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Thomas Sankara, 27 ans après toujours vivant

Thomas Sankara
Thomas Sankara

Thomas Sankara

 Le 15 Octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso soit vingt ans et six jours plus tard que celui qui l’a toujours inspiré l’Argentin nationalisé Cubain … le Che Guevera rien que ça.

A peine quatre ans après avoir accédé au pouvoir le premier pionnier de la révolution Burkinabé, Thomas Isidore Noël Sankara s’éteint suite à un coup d’état, sans doute l’un de plus déplorés de toute l’histoire Africaine. C’est l’occasion inouie, de retracer le parcours qui a conduit l’enfant de Yako de son village natal, à une véritable légende en passant par le Cameroun et les portes de la présidence. Comment ce charismatique « intègre » a t-il été emporté par la brutalité de l’anti-constituionnel ? vingt-sept ans après quelle mémoire conserve-t-on du jeune capitaine « incompris » ? Thomas Sankara est-il encore vivant ? Autant de questions auxquelles cet article va essayer de répondre.

Thomas-Sankara

Le 15 Octobre 1987, le monde apprend avec stupéfaction – pour certains – que le président du Burkina Faso, Thomas Sankara est décédé – officiellement- de mort naturelle à 37 ans. Mais il apparaît rapidement que c’est un assassinat. Les versions divergent quant au déroulement du coup d’état en question, néanmoins de nombreux journalistes ayant enquêter sur l’affaire s’accordent à dire que l’homme fort de la révolution de 1983 est tombé sous les balles de sa propre armée. Le Capitaine Boukari Kaboré,proche du président sous la révolution et avec qui il a effectué une bonne partie de ses études relatait d’ailleurs lors d’une interview en 2007 les vives tensions qui existaient dans l’armée entre les partisans de Thomas Sankara et ceux de l’actuel président Blaise Campaoré. Plus tard comme le révèle de nombreux médias Burkinabé, entre autres courrierconfidentiel.net ce e même capitaine Kaboré appelé affectueusement le « vieux lion » avouera en termes propres que c’est « Blaise qui a organisé l’assassinat de Sankara » ! Pas une surprise en soit certes, – pratiquement tous les historiens Africains et une partie de la population ayant toujours soutenu cette hypothèse – mais un témoignage clé qui montre que le temps ne change rien à la recherche de la vérité.

 

L’émotion forte ressentie par les Africains mais également dans le reste du monde est le symbole de la contribution de cet illustre homme au mouvement des consciences et à la dignité de l’identité Africaine… la peau noire. Il n’a fallu que quatre ans à ce quatre à ce jeune diplômé de l’école mitaire inter-armée (EMIA) de Yaoundé au Cameroun pour rentrée dans la cour des plus grands.

 

Dénonciation du colonialisme, du néo-colonialisme et de toute discrimination

 Thomas Sankara a usé jusqu’à la fin de ses jours d’une méthode de communication subtile, mais aussi pragmatique pour dénoncer le colonialisme et les « ministères Africains » du néo-colonialisme. En visite au Burkina-Faso en novembre 1986, Mitterand reproche d’ailleurs au président  » il a le tranchant du chef de l’état dévoué à son peuple … mais moi .. je voudrais lui parler de mon expérience » après Sankara aie condamné fermement le régime d’Arpatheid en Afrique du Sud sous la gestion de Botha et de tous ses soutiens d’alors en occurrence le gouvernement Français. Il dit à propos de  Pieter Botha et Jonas Savimbi  « sont l’un et l’autre couverts de sang des pieds jusqu’à la tête» et tous les gourvenements qui les soutiennent « portent aujourd’hui et toujours la responsabilité». Ces déclarations faites devant les caméras sont considérées aujourd’hui comme une des signatures de sa déclaration de mort.

Pour approfondir :   Surprenante révélation de Camus Mimb sur Kardinal Aristide 1er « il n’était pas humoriste...C’était un critique social»

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Des réformes civiques, culturelles, sociétales et économiques

 Sanakara se porte en avocat du droit et non pas de la nécessité des peuples de subvenir à lleurs besoins vitaux notamment manger à sa faim, boire suffisament et potable. Il encourage alors son peuple à retrousser les manches pour arriver à une auto-suffisance alimentaire. C’est une de ses plus grandes réussites en politique. Il défend d’ailleurs cette position lors du sommet de l’OUA en Juillet 1987 et vante le mérite de son peuple à s’essayer même aux vêtements tissés localement.

