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Tribune : Blaise Pascal Talla, le Camerounais qui côtoyait les Chefs d’Etat du monde entier

Blaise Pascal Talla

S’il y a un Camerounais qui a réussi à se faire de l’argent dans le monde des médias, c’est bel et bien Blaise Pascal Talla. Aujourd’hui, ardent défenseur de Paul BIYA. Il a notamment battu campagne pour ce dernier lors des dernières élections présidentielles de 2018 en déployant tout son arsenal communicationnel.

 


Blaise Pascal Talla
Blaise Pascal Talla et Paul Biya – DR

C’est l’histoire d’une réussite à l’américaine. L’histoire d’un garçon de course qui finira par devenir un chef d’entreprise prospère et influent dans le monde. Blaise Pascal Talla est l’une des figures de la presse franco-africaine des années 1980. Et pourtant, rien à priori ne lui prédisposait à une brillante carrière de dirigeant de média.

Né à Bandjoun au Cameroun, Blaise Pascal Talla, commence sa carrière comme simple comme vendeur à la criée à Jeune Afrique de Bechir Ben Yahmed à Paris. Il gravit les échelons à une vitesse phénoménale et occupe très vite des postes de responsabilités. Il gagne la confiance de son employeur et devient le principal collaborateur de celui-ci.  Ensemble, ils vont mettre en place le magazine : « Jeune Afrique Economie ».

Le projet est innovant, futuriste et ambitieux ; Jeune Afrique Economie, veut être la référence en matière d’économie dans toute l’Afrique. Le projet conquiert à ses débuts, les publications sont appréciées et les abonnés se font nombreux.

Très respecté en tant que dirigeant de Média, Blaise Pascal Talla a rencontré et côtoyé les grands de ce monde. Il a côtoyé la quasi-totalité des chefs d’Etat africains qui le considéraient comme un ami.  Il avait aussi de l’influence hors d’Afrique. Les dirigeants européens lui faisaient assidument la cour ; voyant à travers son journal, un moyen d’assoir leur influence sur le continent africain et de gagner plusieurs marchés juteux. Il était l’intermédiaire des occidentaux auprès des chefs d’Etat africains.

Son patron Bechir Ben Yahmed lui faisait aveuglement confiance au point où il lui a cédé « Jeune Afrique Economie » sans même en parler à ses proches.  Ce fut l’erreur de sa vie.  Béchir et Blaise Pascal entreront en conflit et Blaise Pascal décidera de voler de ses propres ailes ; emportant avec lui « Jeune Afrique Economie ». Il a par la même occasion voulu faire main basse sur « Jeune Afrique » de Ben Yahmed. Blaise Pascal crée le Groupe International, d’Edition et de Publication de PRESSE (GIDEPPE) à travers lequel il publie Jeune Afrique Économie, Divas et Journal de l’Afrique en Expansion.

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C’est la décrépitude. Peu à peu, il décide de se mettre au service de l’argent et réalise sans aucuns scrupules des publireportages payés très chers pour redorer sur le plan international l’image de plusieurs dirigeants africains (généralement des dictateurs). Bechir Ben Yahmed regrette encore aujourd’hui d’avoir céder « Jeune Afrique Economie » à Blaise Pascal. Pour lui, c’est la plus grosse erreur de sa vie : « Oui, j’ai fait l’erreur de vendre Jeune Afrique Économie à Blaise-Pascal­ Talla – en le laissant utiliser le nom Jeune Afrique. Cela lui est monté à la tête et, on le sait maintenant, il a voulu s’en servir pour tuer Jeune Afrique.

Depuis plus de vingt ans, il nous intente des procès et a dépensé une fortune en honoraires d’avocat. Il n’a pas réussi, mais j’ai tout de même commis une grave erreur en le choisissant lui et surtout en louant le titre. Ce que je voulais, c’était aider un Subsaharien à devenir un bon éditeur. Encore ma naïveté. »

Au début des années 2000, Blaise Pascal se réfugie au Cameroun où il dit craindre pour sa vie. Il affirme que le président équatoguinéen Obiang Nguema aurait lancé des mercenaires à ses trousses. En effet, une affaire d’un publireportage de 2 milliards de F CFA oppose les deux hommes et Blaise Pascal a été condamné à 12 ans de prison par contumace en Guinée équatoriale.

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Décrit comme étant un habitué du Palais d’Etoudi, Blaise Pascal publie plusieurs éditions spéciales sur le Cameroun. Il volera même au secours de Paul Biya en 1997, lorsque Titus Edzoa démissionne pour être candidat à l’élection présidentielle contre Biya. Titus est arrêté et incarcéré. Pour prouver que son arrestation n’est pas politique, Blaise Pascal Talla va produire un numéro hors-série spécial pour salir Titus. Cette édition comporte des publireportages sur les sociétés publiques et parapubliques du Cameroun dans lesquels il va relater comment Titus Edzoa a détourné les fonds publics. 

Depuis quelques années, Blaise Pascal Talla s’affiche fièrement aux meetings du RDPC et en août 2018, il publie deux éditions spéciales de Jeune Afrique Économie sur le Cameroun. La finalité est de redorer l’image de Paul Biya avant l’élection présidentielle d’octobre 2018. Blaise Pascal a exprimé clairement son soutien à Paul Biya. Le 13 février 2019, la justice camerounaise somme l’Etat de lui verser 100 millions de Franc Cfa pour des publireportages impayés.

 Quoiqu’ayant du plomb dans l’aile, Jeune Afrique Economie existe encore aujourd’hui et Blaise Pascal Talla se bat comme un beau diable pour maintenir le cap. On aura beau ne pas être d’accord avec ses choix de vie, mais il convient de saluer le parcours de ce monsieur qui a force de travail, d’abnégation, d’audace a su se hisser au sommet du paysage médiatique africain dans les années 80 et 90. Parti de rien, il a côtoyé les grands de ce monde.

Arol Ketch – 10.03.2021

Fourmi Magnan égarée

Rat des archives


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