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Comment la politique agricole de Thomas Sankara devait changer le Burkina Faso

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Thomas Sankara, l’ancien président du Burkina Faso était en avance sur son temps dans de nombreux domaines et notamment celui de l’Agriculture. L’homme avait de grandes ambitions pour son pays, il était sur le point de mettre sur pied un projet totalement novateur qui allait permettre au Burkina Faso de devenir autonome sur le plan alimentaire.

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Thomas Sankara (c) Droits Réservés

Thomas Sankara fut tué le 15 octobre 1987 à Ouagadougou par un commando qui avait soigneusement préparé la liquidation du leader de la révolution burkinabé. Avec la mort de Sankara, de nombreux projets ont été enterrés notamment celui de la réforme de la politique agricole qui devait permettre au Burkina Faso d’atteindre l’auto-suffisance alimentaire. En effet, dans les années 80, Thomas Sankara a fait appel à Pierre Rabhi, un éminent spécialiste français d’origine algérienne de la culture biologique. Sous la révolution au Burkina Faso, Pierre Rabhi en collaboration avec le comité directeur du Centre de relations internationales entre agriculteurs pour le développement (Criad) avait débarqué au Burkina Faso en 1981 avec pour objectif de former de jeunes paysans à la pratique de l’agroécologie. 

Une modèle durable 

 

Il faut dire que Pierre Rabhi a complètement bluffé tout son monde avec ses méthodes de production. Son modèle agroécologique a obtenu des résultats impresionnants sans avoir recours aux intrants chimiques pour rendre le sol fertile. La méthode de compostage (processus de transformation de la matière organique pour avoir un fertilisant naturel) est valorisée en agroécologie pour une croissance optimale et saine des plantes. La cohabitation entre les différentes cultures permet de mettre en place un mécanisme qui permet aux plantes de se protéger mutuellement contre les ravageurs. Ainsi, les agriculteurs qui ont été initiés à la méthode de Pierre Rabhi ont obtenu de meilleurs rendements que ceux qui pratiquaient l’agriculture conventioennelle.

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La performance de Rabhi était d’autant plus spectaculaire qu’il a obtenu ses rendements dans des zones arides du sahel burkinabé. Thomas Sankara a alors eu vent de la méthode agroécologique de Pierre Rabhi et il l’a immédiatement convoqué pour une entrevue. On était alors en 1986, un an avant l’assassinat du Cheguevara africain. Thomas Sankara était un homme et surtout un dirigeant qui avait de la vision, il a tout de suite vu en Pierre Rabhi, quelqu’un qui pouvait l’aider à changer la politique agricole du Burkina, une politique qui est en déphasage avec les défis auxquels le pays devait faire face. «Il était très bien renseigné sur moi et mes activités. Il m’a reçu pendant trois heures pour me demander de mettre en place une réforme consacrant l’agroécologie comme nouvelle politique nationale. Je ne pouvais pas dire non !»a livré Pierre Rabhi à Jean Ziegler un proche de Thomas Sankara qui fut aussi son biographe.

Une grande perte pour le Burkina 

L’objectif de «Thom Sank» était clair, il voulait faire du Burkina, un pays qui allait produire et consommer les produits de son agriculture. Le défunt président ne voulait plus entendre parler de don alimentaire et de l’aide extérieure, qui selon lui, sont des concepts qui empêchent le Pays des hommes intègres d’être souverain. Sankara avait pour coutume de dire que la «main qui donne est toujours la main qui commande». Avec le nouveau modèle d’agriculture piloté par Pierre Rabhi, Thomas Sankara voulait réduire drastiquement l’importation et l’utilisation des engrais chimiques pour valoriser le savoir faire local afin de nourrir sainement la population burkinabé. Son rêve était de mettre en place une agriculture made in Burkina Faso qui allait être reconnu partout dans le monde. Ce rêve allait devenir réalité si l’histoire n’avait pas changez-les paramètre un certain 15 Octobre 1987.

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La mort de Thomas Sankara a bouleversé Pierre Rabhi, il avait presque finalisé la feuille de route du projet agroécologique lorsque Sankara a été assasiné. Pierre Rabhi fut profondément choqué par la disparition de Thomas Sankara, il livrera d’ailleurs ceci à propos du héros révolutionnaire: « Je sentais chez lui (Sankara) une âme et un coeur. Il était animé par une révolte interne constructive et pacifique. » Dès lors, Rabhi a pris ses distances avec le Burkina Faso. Cependant, son séjour au Burkina lui a permis de former plus de 100000 paysans sur la pratique de l’agroécologie. Nombreux sont ces paysans qui possèdent aujourd’hui des domaines agroécologiques et qui mettent en pratique les enseignements de Pierre Rabhi. Avec la crise du coronavirus qui a paralysé le système agricole conventionnel, les agriculteurs qui pratiquent l’agroécologie sont ceux-là qui ont permis grâce à leur production de ravitailler de nombreuses villes burkinabés en fruits et légumes. Comme quoi l’agroécologie n’a plus rien à prouver. Pierre Rabhi a comparé la mort de Thomas Sankara à une véritable tragédie qui va hantée pendant longtemps le Burkina Faso.


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