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[Tribune] Affaire Lady Ponce contre Camtel : le faux procès

L’affaire opposant l’artiste Lady Ponce à CAMTEL a suscité de nombreuses discussions ces derniers jours. Pourtant, il est essentiel de mettre en perspective les enjeux liés à la promotion artistique au Cameroun et de comprendre que cette affaire est davantage commerciale que politique. C’est ce que fait Dominique Tsana Minala dans une tribune publiée sur Facebook, le mercredi 08 novembre 2023. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

CAMTEL n’est pas un établissement public mais une entreprise publique et à ce titre, chargée de faire des bénéfices. Son action principale n’est pas de faire de la promotion musicale ou culturelle mais d’offrir des services de télécommunications au Cameroun. Certes dans la plupart des entreprises, il y a un volet consacré à l’action sociale ou humanitaire mais qui reste marginal. Dans le cas d’espèce à propos de la sortie de l’artiste Lady Ponce, il ne s’agit pas d’action sociale ou de préférence nationale mais de business car les montants en jeu sont très importants. Qui dit business dit retour sur investissement. La période choisie par CAMTEL n’est pas anodine car ce sont les fêtes de fin d’années. CAMTEL évolue dans un environnement fort concurrentiel avec des mastodontes tels que Orange ou MTN qui ont fait venir par le passé, des artistes de classe internationale ou mondiale.

En 2008, Diams a réuni grâce à Orange 60 000 personnes.

En 2012, MTN a réuni à Yaoundé près de 100 000 personnes avec en tête d’affiche P Square entouré de Petit Pays et J. Martins. En 3017, c’était Maître Gims. Quelles opérations commerciales pour ces opérateurs télécoms.

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En effet, le secteur des télécommunications est celui où la concurrence est la plus farouche et l’avantage sera accordé à celui qui aura toujours une longueur d’avance sur l’autre. En faisant de Fally Ipupa artiste international congolais, une tête d’affiche entouré d’autres artistes camerounais pour l’événementiel de fin d’année de l’entreprise, CAMTEL entend frapper un grand coup et recevoir en retour un bénéfice en terme de visibilité, de marketing et de vente.

L’argent des impôts des camerounais n’a absolument rien à voir dans cette affaire qui n’est que commerciale. Ils ne sont pas légion les artistes camerounais pouvant remplir une scène comme Fally actuellement. Certes, à popularité comparable, la préférence devrait être donnée à un artiste du terroir. À cet égard, il appartient aux entrepreneurs musicaux de travailler dans la production et la promotion de nos artistes pour une plus grande visibilité et émergence.

Quan Youssou Ndour est choisi pour composer l’hymne de la coupe du Monde 98 en France aux côtés d’Axelle Red, les africains ont trouvé cela normal.

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Quand l’artiste afro-américaine Jessye Norman a fait vibrer la France toute entière en interprétant la Marseillaise lors des festivités du Bicentenaire en 1989, on ne s’en est pas offusqué. Quand l’artiste Shakira de nationalité colombienne a été choisie par le comité d’organisation sud-africain de la coupe du Monde en 2010 en terre africaine pour composer l’hymne de la compétition en interprétant Waka Waka (This Time For Africa) tirée de Zangalewa, tous les camerounais en étaient fiers.

En définitive, je pense que le cri d’exaspération poussé par la Ponceuse est une mauvaise réponse face à un problème pertinent, celui de la condition et la promotion de l’artiste camerounais.

Par Tsana Minala Dominique, ancien Conseiller à la Commission Technique de Réhabilitation des Entreprises Publiques.

 


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