Dans une tribune publiée sur Facebook le jeudi 13 août 2020, l’Etudiant Chercheur en philosophie politique et éthique parle de la guerre dans le NOSO. Il ressort le discours incohérent des camerounais sur la marche du pays. Quand il s’agit de la crise anglophone, certains camerounais rappellent d’une part que nous sommes dans l’Etat unitaire et d’autre part que les ressources anglophones doivent être au bénéfice des populations des deux régions anglophones. Lorsque le problème de la Vallée du Ntem s’est posé, des camerounais ont vite faire de dire que cette région appartient aux Ekangs, oubliant ainsi que le Cameroun est un Etat unitaire. Ce discours incohérent et ambigu est à l’origine de la résurgence de la crise anglophone.
GUERRE DANS LE NOSO ET DECAPITATION DE FEMMES. PREMIERE PARTIE.
De la majorité des camerounais, Dieudonné Essomba reste le plus cohérent. Dieudonné Essomba n’a jamais soutenu l’idée d’un État unitaire, un État centralisé, depuis le début de la crise. Il a toujours soutenu l’idée d’un État fédéral avec un ou plusieurs États fédérés afin de donner à « chaque communauté » une certaine autonomie. C’est pourquoi sa position dans l’affaire de la vallée du Ntem n’est pas du tribalisme. Il a toujours pensé que chacun devrait se développer chez lui avec les ressources qu’il a à sa disposition.
Il n’est pas question pour moi de dire si je suis d’accord ou pas avec lui, mais de montrer qu’il a été le seul à rester cohérent puisqu’il a toujours plaidé en faveur des communautés qu’elles soient anglophone, Ekang….
Par contre, plusieurs défenseurs de l’État unitaire qui rappelaient aux anglophones que nous sommes dans une République n’ont pas attendu que le cop chante trois fois, pour faire savoir aux anglophones que les Lois de la République ne s’appliquent pas à tous. Dans le NOSO, ils ont chanté « force revient à la loi » ; ils ont dit que le territoire appartient à l’État surtout que non seulement l’armée camerounaise y a sacrifié ses soldats, mais aussi, l’État du Cameroun est passé par des juridictions internationales pour que Bakassi redevienne camerounais.
Dans l’affaire de la vallée du Ntem par exemple, les mêmes ont rappelé qu’on ne peut pas cultiver le cacao dans le Ntem pour développer l’ouest (position de Dieudonné Essomba aussi sauf qu’il est cohérent). Les mêmes ont demandé au promoteur de ce projet d’aller le faire dans sa région et que cette région appartient aux Ekangs.
Il n’est pas question pour moi de dire qu’ils ont raison ou qu’ils ont tort. Il est simplement question de relever leurs incohérences. Leurs discours amènent justement les anglophones à se conforter dans leurs positions.
En effet, les anglophones ont toujours pensé que c’est avec leurs ressources qu’on construit le Cameroun, ils ont toujours pensé que c’est avec leurs ressources que les ministres et autres deviennent milliardaires pendant qu’ils n’ont rien. Ils ont compris que leurs deux régions deviendraient un eldorado si ces ressources étaient utilisées pour développer la » communauté anglophone ». Comment pouvez-vous ne pas soutenir les anglophones dans leur position et soutenir que les ressources de la vallée du Ntem appartiennent exclusivement aux Ekangs?
C’est un discours qui radicalise les anglophones et donne raison aux sécessionnistes qui pensent que l’État unitaire est un mensonge, une tromperie, un prétexte pour les dépouiller de leurs biens et les redistribuer aux francophones. Si ce qui est « chez eux » appartient à l’État (l’État c’est tout le monde), alors pourquoi ce qui est dans la vallée du Ntem appartient aux autochtones ?
Il faut rester cohérent. Soit vous faites comme Dieudonné Essomba en soutenant que les ressources des anglophones leur appartiennent et qu’on doit passer à la fédération afin que chaque communauté bénéficie elle-même de ses ressources; soit vous soutenez l’État unitaire et évitez de tout ramener à la communauté.
Je me résume: certains discours sont nocifs pour la résolution de la crise anglophone. Certains discours radicalisent les anglophones et donnent raison aux sécessionnistes. Nous semblons ne pas nous en rendre compte: ce que revendiquent les uns et les autres aujourd’hui, n’est pas différent de ce que réclamaient les anglophones. Seulement, nous le faisons en condamnant les anglophones, nous le faisons en appelant l’armée à ratisser dans la zone anglophone, nous le faisons en disant qu’ils ont tort. Soyons cohérent, soit nous réclamons la parenté de nos ressources en donnant raison aux anglophones, soit nous condamnons toute forme de nombrilisme en faisant de l’État la volonté du peuple, seul Souverain. Les plus gros partisans de la sécession s’ignorent. Ils ignorent que soutenir que les ressources de chaque communauté appartiennent à cette communauté alors qu’ils s’opposent aux anglophones qui désirent administrer eux-mêmes leurs biens, c’est dire aux anglophones qu’ils sont « bêtes » et par conséquent, les pousser à se radicaliser et à demander la sécession.
NB: comme je nous connais, je ne dis pas que le problème foncier ne devrait pas se poser dans la vallée du Ntem, nous avons tous remarqué des irrégularités dans la procédure. Le problème demeurerait si le promoteur était Ekang peut-être. D’ailleurs, il s’est posé le même problème dans le Nde et c’est un patriarche du Nde qui s’est vu refuser l’exploitation des terres. Ce que je condamne c’est le discours qui fait croire que chaque communauté est propriétaire de ses ressources alors qu’on demande à l’État de tuer s’il le faut dans le NOSO pour sauvegarder l’unité nationale. Soit on admet que chaque communauté est propriétaire de ses richesses et on soutient les anglophones (et non les sécessionnistes), soit on admet que toutes les ressources appartiennent à l’État qui est l’expression de la volonté du peuple Souverain.
OSCAR NJIKI