Le professeur d’université en Belgique a publié une tribune dans laquelle il s’insurge contre l’absence de patriotisme de certains camerounais lorsque les Lions A’ jouent.
Rien n’est plus fort que l’amour qu’on éprouve pour son pays malgré ses ratés, ses problèmes et ses carences.
Rien n’est au-dessus de ce petit quelque chose qui nous prend aux tripes, nous rappelle nos racines et nous baigne de la sève de la terre qui nous enfanta.
Rien n’est plus beau que de se sentir une affinité viscérale avec ces garçons qui, même sans grands talents, se battent corps et âmes pour faire honneur à notre drapeau : vert-rouge-jaune
Rien n’est aussi gratifiant que de se vêtir en vainqueur ne serait-ce que pendant une semaine, un jour, une heure, le temps d’un match ou un instant…
Rien n’est autant vivifiant et revivifiant qu’un Mont Fako en danse, qu’un Wouri en trémolos, qu’une Sanaga en furie de bonheur aux pieds des Grass Fields en transe de joie et des pygmées baka en mode nirvana après un but des Lions.
Les Lions indomptables A’ participent à un tournoi, nous devons en être les supporteurs les plus ardents, les plus convaincus et les plus naturels.
Hélas, le Cameroun voit naître une nouvelle espèce de Camerounais, une nouvelle espèce de citoyens qui n’existe nulle part ailleurs.
Une espèce de Camerounais qui traînent désormais une infirmité patriotique, celle de ne plus aimer leur pays pour rien alors que le patriotisme c’est exactement cela, être capable d’aimer son pays pour rien. Le patriotisme n’est pas une monnaie d’échange, c’est une énergie amoureuse naturelle, irrépressible.
Lorsque la Chine fut attaquée dans les années 1930 par le Japon, le révolutionnaire Mao Zédong et le nationaliste Tchan Kaï Tcheck, pourtant en guerre civile, firent la paix et combattirent ensemble le Japon jusqu’à la victoire chinoise.
Pour combattre le Nazisme, communistes et capitalistes, adversaires idéologiques depuis toujours, firent alliance pour combattre l’hégémonie hitlérienne.
Lorsque des pays sont en guerre ou subissent des attaques terroristes, pouvoir et opposition construisent une union sacrée derrière leurs forces de défense.
Des citoyens normaux savent donc, à travers le monde et l’histoire, faire la différence entre l’essentiel et l’accessoire, entre l’important et le superflu, entre l’épiphénomène et le phénomène, entre les choses sans lesquelles ils n’existeraient plus, et celles sans lesquelles ils seraient toujours en vie comme civilisation.
Au Cameroun, ce discernement qui nous distingue des animaux a disparu chez plusieurs. Ceux qui ont vu leurs espoirs politiques déçus, ceux qui n’ont pas réussi à hisser leur champion à la tête de l’Etat, ceux qui haïssent le régime pour des raisons multiples et diverses, se transforment en Camerounais ennemis du Cameroun en souhaitant ardemment et ouvertement que le pays soit détruit, qu’il sombre dans la guerre, que des joueurs soient tués dans des attentats et que les Lions Indomptables A’ perdent tous leurs matchs.
Voilà donc ce que la politique sans conscience et sans discernement fait du berceau de nos ancêtres.
Voilà ce qu’elle fait des esprits sans jugeotte. Voilà comment, culs par-dessus tête, des citoyens Camerounais rêvent désormais leurs pays.
Que peut-on espérer de bon pour le Cameroun de demain à partir des cœurs et des cerveaux aussi remplis de fiel, de haine et de ressentiments ? Absolument rien car un cerveau a besoin de liberté et non de fanatisme pour penser le Cameroun de demain, et un cœur rabat-joie ne peut être le lieu d’incubation d’une émancipation qui rend les autres heureux.
Quelle honte !
Tout ça pour la politique ?
Quelle misère !
Tout ceci pour le pouvoir ?
Quelle régression !
Est-ce ainsi que l’aigreur rend l’esprit obtus ?
Quelle connerie !
Les Lions Indomptables deviendront votre équipe uniquement lorsque vous serez au pouvoir ?
Thierry AMOUGOU