Durant toute ma vie politique, je me suis battu contre la dictature, particulièrement celle qui depuis plus de soixante ans écrase le peuple camerounais afin de laisser le néocolonialisme continuer à piller impunément ses richesses. Mais depuis quelques mois, je l’expérimente aussi dans mon parti politique, le SDF. En effet, depuis que le 22 juin 2022, un certain nombre de ses cadres se sont réunis a Mbouda, dans la région l’Ouest, pour sonner le tocsin de la révolte contre les dérives autocratiques de sa hiérarchie actuelle, celle-ci se sentant coincée, plutôt que d’opter pour le dialogue, a pris la voie de la dictature, afin désormais de s’affranchir dans sa gestion autant du manifeste que des statuts du parti. Ainsi, les dernières résolutions du comité exécutif national ont rejoint d’autres actes précédemment pris dans l’illégalité la plus totale, puisque violant et le manifeste qui sacralise le jeu démocratique dans le parti et les statuts qui fixent ses règles de fonctionnement. A quelles fins ? Dieu seul sait. C’est la raison pour laquelle, privé des canaux internes du parti qui servent à régler les problèmes domestiques, je me trouve obligé de passer par les réseaux sociaux pour essayer une fois encore de rappeler cette hiérarchie a la raison avant qu’il ne soit trop tard.
Messieurs et dames de la hiérarchie actuelle du parti, le SDF d’aujourd’hui n’est plus celui d’avant le 22 juin 2022. Le président régional du Centre, le camarade Emmanuel
Ntonga dans une excellente sortie dans la presse la semaine dernière ainsi que l’exécutif régional du Littoral présidé par l’Honorable Jean Michel Nitcheu dans ses résolutions du 17 décembre 2022, vous ont rappelé quelques vérités crues. Je me permets aujourd’hui d’insister encore une fois dessus. La première, c’est que, sur les 12 régions que comptent les structures du parti y compris à l’extérieur, 9 s’affichent aujourd’hui ouvertement contre vous, au même titre que près de ¾ des membres du comité exécutif national, l’instance dirigeante du parti. Même si l’envie vous prenait de sortir le couperet de l’article 8.2, je ne vois pas qui resterait encore avec vous, une fois que vous l’aurez appliqué. Les conséquences d’une telle situation de rejet dans laquelle vous vous trouvez sont nombreuses.
D’abord, vous ne pouvez rien attendre des hordes de mercenaires que vous avez recrutés pour encombrer le comté exécutif national et le shadow cabinet afin de donner l’illusion d’une fonctionnalité normale. Tout simplement parce qu’ils n’ont jamais milité nulle part et sont en grande partie des taupes du parti au pouvoir ou des opportunistes en tout genre à la recherche des positions marchandables. Par conséquent, ils ne connaissent rien du parti, encore moins de son idéologie et de la nature du combat qui est le sien. C’est pour cela que n’ayant aucune base, ils passent tout leur temps à obstruer les médias et les réseaux sociaux pour propager des insanités idéologiques et tenter d’intimider, de corrompre et de faire chanter certains membres du G27 afin de les amener à trahir le combat pour la refondation du parti pour lequel ils sont engagés. En fin de compte, ils ne sont d’aucune utilité au parti, d’autant plus que leurs voix sont aussi inaudibles que des tambours troués.
Il en est de même de votre fuite en avant dans les outrances et les surenchères ethnicistes qu’ils colportent. Elles prouvent que vous êtes vraiment à l’école du régime Biya dont les ennemis que sont le peuple anglophone qui souffre le martyr actuellement, l’ethnie bamiléké le bouc émissaire de toujours et MRC du professeur Maurice Kamto et avec lui toutes les forces de changement qui sont pour l’instant esseulés sur le terrain de la tutte, sont devenus subitement les vôtres. Même si le peuple camerounais, toutes ethnies et religions confondues, n’est plus dupe. Quant à vos fameuses commissions parlementaires que vous comptez envoyer sur le terrain pour installer d’autres mercenaires sous le couvert de coordinations, dont la seule mission sera de recruter des charters pour venir vous voter au congrès, s’il se tient, elles se retrouveront seules, même si elles ne manqueront pas de concocter de long rapports pourtant creux, pour camoufler leur inutilité, comme toutes celles qui depuis des années parcourent en particulier le grand nord a coup de publicité sans jamais rien rapporter de consistant au parti.
Enfin, tout le monde sait déjà que votre opération de transformer le SDF en appendice du RDPC au même titre que l’UPC, l’ANDP et le MDR, est téléguidée de loin par le régime qui, avec son machiavélisme habituel, sait que vous êtes totalement discrédités politiquement et poussés à la mendicité par le tarissement progressif de vos sources de financements habituelles que sont les fonds officiels et les contributions des élus qui ne vont d’ailleurs pas manquer de se tarir dans bientôt avec le départ du sénat l’année prochaine et de l’assemblée national dans deux ans.
Dans le même ordre d’idée, je vous invite une nouvelle fois à tirer les leçons de la mésaventure en Côte-d’Ivoire de notre parti frère le FPI, que des apprentis sorciers, que je ne vous souhaite pas d’y ressembler, se sont emparés de sa coquille vide (abandonnée par le Président Laurent Gbagbo et tous les militants au profit d’un nouveau parti, le PPA-CI), pour aller trahir la cause de la lutte pour la démocratie en contrepartie de quelques prébendes du gouvernement. Malheureusement, l’historique FPI n’est plus aujourd’hui qu’une proie facile que parti au pouvoir, le RHDP avale petit à petit. Un sort identique pour le SDF l’éliminera de l’Histoire ainsi qu’un certain nombre d’entre vous qui y avaient déjà des places durées garanties, effaçant ainsi trente années de luttes glorieuses pour lesquelles de milliers de camerounais ont tout sacrifié.
Pour terminer, je vous rappelle que généralement en politique, la meilleure voie pour résoudre les conflits c’est le dialogue. Il est vrai qu’il ne conduit à la victoire que si on est en position de force. Mais, même en position de faiblesse, c‘est l’unique voie qui limite les dégâts, tout en garantissant une coexistence pacifique entre des clans antagonistes dans l’intérêt de l’ensemble. Par contre l’Histoire nous enseigne que la dictature conduit toujours au suicide, au propre comme au figuré. Je n’ai pas à vous citer un exemple particulier. Tellement ils abondent.
E. FOPOUSSI FOTSO