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[Tribune] Cameroun/ Un magma en gestation Panorama des foyers de volcan susceptibles de faire irruption à tout moment

À l’occasion de la célébration de la journée internationale de la paix, Serge Aimé Bikoi, sociologue a commis un texte pour montrer que la situation au Cameroun est marquée par plusieurs foyers de tension susceptibles de déstabiliser la paix sociale. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Bikoi serge aimee

Ce jeudi, 21 septembre 2023, la communauté nationale se joint au reste du monde entier pour célébrer la journée internationale de la paix.  Cet événement a droit de cité dans un contexte où les foyers de tension prolifèrent dans des villes camerounaises et sont susceptibles de fragiliser la paix sociale.

Le premier foyer de tension à même de déstabiliser le Cameroun est la grève des enseignants qui a été relancée le 4 septembre après une suspension en 2022. Cette grève risque, si l’on n’y prend garde, de s’installer dans la durée. Les collectifs Ots(On a trop supporté), Ota(On a trop attendu) et Seca (Syndicat des enseignants du Cameroun et de l’Afrique)sont sur le pied de guerre avec le gouvernement camerounais en dépit des formes d’intimidations des autorités administratives. Les seigneurs de la craie exigent l’application du statut spécial de l’enseignant, dont le contenu est une révision du décret du 5 décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires des corps de l’éducation nationale. La seconde exigence est relative au paiement de la dette due aux enseignants pour toutes les promotions, toutes rubriques confondues.

Le deuxième foyer de tension est celui de la crise sécuritaire qui continue de sévir depuis sept ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces dernières semaines, il y a une recrudescence des attaques des bandes armées criminelles sur des civils, des hommes en tenue, sur des écoles , ainsi que sur des commerces. Les premiers jours de classes ont été, en effet, marqués par les villes mortes ayant entravé le déroulement des activités socio-éducatives. C’est la psychose qui affecte, en ce moment, les agents de la communauté éducative. Quatre personnes ont perdu la vie à la plantation Pamol, le 17 septembre, suite à une attaque des hommes armés. Le troisième foyer de tension est celui des frappes perpétrées par des assaillants de la secte islamiste et terroriste Boko Haram dans la partie septentrionale bien que l’on note, ces derniers temps, une relative accalmie.

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Le 4ème foyer de tension est le mouvement d’humeur des employés du Laboratoire national de génie civil (Labogenie). Depuis le 26 juin, 39 employés continuent de rester campés devant la façade de cette entreprise publique tant ils dénoncent une rupture du dialogue social suite à plusieurs tentatives et relances infructueuses pour nouer la négociation avec le patron. Des personnels decrient un malaise généralisé, un climat social délétère caractérisé par la médisance, le mouchardage, les enregistrements de conversations, le colportage systématique, la surveillance, la suspicion et les affectations disciplinaires y compris celles des délégués de personnel.

Le cinquième foyer de tension est celui des chauffeurs de camions ayant paralysé la circulation hier(mercredi, 20 septembre) à Olembe. Ils ont enclenché un mouvement de protestation contre l’augmentation du prix de la taxe à un montant élevé à plus de 5000 Fcfa. Augmentation imposée aux transporteurs. Le sixième foyer de tension est celui des violences sociales, notamment celle des assassinats des journalistes et, a fortiori, des femmes , dont on dénombre une cinquantaine tuée ces derniers mois. Le dernier cas en date est celui de Suzanne Zamboue, l’épouse de Pascal Zamboue, coordonnateur national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), condamné à sept ans de prison ferme après les marches pacifiques du 22 septembre 2020 organisées par cette formation politique de l’opposition camerounaise.

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Le septième foyer de tension est celui de la menace du ponctionnement de la pension retraite. Des leaders syndicaux ont manifesté leur ras-le-bol et leur opposition au terme d’une réunion organisée par le Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) le 8 septembre. Ils désapprouvent le projet de réforme de la fiscalisation de la pension retraite qui, disent-ils, est « illégal, inopportun et inhumain ». Des syndicalistes mettent, d’ailleurs, en garde le gouvernement camerounais contre tout prélèvement qui s’attaquerait au pouvoir d’achat des retraités déjà faible du 3ème âge. Ils clament qu’il s’agira là d’une volonté délibérée de menacer la paix sociale si chère au pouvoir de Yaoundé.

Serge Aimé Bikoi

 


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