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[Tribune] Cameroun : Un autre avenir peut-il s’écrire ?

Cyrille Sam Mbaka, président de l’Alliance des forces progressistes (AFP) a commis une réflexion sur sa page Facebook, le lundi 27 novembre 2023, dans lequel, il s’interroge sur l’avenir du Cameroun. L’interrogation de l’homme politique trouve sa justification dans un contexte où les institutions de l’Etat connaissent des problèmes. Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte de l’homme politique.

Sam Mbaka STV

Après 40 ans de règne sans partage, la question se pose avec acuité. Les institutions de l’Etat se fissurent. Le navire commence à prendre l’eau.

Un horizon bouché.

« A l’ombre des grands arbres, rien ne doit pousser ».

Une formule prêtée au Général de Gaulle que s’est appropriée, au Cameroun, le maître du temps et de l’horloge.

Il l’applique et la pratique avec l’enthousiasme des nouveaux convertis. Une réussite totale.

Où sont ses héritiers ? Où sont les candidats putatifs, capables de reprendre le flambeau ?Où sont les figures de proue de ses différents gouvernements ? Aucune tête n’émerge. Beaucoup croupissent à Kodingui. Après moi, le déluge ?

La pensée magique.

Curieusement, les partisans comme les opposants de ce président nonagénaire sont mus par le même espoir. Voir un miracle se réaliser. Au point où nous en sommes, il vaudrait mieux une série de miracles pour nous extraire de la fange.

Pour éviter que ce pays ne sombre, corps et biens.

Pas besoin d’être grand clerc, pas besoin de sortir de l’IRIC, l’Institut des Relations Internationales du Cameroun, pour faire les comptes et surtout les mécomptes. Le tableau est vertigineux.

Prêtez une oreille attentive aux débats qui ont lieu sur les différentes chaînes nationales. Le diagnostic est formel et sévère. Ce pays a touché le fond. Désormais, il creuse.

Evidemment, vous trouverez toujours les partisans de la pensée magique. Ceux qui feignent d’ignorer les conflits qui ensanglantent notre pays. Les zélateurs patentés pour qui tout va bien dans ce beau pays béni des dieux.

Il faut croire que les détournements de deniers publics, la corruption systémique, la gabégie, l’enrichissement illicite, les chantiers qui n’aboutissent pas, les institutions sclérosées, la pauvreté qui galope face à l’insolence des nantis… ne sont que pure légende. Des fadaises.

Les jaloux vont maigrir.

Tout doit changer pour que rien ne change.

A quoi va ressembler le monde d’après ?

Le Cameroun sera-t-il toujours le Cameroun?

Mais quel Cameroun ? Un Cameroun pour quelques-uns ou un Cameroun pour tous les Camerounais.e.s ?

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Ne nous faisons pas d’illusions. Il y a dans ce pays des Camerounais à part entière et des Camerounais entièrement à part.

Ces deux visages s’observent en chiens de faïence. Il y a ceux qui sont à table et qui croquent. Et ceux qui attendent de passer à table, faute de ruissellement. C’est une situation potentiellement explosive. Les attentes sont telles – les frustrations et les impatiences

aussi – qu’il suffirait d’un rien… pour que l’incendie éclate et embrase tout sur son passage.

Les privilégiés du régime auront-ils la lucidité de desserrer l’étau pour donner un peu de respiration à leurs compatriotes ?

Se limiteront-ils à n’écouter que leurs satisfactions primaire, leur égoïsme? Et leurs cupidité.

Après tout, le ciel n’a qu’à se décrocher…

La cécité et l’entêtement borné, la suffisance outrée peuvent précipiter ce pays dans l’abîme. Oubliant au passage qu’il y a des conflits auxquels ceux qui ne participent pas sont les seuls à sortir gagnants.

Le conflit du Noso nous le prouve à suffisance. Il dure et s’éternise alors que les va-t-en-guerre affirmaient à gorge déployée que la situation était sous contrôle. Combien de victimes civiles innocentes faudra-t-il encore ? Combien de militaires devront encore faire le sacrifice suprême pour étancher la soif des profiteurs de cette guerre qui ne dit pas son nom ?

La tentation du néant n’est pas à exclure. Tant de problèmes assaillent notre pays.

Maître du temps et thaumaturge (faiseur de miracles).

Curieusement, tous les regards se portent vers Etoudi.

Le Maître du temps est le seul à même de retourner la table. Le seul capable de réussir cette révolution copernicienne que tous, nous attendons.

Pour entrer de son vivant dans l’Histoire et marquer celle-ci d’une empreinte indélébile, le Président de la République doit réussir sa sortie.

Celui qui fait peut défaire. Le Président de la République répond de la probité de ses collaborateurs, de la fidélité de tous ceux qui l’entourent et de la compétence de ceux qu’il a placés au sommet de l’Etat.

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A ce titre, il doit sanctionner sans que sa main ne tremble ceux qui ont trahi sa confiance.

Le Chef de l’Etat doit pouvoir dire aux Camerounais…

« Je vous ai compris. Vous m’avez permis d’être à votre tête durant de longues années. J’ai bénéficié de votre estime et de votre confiance. En retour, je me dois de vous prouver que je suis à la hauteur de cette charge. Je vais corriger les erreurs du passé, remettre de l’ordre dans les affaires de l’Etat. En profondeur. Réconcilier ce pays avec lui-même. Rendre les Camerounais fiers de leurs dirigeants et de leur pays. Retrouver la confiance qu’ils ont perdue… ».

Evidemment, ce sera un tour de force. Et cela relève des travaux d’Hercule.

Mais à Etoudi, si Jupiter le veut, il peut le faire.

L’heure pourrait être celle d’une réconciliation anticipée. Nous aider à sortir de nos postures individualistes et de nos ego exacerbés.

Les élections présidentielles ne sont pas l’alpha et l’oméga de la vie politique, ni notre horizon. C’est une course à l’échalote où les cartes sont biseautées.

Il y a des urgences plus urgentes. J’appelle ardemment les partis politiques à un sursaut républicain et à un réarmement moral. L’alternative est notre horizon indépassable et non l’alternance. On ne reprend pas les mêmes pour recommencer.

A chacun de faire son examen de conscience pour nous extraire de la torpeur, du découragement et de la lassitude.

Notre pays mérite beaucoup mieux. Nous sommes à la croisée des chemins. Soyons les artisans de notre avenir.

Cyrille Sam MBAKA

Président de l’Alliance des Forces Progressistes (AFP)

 


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