que chacun d’eux ont des carrières à défendre, ils savent qu’ils peuvent toujours compter sur moi en toute situation et dans la mesure du possible. Je suis fier d’eux et je leur souhaite beaucoup de courage et pleins de succès.
Lebledparle.com : A votre avis la musique urbaine au Cameroun a-t-elle un bel avenir ?
Taphis : J’ai la conviction que la musique camerounaise est sur une très bonne voie et les jeunes jouent actuellement un rôle déterminant. Elle bénéficie d’un public de plus en plus grand et est de moins en moins marginalisée. Elle fait la une autant que les autres styles musicaux et n’est plus attribuée aux voyous. La musique urbaine camerounaise se positionne au quotidien comme un vecteur de joie, de bonne humeur et d’excellentes vibrations auprès de la population. Je suis très confiant pour la suite parce que je sais que le meilleur reste à venir.
Lebledparle.com : Merci de nous avoir reçu, bonne chance pour la suite et recevez toutes les félicitations de la rédaction pour ce projet.
Taphis : Merci à vous aussi pour votre accompagnement sans failles à ce projet ainsi qu’à tous ces projets culturels qui sont visibles et obtiennent un large écho auprès du public grâce à votre participation.
© Entretien avec Yves Martial TIENTCHEU, Lebledparle.com
Téléchargez le volume 4 via ce lien: http://trinitycreativelabs.com/vibrations_urbaines/
L’application gratuite de VIBRATIONS URBAINES sur PLAYSTORE disponible ICI