Sankara attribue aux femmes les postes à responsabilité, les grands ministères. Il est l’un des premiers chefs d’état à promouvoir l’émancipation de la femme. Il oblige ainsi les hommes à faire les courses le 08 Mars en lieu et place des femmes. Dans une Afrique encore sous les apriori qui pronent l’inégalité entre homme et femme, ces engagements sont bien reçus. En outre Il institue la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification. D’après Wikipedia le Burkina-Faso de Sankara est considerée comme la dernière révolution de l’« Afrique progressiste », opposée à l’« Afrique modérée ».

Sa politique et ses idéaux  d’intégrisme et de panafricanisme portent son aura jusqu’au Etats-Unis où de nombreux leaders de la cause noire se retrouvent dans ses discours. Il est ainsi invité à Harlem, où sa position ne laisse pas perplexe.


La fin –  « Je ne changerai pas le monde mais je ferais réfléchir ceux qui y parviendront. » 2pac

 

Si l’on se fie au capitaine Kaboré, le jeune président était conscient de la fin imminente de son projet si ce n’est de lui-même. Certes son programme politique avait porté des fruits inédits en Afrique Noire dans certains domaines, mais nombre d’autres secteurs tardaient à mûrir. Il limoge notamment plus de 2000 enseignants ayant engagé un processus de grève et les remplacent par des étudiants sans formation. Pour pourvoir une armée en manque de moyens il recrute des citoyens sans formation éducative et  comme il le dira lui-même par la suite  » des criminels en puissance« . Son inexpérience lui joue quelques tours et il commet des erreurs qu’il reconnaît à chaque fois. Mais surtout, il n’est pas soutenu dans la sous région. Son fameux discours sur la dette qui est sans doute l’un des plus mémorables de sa jeune carrière reste sans effet. Ses « frères » qui l’acclament ne le soutiennent pas dans sa démarche : « Si le Burkina Faso seul refuse de payer la dette, je ne serai pas ici à la prochaine conférence » … il n’y sera pas. Le président est isolé, enfoui dans son ambition et celle qu’il veut pour son pays mais garde le sourire jusque là fin agissant uniquement sous le guide de sa profonde conviction. « Je suis comme un cycliste qui monte la pente avec à gauche à droite des précipices, je ne peux pas m’arrêter, je dois continuer de pédaler …  » Je me sens « incompris« .

Pour approfondir :   Révolution du Burkina Faso en direct la radio

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« Je n’y pense pas. Ca peut arriver. Mais je préfère ne pas y penser. Je me dis que coup d’Etat ou pas coup d’état, la solution résidera dans la capacité des masses à nous protéger. Bien sur quelqu’un peut sortir de la foule et tirer sur le président voilà, il est mort. C’est une chose qui peut arriver à tout moment. Le plus important c’est qu’à tout moment aussi le peuple ait besoin de chacun de nous. Parce-que nous faisons un travail utile. Nous ne marquons pas des buts à tous moment, mais nous sommes tous utiles dans l’équipe ». Thomas Sankara à  Jeune Afrique 4 octobre 1987

 

La mémoire de Thomas Sankara

 

27 ans après le Burkina-Faso est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. L’économie stagne et la démocaratie est remise en cause. Qu’en aurait-il été si la « Félicité » avait continué son oeuvre ? Personne ne le sait ! Personne n’a également oublié l’homme intègre; Un homme plein de dynamisme ayant compris avant les autres, que le temps ne change rien aux actes braves; un président riche d’idéaux pour lesquelles il a accepté de donner sa vie pour un peuple qu’il a toujours aimé. Personne n’a oublié ce sourire malicieux, l’ humilité à la fois naturelle et stratégique de cet homme qui appelait ces homogues « tonton », personne ne t’oubliera Thomas Sankara, 27 ans après tu es toujours vivant.

 

Une avenue dans la capitale Ouagadougou porte le nom de Sankara

 

Dans les années 2000 une association a fait une longue excursion du Burkina jusqu’à en Italie et Allemagne en sa mémoire.

 

– De nombreux musiciens entre autres Koulsy LAMKO, Cheikh Lô ont chanté en son hommage.

 

– De nombreux ouvrages lui sont consacrés et un bon nombre d’intellectuels étudient encore aujourd’hui ses oeuvres pour comprendre toutes les pensées du « dernier révolutionnaire progressiste » Africain.

Repose en paix Thomas.

© LebledParle.com


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