L’ordre gouvernant actuel est incompétent pour résoudre les problèmes auxquels notre pays est confronté. Aucune démonstration n’est plus nécessaire aujourd’hui pour le prouver ! Il est limité par une absence totale de vision, une faible programmation et une gouvernance hasardeuse. Il est gangrené par une corruption systémique et systématique, un clientélisme barbare, un népotisme et un tribalisme sauvages.
Pour ne rien arranger, il est épuisé tant par une floraison d’attaques venant de l’extérieur, que par une multitude de luttes intestines des factions qui se disputent le contrôle du pouvoir, de ses institutions et de ses rentes, sur fond de transition au sommet de l’Etat.
Empêtré dans une multitude de crises d’ordre sécuritaire, économique, politique, culturel et social qui paralysent toutes ses capacités d’anticipation et d’intervention, la situation du Cameroun est condamnée à empirer dans les jours, les semaines et les mois à venir.
À court terme le régime ne tombera pas ! Il lui reste suffisamment de forces immatérielles, de ressources intellectuelles, stratégiques, sécuritaires, politiques, diplomatiques et économiques pour tenir la barque encore plusieurs mois, résister et maintenir une sorte de statuquo, à moins évidemment qu’advienne, comme cela est toujours possible, un choc systémique interne inattendu de forte amplitude, déjouant ainsi tous les schémas initiaux de transition envisagés jusqu’ici.
En dehors d’une telle perspective, aux fins de prolonger son long règne et sa lente agonie, et aménager une petite respiration qui lui fasse gagner du temps, le régime en place est obligé d’opérer une ouverture stratégique de l’ordre de 30 à 40 % au moins en direction du secteur privé et de la diaspora.
Une opposition impuissante et segmentée
Malheureusement l’opposition politique de partis, dans sa globalité, n’offre aucune alternative crédible et consistante. Celle-ci est segmentée en trois (03) castes rigides, toutes autistes, qui ne se parlent que par invectives, injures et jurons, et qui pensent toutes et chacune détenir la solution pour un changement de régime et de système :
1- Une « vielle opposition », lessivée par au moins trois (03) décennies de luttes politiques et de combats homériques, et qui soliloque à l’ombre de ses victoires d’antan, ses vielles recettes devenues inopérantes, sans aucune capacité de se renouveler et d’innover ;
2- Une « opposition ambitieuse et jusqu’au-boutiste », intelligente mais pas sage du tout, indocile et téméraire mais sans aucune flexibilité, qui confond dès lors vitesse et précipitation, confond détermination, radicalisme et enfermement partisan, mâtiné d’intolérance, de sectarisme et d’exclusion ;
3- Une « opposition du biberon », pleine d’énergie et d’inventivité, mais emmurée dans ses sottes prétentions et un orgueil naïf, qui prend son agitation pour de la vitalité, et qui confond les prémisses de ses combats aux fruits de la victoire.
La seule chance pour l’opposition de partis pour compter dans la transition actuelle et de peser sur le futur du Cameroun est de s’allier autour d’une figure de consensus et d’un projet commun de société et de gouvernement !
C’est la seule et unique voie, le reste n’est qu’illusion et diversion !!!
Aujourd’hui l’avenir
L’avenir du Cameroun de manière générale réside dans la vitale respiration qu’apportera la nécessaire transition au sommet de l’Etat, en termes, premièrement de changement de pouvoir (court terme), deuxièmement de changement de régime politico-institutionnel et économique (moyen terme), troisièmement de changement de système (long terme, car il s’agit de décolonisation et de victoire sur la France, ce qui ne peut advenir avant une voire deux (02) décennies au moins).
Le Président de la République actuel, S.E. Monsieur Paul BIYA a fait son temps, et avec le temps que Dieu lui a donné il a fait ce qu’il a pu, humainement ! Il a connu de grandes victoires et subit son lot de défaites. Il y’a dans son bilan des acquis importants qui peuvent constituer des sillons fertiles pour cultiver des lendemains meilleurs ! Mais il n’est plus de cette époque, de notre temps, qui a besoin d’énergie, d’inventivité, d’innovation et d’ingénierie, de coordination, de compromis et de consensus, de robustesse et de vitesse, tant les problèmes sont à la fois urgents et cruciaux, déterminants et capitaux !
Mais que l’on soit pro-régime, des oppositions (opposition des partis politiques et opposition non-partisane) ou de la société dite civile dans son sens le plus large, sans une coalition de vaste portée des forces de changement (qui se retrouvent incontestablement dans chacun des groupe cités), il n’y aura aucune alternative crédible au régime et au système actuels.
Aucun « camp », au jour d’aujourd’hui, ne propose à lui seul une solution globale crédible ! Aucun !!!
Les pierres d’une refondation
Le principal atout du Cameroun reste sa jeunesse, une jeunesse conquérante et avide de changement, globalement bien formée, qui monte en régime et en compétence (savoir, savoir-faire, faire savoir et savoir-être) tous les jours à l’intérieur de nos frontières comme dans nos diasporas, dans le secteur public comme dans le privé ; une jeunesse qui ouvre d’heureuses perspectives et revitalise à elle seule des secteurs politiques, économiques et socioculturels clés de notre pays.
Et quels que soient le régime juridico-politique et le système institutionnel projetés, ceux-ci devront prendre ancrage sur trois (03) éléments essentiels au moins, pour convaincre et emporter l’adhésion des camerounais :
1- un ancrage identitaire et culturel fort, mettant au cœur de l’ingénierie des solutions notre biculturalisme (anglophone/francophone), notre multiculturalisme régional et notre bi-juridisme (commun law/droit romain) ;
2- une ouverture et une intégration fondamentale des femmes et des jeunes de nos diasporas et du secteur privé local pour une plus grande respiration et unité du pays, et une plus forte capacité d’invention, d’ingénierie et de production ;
3- une logique systémique et systématique d’inclusion nationale, régionale et locale, pour une plus grande cohésion sociale et une meilleure concorde républicaine, ce qui nous fait terriblement défaut aujourd’hui !