L’implication de Facebook dans le trafic et l’exploitation humaine à travers ses hashtags, amène Apple à menacer le réseau social de supprimer Instagram de l’Apple Store. Pour cause, l’usage du hashtag « slavery »
Trafic d’humains sur les réseaux sociaux
En effet, le hastag évoqué plus haut ferait depuis peu, office de passeport pour entrer dans le monde du trafic d’êtres humains et des marchés noirs sur le net. L’implication de Facebook dans ce commerce illégal est révélée par le Wall Street Journal qui publie une série de rapports dénonçant le géant des réseaux sociaux de fermer les yeux sur certaines de ses fonctionnalités.
Alors que des employés de la multinationale avaient déjà sonné l’alarme sur l’utilisation néfaste de Facebook dans certaines régions en développement, le WSJ rapporte que la plateforme aurait des preuves de dégâts psychologiques et sociaux auprès de ses utilisateurs. Les Facebook Files du WSJ révèlent que Facebook ne fait que supprimer les posts sans jamais altérer l’algorithme qui permet leur publication en premier lieu.
Apple veut voir clair…
L’implication funeste de Facebook dans cette pratique amène aujourd’hui Apple à menacer le géant américain de la suppression d’Instagram sur l’Apple Store. Ce n’est pourtant pas la première fois que le géant des réseaux sociaux est appelé à sévir sur ce sujet.
En 2019, un documentaire produit par la chaîne britannique BBC révèle l’ampleur du marché noir sur les réseaux sociaux. Disponible sur YouTube, le film met en évidence l’essor d’un marché noir de l’achat et la vente illégale de travailleurs domestiques.
Ce marché en ligne est effectué à l’aide d’un certain nombre d’applications dont Facebook et Instagram qui relaient les négociations par messages privés et organisent des ventes à coups de hashtags boostés par l’algorithme.
Des politiques d’utilisation qui ne protègent pas les travailleurs
Sur ces marchés noirs, privés de leurs droits fondamentaux, femmes et enfants ne sont plus que des prix. Le problème est issu du fait que les politiques d’utilisation de ces plateformes digitales ne s’étendent pas à la protection des travailleurs. En effet, l’algorithme qui régit notamment Facebook est défectueux. Souvent, la description d’un post et certains mots-clés servent à conclure si le post doit être supprimé. Or, l’algorithme donne le feu vert aux publications tant qu’il ne détecte pas d’appels à la violence ou de discrimination claire.
Aujourd’hui, des applications telles que 4Sale et Instagram permettent aux employeurs de vendre le parrainage de leurs travailleurs domestiques à d’autres employeurs, en réalisant un bénéfice. Ce système leur permet de contourner les réglementations sur la protection des travailleurs, de créer un marché non réglementé et ainsi rendre les travailleurs plus vulnérables aux abus et à l’exploitation.
L’enquête de la BBC a, par ailleurs, révélé que des centaines de femmes au Koweït et en Arabie saoudite étaient vendues sur Haraj, une autre application populaire de marché digital.
Une modération indispensable
Cet algorithme, dont la fonction première était censée connecter les populations d’un bout à l’autre de la planète, inquiète maintenant sur la façon dont nos likes sont utilisés. Alors que les réseaux sociaux semblent lentement dériver vers une utilisation facilitant l’esclavagisme moderne, il est légitime de s’intéresser au rôle des réglementations de nos plateformes numériques. En effet, les capacités offertes à ces plateformes entraînent des abus qui transcendent le système actuel d’autorégulation des réseaux sociaux. Pourtant, cela n’empêche pas la profusion de ces marchés illégaux qui présentent une violation des politiques d’utilisation que ces entreprises technologiques américaines imposent à leurs développeurs et utilisateurs.
À la suite du rapport fait par le WSJ, Facebook interdit le principal hashtag utilisé pour la marchandisation d’humains et supprime des centaines de comptes d’Instagram. De leur côté, Google et Apple déclarent travailler avec leurs développeurs digitaux pour empêcher toute reprise de ces activités illégales.
Enfin, la suppression d’Instagram de l’Apple Store pourrait avoir un impact conséquent sur Facebook, qui s’est acquis les services d’Instagram en 2012. En effet, avec plus de 500 millions d’utilisateurs Instagram mensuels dont 320 millions âgés entre 18 et 24 ans, Facebook est appelé à prendre de réelles initiatives pour éliminer ce fléau digital.