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[Tribune] Alternance au sommet de l’Etat: Les urnes ou la rue ?

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Sur Facebook, le mardi 30 juin 2020, Anne Féconde Noah Biloa, porte-parole de Cabral Libii propose une réflexion sur l’alternance au Cameroun et se pose la question de savoir si elle aura lieu par les urnes ou par la rue.


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Image d’illustration – capture photo

Lebledparle.com vous propose de lire l’intégralité de la réflexion.

Les compatriotes qui convoquent l’insurrection populaire, comme le seul moyen de renverser le régime en place, semblent oublier qu’il y en a une en cours dans le NOSO, avec un -BIYA MUST GO- sous-jacent aux aspirations dites séparatistes.

Au nom de l’alternance à tous les prix la violence dans sa forme la plus atroce a été démystifiée dans notre pays. Des images comme celle de dame Ayafor Florence hanteront plusieurs générations.

Des compatriotes enterrés vivants, des familles exécutées… Les scènes de décapitation sont désormais presque banales et ça se passe au Cameroun.

Il y’a de cela quelques années, des réfugiés de guerre en provenance du Rwanda et du Congo et d’ailleurs se ruaient vers le Cameroun, sûres d’y trouver un abri. Mais, rendu à ce jour, ou en sommes-nous?

Dans cette situation inqualifiable qui était censée renverser le RDPC, il a de nouveau été proclamé vainqueur lors de la présidentielle de 2018. Malgré les multiples récriminations de l’opposition y compris de mon propre parti, aucune entité locale ni même internationale n’a pu de manière factuelle réfuter cette thèse.

Et pourquoi aucun opposant n’a pu rassembler assez de procès-verbaux de bureaux de vote pour établir au minimum l’illégitimité de ce résultat? Ça s’explique dans la suite.

En plus de la situation au NOSO, des manifestations tout azimut, avec une exposition médiatique internationale, visant aussi à faire tomber le pouvoir n’ont pas produit l’effet escompté.

Non seulement le PRC Paul BIYA est toujours au pouvoir, mais s’il devait le quitter aujourd’hui de quelque manière que ce soit, ce départ ne serait mis ni à l’actif des atrocités du NOSO, ni à l’atmosphère politique délétère.

On évoquerait plus aisément son grand âge, le besoin de prendre sa retraite après des décennies de haute administration, et d’autres raisons similaires.

Pour en conclure que cette logique d’alternance possible uniquement par la rue n’est pas si efficace que ça. Les débuts d’expérimentation sus-évoqués ne sont pas si concluants.

Les Citoyens Peuvent Contourner Les Accueils Du Système Electoral S’ils Ferment Les Oreilles Au Message De Désespoir: S’ils S’engagent

Ils présentent le système électoral comme principal obstacle à une alternance démocratique et ils ont raison. En l’état, la loi électorale est favorable au parti au pouvoir, qui demeure majoritaire au parlement et n’a donc aucun intérêt stratégique à la modifier.

Mais que faut-il faire face à cette situation de blocage que tous les partis d’opposition et même la société civile décrient fortement? Créer des conditions d’une plus grande insécurité sans aucune garantie que l’alternance suivra ou ruser un peu plus?

Petit rappel historique:

En 1992, le système électoral était plus encore plus vicié.

Il était littéralement inexistant.

A cette époque-là, le processus électoral était entièrement contrôlé par l’administration dont le bord politique est connu.

Les inscriptions étaient manuelles et les cartes électorales avaient comme supports du papier volant.

Pour approfondir :   [Tribune] - La Saint-Sylvestre ou la nuit des fosses promesses

Les inscriptions étaient à l’entière discrétion des sous-préfets qui choisissaient d’inscrire qui ils voulaient.

D’après ce qu’on en sait aujourd’hui, certains sous-préfets refusaient d’inscrire des citoyens connus comme étant des sympathisants de l’opposition.

D’autres les inscrivaient mais s’employaient à leur affecter des bureaux de vote à des dizaines de kilomètres de chez eux pour qu’ils ne puissent pas voter.

Pas de listes provisoires affichées, pas de représentants des partis d’opposition dans les bureaux de vote, computation manuelle des résultats etc.

Lorsqu’on sait qui était ministre de l’AT en 1992, un soutien inconditionnel-et c’est un euphémisme-du Président de la République Paul BIYA, l’on peut aisément conclure que l’opposition n’avait aucune chance d’influencer le résultat aux élections.

Le processus était bétonné, encerclé, vicié de fait.

Pourtant, voici le résultat des élections législatives du 1er Mars 1992.

RDPC: 88 sièges

UNDP:68 sièges

UPC : 18 sièges

MDR : 6 sièges.

L’opposition a donc remporté les législatives du 1er Mars 1992 avec 94 sièges contre 88 pour le RDPC.

