Stéphie Rose Nyot, jeune française d’origine camerounaise, est à l’initiative de la plateforme « Je parle le bassa 2.0 », pour vulgariser cette langue parlée par près de 800 000 personnes.
Stéphie Rose Nyot est à l’initiative de la plateforme «Je parle le bassa 2.0», dédiée à l’apprentissage du bassa sur internet. Son objectif: préserver les langues africaines en utilisant les nouvelles technologies. Lancée en décembre 2013, la page Facebook de la plateforme rassemble déjà plus de 6 000 personnes qui apprennent le bassa, cette langue bantoue, parlée par environ 800 000 personnes au Cameroun.
«A la fin de mes études, je me suis rendue compte que je ne comprenais plus le bassa. Pour moi, ça devenait un peu vide de dire que je suis Camerounaise sans comprendre ma langue», lance Stéphie Rose Nyot, 27 ans, qui revient sur l’origine de son projet. Cette jeune Française, d’origine camerounaise, n’est pas néophyte en matière de préservation de la culture.
Après avoir travaillé pour l’Unesco, l’Usaid et obtenu un diplôme en communication et développement international au Canada, elle est actuellement consultante indépendante en communication et se consacre à plein temps à son projet: l’apprentissage en ligne du bassa.
Une quête personnelle
Stéphie Rose Nyot ne s’est cependant pas immédiatement lancée dans ce projet. Alors qu’elle est encore étudiante, elle cherche un moyen d’apprendre sa langue maternelle sur internet, sans grand succès. Elle décide alors de lancer, dans un premier temps, une page Facebook intitulée «Je parle le bassa 2.0», avec l’aide de ses parents, qui parlent et écrivent le bassa, pour donner des cours basiques et gratuits.
L’accueil positif qu’a reçu la page pousse la jeune femme à envisager un site en ligne afin de satisfaire une demande sans cesse grandissante. Une demande provenant aussi bien de la diaspora que de personnes vivant au Cameroun qui ne parlent plus ladite langue.
La méthode de Stéphie pour les réconcilier avec le dialecte? Un thème choisi avec ses parents, très impliqués dans le projet, un court temps de réponse des abonnés et ensuite un corrigé vidéo. «Un projet participatif et interactif avant tout», martèle Stéphie Rose Nyot. Toute la différence avec les forums ou les livres d’apprentissage.
Disparition des langues africaines
Elle rappelle qu’il s’agit aussi d’une réponse à la catastrophe que représente la disparition des langues africaines car «plusieurs langues africaines sont en train mourir à cause de la mondialisation». Stéphie Rose Nyot, qui a protégé et déposé son concept, rejette également toute critique de communautarisme: «On veut s’ouvrir à toutes les langues africaines, à long terme», précise-t-elle. D’ailleurs, «plusieurs langues africaines ont la même racine, l’apprentissage est donc plus facile» ajoute-t-elle. Sur les 2 000 langues que compte l’Afrique, quelques-unes seulement jouissent d’un effort littéraire.
Cependant, le projet n’est pas sans embûches. Les apprenants n’ayant pas le même niveau, certains n’arrivent pas à suivre le rythme et d’autres souhaiteraient plutôt se perfectionner. Pour répondre à ce problème, la fondatrice souhaite développer d’autres outils pédagogiques, mais fait face à des difficultés financières. Elle a donc décidé de lancer une campagne de financement participatif sur internet.
Des initiatives existantes pour d’autres langues
Dans le même sillage, et moins connue, les applications mukazali et linguarena permettent d’apprendre respectivement le lingala et le wolof. En Afrique anglophone, il est aussi possible d’apprendre le swahili avec Learn Swahili, une initiative lancée en 2013 et qui comptabilise plus de 500 000 vues sur Youtube. Dans le monde, des plateformes comme Coursera ou Babbel permettent d’apprendre des langues étrangères comme l’anglais, l’allemand ou encore l’espagnol.