Au moment où le mondial brésilien des mois de 17 préoccupe, Thomas Libiih confie à Philippe Boney les écueils qui entravent le football jeune.
L’entraineur sélection sélectionneurs des Lions tour à tour, lors de cet entretien réalisé par Press Spot le 17 octobre 2019, évoqué le stage de préparation au Brésil avec ses poulains et surtout ses relations d’avec les instances du football camerounais.
Ci-dessous l’intégralité de l’interview.
Comment se passe la préparation jusqu’ici ?
On est partis du Cameroun déjà il y a quelques jours, nous sommes en terre brésilienne où nous continuons notre préparation avec trois matchs déjà disputés qui nous ont permis de faire des réglages et je pense que nous sommes sur une très bonne voie malgré les multiples blessures qu’on essaie de gérer. Le docteur Bidias et son équipe s’activent même si ce n’est pas évident. Il y a beaucoup de manquements mais bon le plus important pour nous c’est de rester sereins, de donner le discours qu’il faut aux gamins pour faire avancer la machine.
Pourquoi avez-vous refusé de signer la charte des équipes nationales ?
Pour un pays qui se veut aussi sérieux que le nôtre, je ne sais pas si on peut appeler ça une charte, ce qu’on nous a présenté est un bout de papier. Si on pense que ce sont les autres qui doivent bénéficier et d’autres non, il y a un souci. C’est nous qui faisons de l’argent et je ne comprends pas pourquoi tout le temps on veut faire croire au peuple camerounais que c’est nous qui sommes des mercenaires. L’argent que génère le football camerounais vas où ? Je me pose des questions tous les jours. J’ai décidé d’apporter ce que je peux pour mon pays et je m’arrête à ce niveau. Je leur ai dit que je ne veux pas de réunion au sein du groupe. Des gamins de 16 ans on a pas besoin de les réunir tous les jours pour leur parler de quoi que ce soit. Il y a des choses en amont et si on ne peut pas les faire tant pis ! Qu’on nous foute la paix, qu’on nous laisse travailler.
C’est à vous le sélectionneur que vous êtes de prendre vos responsabilités n’est-ce pas ?
Je ne suis qu’un simple entraîneur, je ne vais pas outrepasser le chef de l’État qui a signé ce décret. Si le peuple en parle ça veut dire qu’il y a un problème. Je me dois de m’adresser à ma hiérarchie, c’est ce que j’ai fait et j’attends. Si je n’ai pas leur réponse exacte, je ferais ce que je pense.
Êtes-vous en difficulté face à cette situation ?
Je suis serein, ce que j’essaie de dire c’est que je ne peux pas outrepasser le décret du chef de l’État. Maintenant la lourde responsabilité revient à la Fecafoot. Ce n’est pas à moi de décider de quoi que ce soit. Ce sera dommage pour les gamins, mais bon je ne peux faire autrement.
Si la Fecafoot ne vous répond pas, que feriez-vous ?
Je ferais exactement ce que je dois faire, ça sera dommage, mais les gamins seront obligés de rentrer.
Pourquoi votre lettre ne vise que ces six joueurs ?
Les gens essayent souvent de ressortir ce qu’il ne faut pas. Les gamins sont allés faire des tests, il n’y a pas un seul qui a signé. Même pour les faire revenir je ne me suis pas adressé à quelqu’un, mais directement aux joueurs pour leur demander de revenir parce que les agents qu’il ya autour tournent leur film et quand les joueurs commencent à bouder ils les balancent dans un coin. Donc les gamins n’ont aucun contrat nulle part que ce soit Mvoue, Wamba, Ndzié, ou encore Mbéré, ils n’ont aucun contrat nulle part. Ils ont signé des contrats avec des agents de joueurs et non avec des clubs.
Ces six joueurs sont-ils performants ?
Ce sont des jeunes joueurs, ils ont beaucoup de manquements comme les autres jeunes. Sauf que leur arrivée tardive me cause énormément de problèmes. Mais bon je fais ce que je peux à mon petit niveau et le terrain juge tout le monde. C’est le terrain qui reste pour moi le seul maître. À la fin je regarde et je juge si ça peut nous apporter ou pas.
Savez-vous que vous êtes indésirable au sein des instances du football ?
Je fais juste mon travail à mon petit niveau. Modestement, j’ai joué au football et apporté ce que j’ai pu en tant que joueur malgré les frustrations. Aujourd’hui, c’est encore pire que quand j’étais footballeur mais, c’est moins grave et je passe dessus. Ce qui m’intéresse c’est d’amener quelque chose pour le bien de notre football avec mes modestes moyens sans toutefois rien demandé à quelqu’un.