Il faut noter que le SDF qui faisait forte impression à ce moment-là avait choisi de boycotter ces élections. Qu’en aurait-il été s’il avait participé? L’alliance entre le RDPC et le MDR qui a permis au premier de conserver la majorité, à 6 députés près aurait difficilement eu de l’impact.

Mais pourquoi l’opposition a pu gagner dans un contexte électoral de loin plus complexe qu’aujourd’hui?

La raison est simple: Elle A Réussi A Susciter L’espoir Au Sein De La Population.

En effet, avec l’avènement du multipartisme en 1990, le message consistait à expliquer aux populations que c’était désormais possible, qu’il y avait désormais lieu d’espérer.

Ce message a produit un effet de boost sur l’opinion et le résultat est connu.

Mais, après cette effervescence de 1992, les élections se sont régulièrement déroulé les unes plus monotones que les autres.

C’est en 2018 que le jeu électoral retrouve son attrait!

Ce n’est que 26 ans plus tard, que cet espoir est ravivé.

Un leader de la jeune génération, engagé depuis sa vingtaine, observateur avisé de la scène politique, a mis le doigt sur le problème. Il a réalisé que le frein à cette alternance qu’il quête depuis 2004 quand il signait une pétition pour que le Président de la République ne se représenta pas aux élections c’est le désintérêt du peuple.

L’opération 11 millions d’inscrits, 11 millions de citoyens, des tournées nationales de sensibilisation, la mobilisation des jeunes en milliers, un discours franc et réaliste à la clé, le Président National Cabral LIBII et ses équipes ont réussi à recréer cette idée de <<tout est possible>>.

C’est grâce à cette dynamique actualisée, portée par des jeunes conscients des défis de l’heure, qu’entre 2017 et 2018, la scène politique de notre pays s’est mise en une ébullition positive.

Après le premier assaut de 2018, l’opposition a mieux cerné les traquenards du processus électoral.

Plus clairement, le déroulé des élections a donné raison au Président National Cabral LIBII quand il disait: <<il est possible de battre le RDPC, le plus difficile sera de le prouver>>.

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Ses homologues de l’opposition regrettent probablement d’avoir rejeté son offre de coalition pour les listes de représentants.

Sauf Que,

C’est précisément au moment où l’opposition doit consolider cet espoir nouveau-né, inviter les citoyens à devenir des électeurs accomplis que quelques compatriotes décident de démobiliser par des discours qui désespèrent.

C’est bien connu en science politique, tous les partis politiques aspirent à Conquérir le pouvoir et à le conserver le plus longtemps possible.

Ce qui est reproché au RDPC ce sont les règles du jeu électoral qui sont déséquilibrées.

Sauf qu’elles sont légales et elles pourraient le rester tant que les électeurs ne sont pas suffisamment astucieux pour le battre avec ses propres règles.

C’est alors d’une incroyable naïveté de penser qu’un parti politique fondé au Cameroun depuis 1966 ( UNC)avec ce que ça induit, peut être systématiquement déraciné au premier assaut.

Ça aurait été possible si les leaders de l’opposition avaient été attentifs aux propositions du <<jeune Cabral>>, mais ça ne s’est pas fait.

Abandonner n’étant pas une option pour une opposition déterminée, il faut revenir à la charge, faire preuve de plus de persuasion, inscrire les citoyens sur les listes électorales, les convaincre de surveiller leurs votes, fabriquer une marée électorale.

L’on verra donc ensemble si <<seuls les PV D’ELECAM font foi>>, quand les électeurs auront entre leurs mains suffisamment de PV de bureaux de vote avec des résultats différents.

Le dire n’est pas négliger la nécessité de modifier le code électoral, ni même la réécriture des lois de 1990 sur les droits et libertés.

Parmi les propositions de loi sur lesquelles le PCRN travaille, celles portant sur ces textes figurent en bonne place.

Cette posture signifie qu’il faut être présent sur tous les axes, anticiper sur toutes les hypothèses, mais surtout ne pas engager les citoyens dans des voies risquées( risques d’infiltration, pertes en vies humaines etc ),alors que nous n’avons pas épuisé toutes les options en présence.

L’opposition a-t-elle jamais pu obtenir que 11 millions de citoyens s’inscrivent, votent et surveillent leurs votes?

Au lieu de prêcher le désespoir quand le PCRN construit l’espoir, de présenter des solutions extrêmes comme une panacée, il est temps que les partis d’opposition s’approprient le concept de la marée électorale.

Il faut préparer la prochaine échéance électorale dont la date est incertaine… tout en faisant la veille citoyenne qui vise à pousser ceux qui nous gouvernent à mieux servir le peuple.

Aucun système ne peut rien contre une marée électorale, contre des citoyens qui défendent leurs votes sans besoin d’une incitation politicienne.

Inscriptions massives

Votes massifs

Surveillance généralisée des résultats, et la vérité des urnes va s’imposer d’une manière ou d’une autre.

Anne Féconde NOAH

Porte parole de Cabral LIBII.


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